DES DOSES DIFFICILES À TROUVER
Quand on veut faire de la recherche sur des drogues illégales, il faut s’armer de patience. Gabriella Gobbi, professeure à l’Université McGill, peut en témoigner. Dans son laboratoire, elle donne de petites doses quotidiennes de LSD à des souris pour voir comment cela influe sur leur comportement. Pour l’obtenir, elle a dû patienter deux ans, après moult demandes à l’Université, à Santé Canada, puis une commande en Europe. La substance est conservée dans des frigos verrouillés, dans une salle elle-même fermée à clé.
La professeure a constaté qu’au bout de sept jours les souris ayant reçu le LSD devenaient plus sociables et moins craintives. Elle entamera prochainement une étude sur le comportement humain avec des volontaires sains, mais elle déplore le fait que la recherche sur ces substances soit si compliquée.
David Nutt, au Royaume-Uni, se heurte aux mêmes difficultés. Il a commencé à utiliser la psilocybine et le LSD pour comprendre les mécanismes des hallucinations en 2005, avant de percevoir leur potentiel thérapeutique. « Trouver un fournisseur de LSD ou de MDMA est très difficile, car il n’y a pas d’industrie pharmaceutique qui en produit, dit-il. Pour la psilocybine, c’est un peu plus facile depuis que deux compagnies américaines proposent des doses standardisées. » Dans tous les cas, rien n’est inaccessible à un internaute un peu débrouillard. Au Canada, l’entreprise New Leaf, qui commercialise du cannabis, se prépare elle aussi, avec sa branche Psirenity, à produire de la psilocybine issue de champignons pour être prête si le produit est approuvé ou dépénalisé (l’Oregon, par exemple, l’a légalisé en 2020). L’usine de production de Psirenity est située en Jamaïque, où la psilocybine est légale. L’entreprise attend une autorisation de Santé Canada pour bâtir un centre de production et de recherche dans le sud de l’Ontario.