Y A-T-IL UN QUATRIÈME LARRON ?
Le trio de neutrinos serait-il plutôt un quatuor ? Depuis des années, les chercheurs tentent de mettre en évidence une quatrième sorte de neutrinos, dits « stériles », car ils n’interagiraient pas avec la matière et ne seraient sensibles qu’à la gravitation. Ils pourraient notamment expliquer, selon certaines théories, la matière noire. Ce sont des indices relevés dans des expériences avec des faisceaux de neutrinos sur de courtes distances (moins de 500 m) qui ont mis les scientifiques sur leur piste dans les années 1990. En mesurant un flux de neutrinos muoniques qui vient d’être généré, ce qui ne laisse pas le temps à l’oscillation normale de se produire, des expériences ont mis au jour des neutrinos électroniques. Or, si jamais il existait une quatrième saveur, le taux d’oscillation pourrait être plus élevé (c’est ce qu’indique une bête équation mathématique), et certains des neutrinos muoniques auraient eu le temps de se métamorphoser en électroniques et de fausser les mesures. Mais les résultats les plus récents de l’expérience MicroBooNE, au Fermilab, annoncés fin octobre 2021, sont plutôt décevants. « Aucun excès de neutrinos électroniques n’a été observé, ce qui rend l’hypothèse des neutrinos stériles un peu plus complexe encore », analyse Roxanne Guénette, qui a longtemps travaillé sur cette expérience.