Et si l’optimisme était permis ?
Commencer l’année du bon pied n’est pas chose facile dans un contexte environnemental et climatique plutôt crispé. Chaque année qui passe apporte son lot de nouvelles crève-coeurs… et 2021 n’y a pas fait exception. Mais au lieu de sombrer dans le désespoir, allons-y avec quelques bons coups. 1. Le bas de laine des Québécois devient plus vert. La Caisse de dépôt et placement du Québec s’est engagée à tourner le dos aux énergies fossiles d’ici la fin de 2022 en délaissant ses actifs pétroliers et en cessant d’investir dans la construction de nouveaux oléoducs. Même si elle continuera d’investir dans le secteur gazier, il s’agit d’un grand pas en avant.
2. Hydro-Québec alimentera un million de foyers américains. Dès 2025 et pendant 25 ans, la société d’État fournira l’État de New York en hydroélectricité et réduira ainsi les émissions locales de gaz à effet de serre (GES) de près de quatre millions de tonnes de carbone annuellement, ce qui équivaudra à retirer 44 % des voitures des rues de la Grosse Pomme .
3. La fin des hydrocarbures au Québec ! À son discours d’ouverture de la session parlementaire en octobre dernier, le gouvernement du Québec a confirmé qu’il renonçait définitivement à extraire des hydrocarbures de son territoire. Voilà un legs qui sera sans doute apprécié par les générations futures.
4. Mieux vaut tard que jamais… Parmi les promesses phares du nouveau gouvernement fédéral se trouvent le plafonnement des émissions de GES du secteur pétrolier et la fin des subventions au secteur fossile dès 2023 plutôt que 2025. Si les bottines suivent les babines, ce serait là des gestes fort significatifs !
5. Steven Guilbeault, environnementaliste de longue date, a accédé au poste que plusieurs espéraient le voir occuper dès son entrée en politique fédérale : ministre de l’Environnement et du Changement climatique. Si certains demeurent dubitatifs quant à cette nomination, j’y vois plutôt une bonne nouvelle. Mais il va sans dire que les attentes sont proportionnelles à l’espoir fondé sur la personne.
6. L’adaptation aux changements climatiques, c’est l’affaire de tous ! Aux États-Unis, un nouveau plan exigera que 20 agences gouvernementales incorporent cette adaptation à leurs fonctions et processus décisionnels. Un pas important pour une nation grandement affectée par les évènements météorologiques extrêmes.
7. Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a reconnu en octobre dernier que « disposer d’un environnement propre, sain et durable est un droit de la personne », une première ! Espérons que cette reconnaissance contribue à accroître notre ambition quant à la protection de notre environnement.
8. Si vous avez lu Kukum de Michel Jean, vous aurez été transporté le long de la rivière Péribonka, au Saguenay, et saisi par la transformation délétère de ce territoire. Son avenir s’annonce un peu plus lumineux : les coupes forestières que Québec y avait ordonnées ont été annulées et une aire protégée sera créée.
9. Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, la forêt tropicale de Daintree, en Australie, est reconnue pour la richesse de sa biodiversité et sa longévité, soit 180 millions d’années. Sa gouvernance a été rendue à ses gardiens ancestraux, les Kuku Yalanji. Un acte qui reconnaît du même coup l’une des plus vieilles cultures humaines toujours vivantes.
10. À Kunming, en Chine, s’est tenue la COP15, un important sommet onusien sur la biodiversité. Des dirigeants de la planète s’y sont engagés à parvenir à un accord ambitieux afin de préserver la nature, en plus d’adopter le concept de « civilisation écologique », marquant la nécessité d’une coexistence harmonieuse entre l’humain et la nature. Si l’intention est là, les négociations se poursuivront dans les prochains mois. À suivre.
11. Si la COP26 n’a pas su répondre aux multiples attentes, le pacte de Glasgow pour le climat qui en résulte contient tout de même quelques avancées : établissement de règles de fonctionnement d’un marché mondial du carbone ; fin des subventions internationales aux énergies fossiles ; réduction d’au moins 30 % d’ici 2030 des émissions mondiales de méthane… Espérons seulement que ce ne sera pas encore du « blablabla ».
12. Dans un article qu’a fait paraître l’Annual Review of Marine Science, la biologiste Nancy Knowlton a rappelé l’importance d’insister sur ce qui fonctionne bien dans nos efforts de protection des écosystèmes marins, plutôt que de constamment soulever ce qui ne fonctionne pas. Oui, on arrive à réduire la pollution à certains endroits. Oui, on parvient à protéger certaines espèces. Ces bons coups permettent d’entrevoir les solutions possibles.
J’aimerais donc terminer en parlant d’optimisme, sans tomber dans la naïveté. L’automne passé, Caroline Brouillette, directrice des politiques nationales à Réseau Action climat Canada, a publié une réflexion dans laquelle elle traduisait en un mot la ténacité dont plusieurs font preuve devant « l’incertitude et l’adversité » environnementales ambiantes : le courage. Voilà qui, je crois, résume bien la façon de transformer l’optimisme en action : en ayant le courage de ne pas baisser la garde et en multipliant les efforts porteurs de changement ! Les opinions exprimées dans cette chronique n’engagent que leur auteur.