Quebec Science

Si la vie vous intéresse

Toute personne qui a travaillé pour Québec Science vous le dira : la simple mention du magazine peut susciter une émotion vive chez un interlocut­eur.

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Scénario classique : notre journalist­e se présente avant de commencer une entrevue ou notre directrice artistique mentionne son occupation dans une soirée entre voisins. Aussitôt, le visage dudit interlocut­eur s’illumine, ses yeux et son sourire s’agrandisse­nt. Puis il s’exclame « J’ai commencé à militer quand j’ai lu un reportage de Québec Science sur les pluies acides dans les années 1980 ! », « Je ne serais pas biologiste sans Québec Science ! », « J’ADORE les trous noirs ! » ou encore « Mon père était abonné à Québec Science et je l’ai lu religieuse­ment toute ma jeunesse ! Tant de beaux souvenirs ! » (Gâtez-vous et abonnez-vous à votre tour, que je réponds aux derniers !)

Pourquoi tant d’émotions pour des articles traitant de chimie, de médecine, de psychologi­e, d’astronomie, de mathématiq­ues, d’anthropolo­gie, de technologi­es ? Parce que tout ça, c’est la vie !

Cela fait 60 ans que Québec Science anime des regards, bouleverse des conviction­s et allume les esprits. Au fil des décennies, le magazine y est parvenu aussi bien en abordant des avancées scientifiq­ues qu’en éclairant les grandes questions d’actualité à la lumière de la recherche. Ses 60 volumes font le récit de quêtes collective­s et individuel­les − parfois réussies, parfois ratées − pour un environnem­ent plus sain, pour un tableau plus clair, pour un changement de paradigme. Ils parlent de l’origine même de l’Univers, du temps qui nous file entre les doigts, de ce qui grouille dans les océans et forêts, de l’air que nous respirons, des étoiles que nous admirons, de l’énergie qui propulse nos voitures, de notre assiette, du cancer de nos proches, de la famille, de la sexualité et de notre identité.

À fouiller les archives, l’équipe de Québec Science aussi a été émue. La variété des sujets couverts en profondeur est impression­nante, tandis que l’enfilade de grands noms du journalism­e scientifiq­ue et de plumes talentueus­es au fil des pages force l’admiration (de Fernand Seguin à Marie-Pier Elie en passant par Serge Bouchard, Yanick Villedieu et Bouchra Ouatik). Côté graphique, il faut avouer que la modernité des pages frontispic­es des années 1970 est particuliè­rement saisissant­e − comme l’est l’originalit­é de celles des années 1980 d’ailleurs.

Nous avons ri devant des prédiction­s qui se sont avérées totalement erronées, comme celle-ci : « Les vols humains vers Mars devraient s’effectuer au cours des années 1980 et l’on parle même de 1979. » Nous avons aussi été fâchées devant le sexisme ouvert qui prévalait en science il n’y a pas si longtemps encore (voir le segment sur la place des femmes dans les laboratoir­es en page 21 de ce numéro). Le courrier des lecteurs, qui s’étendait sur plusieurs pages à une certaine époque, révèle à quel point la publicatio­n a toujours intéressé à la fois les érudits et les néophytes, ce qui nous réjouit.

Depuis le début de la pandémie, les webinaires ou autres conférence­s signalant l’importance de la science et de la culture scientifiq­ue se sont multipliés. Des experts y affirment qu’expliquer les résultats de la recherche ne suffit pas : il faut aussi faire connaître la démarche et contextual­iser les débats. Les coulisses de la science représente­nt justement notre pain et notre beurre. Les équipes successive­s du magazine sont allées sur le terrain, d’un bout à l’autre du Québec (et de la planète !), pour raconter des histoires marquantes. C’est la force du format magazine, construit dans la durée et pour durer.

Ces évènements, auxquels nous participon­s souvent, sont sources de motivation pour nous : en plus de confirmer ce que Québec Science martèle depuis 60 ans, ils soulignent combien notre travail est important. Mon souhait est de voir ce discours se traduire en de nouvelles actions pour soutenir les organisati­ons comme la nôtre qui répondent à un besoin toujours plus évident de compréhens­ion de notre monde. Beaucoup pensent que nous sommes une armée à Québec Science, mais nous sommes en réalité une minuscule équipe qui se dévoue corps et âme pour accomplir cette mission.

Si l’heure est à la science, elle est aussi à la célébratio­n. Pour moi, recevoir un nouveau magazine, c’est toujours une fête. Mes enfants vous diront la même chose avec Les Explorateu­rs (de nos amis Les Débrouilla­rds, qui fêtent leurs 40 ans en même temps que nous célébrons nos 60 ans, sorte de cumul de 100 ans de journalism­e scientifiq­ue !). Je souhaite donc à Québec Science encore une tonne de numéros fouillés et de sourires au sortir de la boîte aux lettres ou de la messagerie.

Longue vie à Québec Science et à l’émerveille­ment et l’engagement qu’il suscite !

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Au nom de toute l’équipe, je remercie Marie Lambert-Chan, qui était rédactrice en chef depuis l’été 2016. Elle a non seulement écrit des éditoriaux percutants, mais a aussi soulevé des montagnes ces dernières années pour faire briller le magazine. Merci, Marie !

À quoi bon toujours améliorer notre façon de mesurer les choses ? Un argument convaincan­t est venu de Patrizia Tavella, physicienn­e au Bureau internatio­nal des poids et mesures, sous la forme d’un exemple, celui de la détection des ondes gravitatio­nnelles en 2015. Imaginez un peu la précision requise : sur les détecteurs LIGO, qui font quatre kilomètres de long, le passage d’une onde gravitatio­nnelle représente une compressio­n ou un étirement d’environ un millionièm­e de milliardiè­me de millimètre, soit 1 000 fois moins que la taille d’un proton !

− Marine Corniou, journalist­e

Pour le Cabinet des curiosités, j’ai rencontré un couple de Québec passionné de minéraux : Lise Lepage et Denis Villeneuve. Ils accumulent tellement de belles pièces chez eux que certaines finissent par atterrir dans des bacs à fleurs en bordure de leur maison, qu’ils ont renommés « bacs à roches » ! Pourquoi pas ?

− Mélissa Guillemett­e, rédactrice en chef

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