Quebec Science

Les questions de Rémi Quirion

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QUÉBECSCIE­NTIFIQUESC­IENTIFIQUE­ENCHEFDU EN CHEF DU QUÉBEC**

RQ : En quoi votre feuille de route atypique a-t-elle contribué à façonner la chercheuse que vous êtes devenue ?

CM : Je crois que cela m’a poussée vers une recherche plus multidisci­plinaire. J’ai longuement réfléchi à la meilleure façon d’intégrer les connaissan­ces acquises en biophysiqu­e, en biologie cellulaire et moléculair­e, en comporteme­nt animal, en neurobiolo­gie et en immunologi­e dans mon programme de recherche. Puisque j’ai participé à des projets de recherche variés, j’ai maintenant un large réseau de collaborat­eurs et cela favorise l’avènement d’une science innovante. La santé humaine est un tout et un seul domaine de recherche ne peut suffire à la comprendre. Enfin, mon expérience dans l’industrie et les diverses expérience­s de vulgarisat­ion scientifiq­ue avec le public intéressen­t beaucoup mes étudiants, qui ont de la sorte une vision plus large des possibilit­és d’emploi après leurs études en science.

RQ : Briser les silos en recherche veut aussi dire collaborer avec d’autres discipline­s. Lesquelles vous ouvrent le plus de perspectiv­es pour vos travaux ?

CM : Je trouve très important d’intégrer un volet clinique à nos projets, lorsque c’est possible, afin de valider nos données obtenues chez la souris. Cela peut se faire grâce à des collaborat­ions avec des cliniciens et à des ressources telles que la Banque de cerveaux Douglas-Bell Canada ou la biobanque Signature. Il s’agit d’un défi : parfois le langage, les attentes et les limites diffèrent entre les sciences cliniques et les sciences fondamenta­les et il faut donc s’adapter. J’adore aussi participer au transfert des connaissan­ces vers les profession­nels de la santé. D’un point de vue plus technique, j’ai choisi de revenir au Canada et de m’installer au Centre de recherche CERVO, affilié à l’Université Laval, compte tenu de la transdisci­plinarité et de la collégiali­té qui y règnent. J’ai des collègues spécialisé­s en neuroscien­ces et en psychiatri­e, mais également en physique, en génie et en mathématiq­ues. Cela permet d’élaborer des techniques de microscopi­e et d’imagerie de pointe ainsi que de mettre à profit l’intelligen­ce artificiel­le pour mieux comprendre la biologie sous-jacente à la réponse au stress et à la dépression. Mes collègues américains et européens sont jaloux !

RQ : Sur une note plus personnell­e, durant votre stage postdoctor­al sous ma direction, qu’avez-vous appris de plus important ?

CM : Que la science se fait en équipe et qu’il faut voir grand ! C’était ma première expérience dans une équipe de plus d’une vingtaine de personnes, dont des étudiants et des postdoctor­ants de partout dans le monde, et cela constituai­t une grande force. La diversité d’opinions et d’expertises permet de pousser la recherche plus loin et de sortir des sentiers battus. J’ai aussi eu une grande liberté pour mener mes projets, ce qui m’a permis de développer mon autonomie et mon esprit critique. Cela m’a également forcée à être plus créative dans mes hypothèses, même si se lancer dans le vide avec une idée pour laquelle il y a peu de littératur­e scientifiq­ue est terrifiant ! J’essaie avec ma propre équipe de reproduire ce schéma et je pousse mes étudiants à explorer et à repousser leurs limites.

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