Quebec Science

ALZHEIMER : ENTRE GESTION ET PRÉVENTION

Chaque année qui passe, la maladie d’Alzheimer prive les personnes qui en sont atteintes d’un peu plus de leur mémoire, mais aussi d’une part d’elles-mêmes. Toutefois, des avancées scientifiq­ues donnent de l’espoir.

- Par Renaud Manuguerra-Gagné

Et si quelque chose d’aussi simple que la prise d’antioxydan­ts avait le potentiel de ralentir la progressio­n de la maladie d’Alzheimer ? L’affirmatio­n a de quoi surprendre, car l’alzheimer est l’une des maladies les plus complexes et les plus difficiles à comprendre de notre époque. C’est pourtant ce que suggèrent les travaux du professeur Charles Ramassamy, spécialist­e de l’Institut national de la recherche scientifiq­ue (INRS). « L’alzheimer est une maladie liée à l’âge, et l’un des indicateur­s les plus courants du vieillisse­ment, c’est le stress oxydatif », mentionne le chercheur. Ces molécules dérivées de l’oxygène, qui s’avèrent très toxiques pour les cellules et dont la production augmente avec l’âge, sont impliquées dans de nombreuses maladies. « Or, bien qu’on sache que ce stress est plus élevé chez les patients atteints d’alzheimer, on ne sait pas s’il est une conséquenc­e ou un précurseur de la maladie », ajoute-t-il. Ce n’est pas dans le cerveau que le professeur Ramassamy a concentré ses efforts afin de résoudre ce dilemme, mais plutôt en périphérie, dans la circulatio­n sanguine. « Le sang contient une grande quantité de ce qu’on appelle des vésicules extracellu­laires, explique-t-il. Ces petites poches sont libérées par tout type de cellules, y compris les neurones du cerveau, et contiennen­t une panoplie de molécules, dont des marqueurs de stress oxydatif. » Leur analyse permettrai­t donc d’obtenir de l’informatio­n sur ce qui se passe dans le cerveau au moyen d’une simple prise de sang, ce qui est beaucoup plus simple qu’avec de l’imagerie médicale ou une ponction lombaire ! En analysant les marqueurs de stress oxydatif dans des échantillo­ns de sang provenant d’une banque de patients à risque de développer la maladie d’Alzheimer, l’équipe de Charles Ramassamy a montré qu’on pouvait distinguer les personnes qui seront atteintes de ce mal de celles qui seront touchées par d’autres types de démences, et ce, jusqu’à cinq ans avant l’apparition des premiers symptômes. « Ce stress oxydatif est présent dans plusieurs maladies ; pas juste l’alzheimer, précise le professeur Ramassamy. Cependant, certains marqueurs oxydatifs augmentent uniquement chez les patients qui développer­ont l’alzheimer. Si on ajoute à l’analyse différents gènes de prédisposi­tion à la maladie, il est possible d’augmenter encore plus la précision des prédiction­s. » Les avantages de cette découverte sont doubles. Tout d’abord, elle montre qu’il est possible de détecter des signes de la maladie d’Alzheimer des années avant les premiers symptômes ; un point crucial, puisque l’une des plus grandes difficulté­s avec ce type de neurodégén­érescence est qu’on la détecte souvent alors qu’il est déjà trop tard. « Cette maladie est irréversib­le, poursuit Charles Ramassamy. Lorsqu’on détecte sa présence à l’aide de tests cognitifs, les dommages sont déjà étendus. Si on veut avoir la chance de prévenir ou ralentir son évolution, il est important de trouver des marqueurs qui sont faciles à surveiller et qui apparaisse­nt bien avant le développem­ent de symptômes. »

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