DES POINTES IROQUOIENNES
Avec l’archéologie expérimentale, Frédéric Hottin, du Musée d’archéologie de Roussillon, tente de percer le mystère des Iroquoiens du Saint-Laurent. « Ils étaient distincts des autres, comme les Hurons ou les Mohawks, par leur langue, leur culture et peut-être aussi sur le plan politique. Jacques Cartier les avait rencontrés lors de son voyage, mais quand Samuel de Champlain est arrivé au même endroit [quelque 60 années plus tard], il n’y avait plus personne. On ignore la raison de leur départ de la vallée du Saint-Laurent. Y a-t-il eu une épidémie, une guerre ? » se demande l’archéologue. Un élément de réponse pourrait se trouver dans les pointes de leurs flèches. Les Iroquoiens du Saint-Laurent utilisaient presque exclusivement des pointes en os contrairement aux peuples des alentours, qui se servaient plutôt de pointes en pierre. C’est peut-être ce choix qui aurait précipité leur chute ; une pointe en os est moins efficace pour combattre l’ennemi. « Je vais tenter de savoir si cette hypothèse tient la route », dit Frédéric Hottin. L’archéologue a fait appel à l’expertise de Martin Lominy pour reproduire les pointes en os et en pierre. Des artéfacts ont été étudiés pour s’assurer que les pointes et les flèches étaient similaires en termes de forme et de poids. « Les Autochtones combattaient souvent avec une armure. Celle-ci était composée de baguettes de bois entrelacées étroitement avec de la corde faite de plantes comme l’asclépiade. Cela peut sembler primitif, mais c’était très solide et efficace contre les flèches », décrit Frédéric Hottin. S’il ne croit pas nécessairement que l’adoption des pointes en os ait précipité le départ des Iroquoiens du territoire, il émet une hypothèse à ce sujet. « Peut-être que les pointes en os sont meilleures pour passer à travers l’armure des ennemis tandis que les pointes en pierre vont éclater sur l’armure ? » Cela pourrait expliquer leur préférence pour les pointes en os dans les combats… mais pas leur disparition soudaine. Des tests préliminaires ont été effectués en tirant des flèches munies de différentes sortes de pointes sur des blocs de gel balistique, dont certains étaient recouverts d’une couche imitant l’armure des combattants. La suite de cette expérience se déroulera plus tard dans l’année et fournira peut-être de nouvelles pistes.