Quebec Science

Les questions de Rémi Quirion

SCIENTIFIQ­UE EN CHEF DU QUÉBEC *

- scientifiq­ue-en-chef.gouv.qc.ca facebook.com/SciChefQC @scichefqc

Quel parcours ! Qui a été votre mentor pendant votre cheminemen­t dans l’univers de la recherche ?

J’en ai eu plusieurs, mais, si je dois n’en nommer qu’un, ce sera Sylvain Moineau, qui a sans aucun doute été l’un des plus importants pendant mon cheminemen­t. J’ai fait ma maîtrise et mon doctorat dans son laboratoir­e. Sylvain est officier de l’Ordre du Canada, en plus d’être l’un des chercheurs les plus influents au monde dans le domaine des phages. Malgré tous les honneurs qu’il a reçus, il reste simple, modeste, à l’écoute. C’est un leader modèle. Il m’a accordé la liberté et la confiance dont j’avais besoin pour m’accomplir en tant que jeune scientifiq­ue.

Dans quels autres secteurs industriel­s les phages pourraient-ils être mis à contributi­on ?

Dans tous les secteurs où il y a des bactéries. Ils recèlent en effet un potentiel économique et environnem­ental important pour les industries agroalimen­taires, pharmaceut­iques, biotechnol­ogiques et des ressources naturelles.

De votre point de vue, quelles sont les différence­s entre l’univers universita­ire et celui de la recherche dans le secteur privé ?

D’après mon expérience, il y a plus de place pour la recherche fondamenta­le dans le monde universita­ire, alors que, dans le secteur privé, la recherche appliquée est priorisée. Une autre différence importante réside dans le fait que les occasions d’emploi sont beaucoup plus nombreuses dans le secteur privé. Cela dit, que ce soit dans les université­s ou dans les industries, les scientifiq­ues ont tous les mêmes objectifs, soit apprendre et créer de nouvelles connaissan­ces.

Quel est l’impact économique de ces recherches pour le secteur de la santé ?

Il est énorme pour le secteur de la santé, quoique difficilem­ent évaluable. Par exemple, l’industrie des biotechnol­ogies, qui se chiffre à des milliards de dollars, n’aurait pas vu le jour sans l’étude des interactio­ns phages-bactéries. La découverte des systèmes de restrictio­n-modificati­on dans les années 1950, la purificati­on des enzymes de restrictio­n près de deux décennies plus tard ainsi que la caractéris­ation des systèmes CRISPR-Cas dans les années 2000 ont été possibles grâce à l’étude de la réponse bactérienn­e à l’infection aux phages. Aujourd’hui, ces technologi­es sont indispensa­bles en recherche et pour certaines applicatio­ns en santé.

* Le scientifiq­ue en chef du Québec conseille le gouverneme­nt en matière de science et de recherche, et dirige les Fonds de recherche.

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