À quand l’Internet municipal ?
GABRIELLE ANCTIL @_ganctil
Une erreur lors d’une mise à jour. Voilà ce qui a causé la panne du réseau Rogers en juillet dernier, privant des millions de personnes à travers le pays d’accès à Internet. Cet incident a une fois de plus révélé le danger de se fier à une poignée de fournisseurs pour offrir un service aussi essentiel. Et si la solution était de voir petit ? Depuis 1994, la Ville de Stockholm gère un réseau de fibre optique auquel plus de 90 % des ménages et 99 % des entreprises peuvent accéder. On nomme cette manière de faire Internet municipal et ses avantages ne sont plus à démontrer : service généralement performant, accessible dans des zones auparavant mal équipées, permettant notamment aux villes, et aux entreprises qui y sont établies, de se doter d’une infrastructure numérique. Chez nos voisins du Sud, la ville de Chattanooga, au Tennessee, opère depuis 2010 un réseau à haut débit. Quand l’école est passée en mode virtuel à cause de la pandémie de COVID-19, l’administration a pu offrir un accès Internet illimité gratuit à 17 000 familles à faible revenu. Ces villes sont loin d’être les seules : aux États-Unis seulement, plus de 600 communautés sont desservies par l’Internet municipal. « Étant donné que les municipalités mettent sur pied et exploitent déjà de grands projets d’infrastructure, y compris […] les réseaux électriques, les systèmes de transport en commun et les routes, elles sont bien placées […] pour construire et exploiter leurs propres réseaux de télécommunication », lit-on dans une étude de cas s’intéressant à l’expérience de Calgary, qui a implanté l’Internet municipal il y a une vingtaine d’années. L’auteure de l’étude note que ce réseau a permis à la Ville d’épargner près de 20 millions de dollars. Une étude de l’Université Harvard parue en 2018 rapportait que les tarifs offerts par les municipalités étaient plus bas sur une période de quatre ans que ceux des compagnies privées. Sachant qu’au Canada les 20 % des ménages les moins fortunés dépensent près de 10 % de leurs revenus en services de communication, ces économies pourraient soulager les familles. « L’accès à Internet est trop important pour le laisser entre les mains du marché et d’acteurs privés», résume en entrevue avec Bloomberg le responsable de la mise en place du réseau à haut débit de la ville de Baltimore, Jason Hardebeck. Qu’attendons-nous pour mettre l’Internet municipal à l’ordre du jour ?