UN COUP DE MAIN… ROBOTIQUE
La haute technologie en agriculture n’est pas qu’affaire d’algorithmes et de données : les robots se multiplient sur les fermes.
Dans une des parcelles d’Agri-Fusion, le jour de la visite de Québec Science, un tracteur tirant un désherbeur mécanique (qui sarcle le sol et arrache les mauvaises herbes grâce à des têtes rotatives) ratissait le champ avec une précision chirurgicale, grâce à ses caméras embarquées. Une prochaine version utilisera la vision par ordinateur pour identifier les mauvaises herbes et les tuer par électrification, espère l’équipe d’Agri-Fusion.
Durant l’été, de gros drones ont aussi survolé les champs de maïs sucré pour larguer de minuscules larves de trichogramme, un insecte qui lutte naturellement contre la pyrale du maïs, un ravageur.
« La robotisation et l’automatisation sont un passage obligatoire si on veut pérenniser nos entreprises agricoles », assure Martin Caron, de l’UPA, qui constate année après année la pénurie de main-d’oeuvre. D’abord mises au point pour l’élevage (les robots de traite, notamment), les machines sont de plus en plus précises, légères et fiables. De quoi atteindre des zones difficiles d’accès, déceler des maladies, pulvériser des microdoses de pesticides et limiter le compactage des sols. Prochaine étape, loin d’être gagnée : la robotisation de la délicate récolte de fruits, comme les raisins, les pommes ou les fraises. Certains vergers sont réorganisés pour que les fruits poussent sur un plan vertical. De nombreux prototypes plus ou moins aboutis utilisant l’aspiration, la cassure de la tige ou des pinces coussinées sont testés de par le monde, mais la main humaine reste pour l’instant l’outil le plus efficace (et le moins cher) pour attraper un fruit mûr sans le broyer. Certaines entreprises commencent toutefois à faire leurs preuves. Ainsi, la britannique Fieldwork Robotics a mis au point un robot récolteur de framboises doté de quatre bras. Celui-ci va pour l’instant cinq fois moins vite qu’un humain – mais il prouve que la mission n’est pas impossible.
visible, réalisée par drone ou par satellite et combinée à des images satellites radar, pour suivre l’état de santé de la végétation, quasiment plant par plant.
Avec des collègues de l’INRS et de l’Université McGill, le chercheur forme une trentaine de fermes canadiennes à utiliser des drones pour prédire la productivité des cultures de luzerne. « Les agriculteurs téléversent leurs images dans une plateforme infonuagique. En les combinant avec la télédétection et la météorologie, nous pouvons modéliser le rendement, donner des conseils : à tel endroit, vous avez des parasites ou un stress hydrique. L’objectif ultime, c’est d’aller vers l’agriculture durable, avec des cartes au centimètre près. Ça va se démocratiser, car beaucoup de données sont disponibles gratuitement. »
Le chercheur valide notamment un modèle qui aidera à estimer le pourcentage de résidus végétaux recouvrant les champs avant l’hiver (une pratique qui protège les sols), à partir des seules données satellites gratuites. Il tente également de mettre au point des outils gratuits, alors que les applications disponibles à ce jour peuvent coûter plusieurs centaines de dollars par année.
DES DONNÉES TOUS AZIMUTS
Même en dehors des projets de recherche, les données fleurissent aux champs. En plus des sites internet publics, la plupart des agriculteurs et agricultrices disposent de leurs propres stations météo. Les quantités de pesticides épandus et d’eau utilisée de même que les rendements sont déjà, en général, consignés dans des bases de données par les technologues ou les agronomes, notamment car elles sont exigées à des fins de contrôle par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Quant aux tracteurs, ils sont désormais de vrais ordinateurs sur roues, bourrés de capteurs. « Le problème, c’est que les logiciels et les systèmes sont très hétérogènes. John Deere n’a pas les mêmes standards que d’autres équipementiers, par exemple. Un de nos défis est de faire une application qui va connecter toutes les sources sans que l’agriculteur ait besoin de faire des lignes de code », indique Pierre