UN AGRONOME AUTOMATIQUE
En 2015, l’ingénieur informatique Adamou Nchange Kouotou a investi dans une petite plantation de bananes plantain, afin de se créer une seconde source de revenus. Aucunement formé en agriculture, il ne s’est pas inquiété : « Je pensais que c’était simple : tu plantes, ça pousse. » Un virus s’en est rapidement pris à toute sa production, et il a jeté l’éponge.
Cet échec brutal l’a marqué, si bien que l’agriculture a été sa première inspiration lorsqu’il a commencé à s’intéresser à l’IA en 2018. « Je me suis rendu compte qu’on pouvait aider les agriculteurs à lutter contre les maladies des plantes, en utilisant l’apprentissage automatique et la vision par ordinateur. » Une solution pratique, alors qu’ils n’ont souvent pas les moyens de se payer les services d’un agronome.
Selon l’ingénieur, près de la moitié de la production agricole est perdue en Afrique à cause des maladies et des mauvaises pratiques. Devant ces risques, les institutions financières sont peu enclines à prêter des fonds aux petits producteurs.
Adamou Nchange Kouotou a donc mis au point Agrix Tech, une appli qui reconnaît les maladies et les ravageurs à partir des photographies et des vidéos que fournissent les agriculteurs. La version gratuite fonctionne avec de la publicité et se limite au diagnostic de l’infection.
Les services payants, pour leur part, offrent un suivi personnalisé de l’évolution des récoltes, avec des notifications pour chaque tâche à effectuer. L’accompagnement inclut même une analyse de risque du terrain en amont du projet de culture. « On fournit ainsi un score que consultent nos partenaires de microfinance locale pour accorder ou non un crédit. »
Utilisé par plus de 700 agriculteurs camerounais, le programme est encore en apprentissage. En accumulant des données sur les caractéristiques des plantations ainsi que sur les rendements obtenus, le modèle s’enrichit. « On vise à ce qu’il devienne plus intelligent et plus performant que la solution empirique », explique Amadou Nchange Kouotou.