DÉPISTER MASSIVEMENT LA MALARIA
La malaria est la cause de 27 % des décès en Ouganda. Le pays manque de techniciens et techniciennes de laboratoire formés. Pour ne pas épuiser leurs yeux, ces derniers ne doivent pas analyser plus de 25 lames au microscope par jour… Mais vu le nombre de patients en attente de résultats, il arrive qu’ils en examinent une centaine quotidiennement. Les erreurs sont plus courantes et le risque de prescrire le médicament à des personnes qui n’en ont pas besoin est plus élevé. C’est un problème : les parasites ont tendance à développer une résistance aux traitements.
C’est pour répondre à ces problèmes que Rose Nakasi s’est lancée, dès 2015 dans le cadre de son doctorat, dans la création d’un modèle capable de reconnaître l’infection dans le sang. Il lui a fallu récolter des milliers de photographies d’échantillons sanguins pour nourrir l’apprentissage automatique.
Celle qui est aujourd’hui professeure à l’Université de Makéréré tenait à ce que sa technologie puisse être utilisée à partir d’un téléphone intelligent. « Nous voulons tirer profit du matériel que nos professionnels ont déjà à disposition. Chaque technicien de laboratoire possède un téléphone et chaque établissement de santé a au moins un microscope. » Grâce à un support conçu par imprimante 3D et ajustable, la lentille de l’appareil mobile est apposée sur l’oculaire du microscope.
« Le taux de performance du modèle a rapidement atteint celui des techniciens de laboratoire, affirme Rose Nakasi. Et à chaque usage, le modèle s’améliore. » La scientifique travaille à présent à ce que son invention soit capable de préciser la magnitude de l’infection. Elle veut aussi déterminer quelle qualité minimale de caméra est requise.
Déjà, deux prototypes sont utilisés au complexe hospitalier de Mulago, le plus important en Ouganda. La chercheuse espère à terme faire profiter toute la région de son invention, en particulier les communautés rurales.