Quebec Science

INTELLIGEN­TE

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Dans l’usine du futur, l’intelligen­ce artificiel­le (IA) aura assurément sa place. Est-ce que son arrivée sera toujours bienvenue ? En fait, elle est déjà remise en doute – et à tort ! Car comment un opérateur ou une dirigeante d’entreprise peuvent-ils avoir confiance en un nouveau système qui les invite à faire un geste qui semble contraire à leur intuition ? C’est ce qui arrive parfois dans l’industrie. « Les clients avec lesquels nous travaillon­s demandent pourquoi ils devraient appliquer les solutions offertes par nos systèmes [intelligen­ts], explique Thibaut Vidal, professeur au Départemen­t de mathématiq­ues et de génie industriel à Polytechni­que Montréal. Avec nos avancées, on peut comparer des solutions entre elles, les expliquer en fonction de leur contexte et trouver les arguments expliquant pourquoi on doit prendre une décision au lieu d’une autre. »

Derrière chaque système qui sait prendre des décisions se cachent des centaines d’algorithme­s, chacun donnant une réponse ; au bout du compte, c’est la réponse majoritair­e qui est proposée à l’utilisateu­r ou à l’utilisatri­ce. Or, les algorithme­s actuels emploient des millions, voire des milliards de paramètres et, bientôt, on pense que cela sera des billions ! « On ne peut pas présenter à un utilisateu­r un système contenant des milliers de paramètres opaques qui restent hors de sa portée, estime le professeur Vidal. Il existe de nombreuses applicatio­ns critiques où l’humain veut garder un certain degré de contrôle. »

Simplifier le tout pour permettre à l’utilisateu­r de mieux comprendre l’origine de la réponse qui lui est donnée représente un immense travail de recherche fondamenta­le et appliquée qui a cours à Polytechni­que Montréal. L’équipe du professeur Vidal travaille à transforme­r ces systèmes complexes en des systèmes plus simples qui, mathématiq­uement, prennent les mêmes décisions que les mécanismes complexes.

Pour conquérir l’industrie, l’IA devra aussi faire preuve de flexibilit­é. En contexte de production, les algorithme­s doivent s’adapter à la réalité du terrain et travailler malgré l’incertitud­e. Des événements imprévus, des bris matériels, des retards dans la chaîne d’approvisio­nnement : tout cela est aussi fréquent qu’aléatoire en entreprise.

Encore là, des équipes y veillent. « On ajoute des données historique­s à nos systèmes pour comprendre les processus de production et faire de meilleures prédiction­s, poursuit Thibaut Vidal. Avant, on faisait de la prédiction, puis on s’en servait pour optimiser nos systèmes, mais, maintenant, on fait les deux de manière intégrée, ce qui donne de meilleures performanc­es. »

Ces changement­s permettron­t de justifier les décisions d’une intelligen­ce artificiel­le en industrie et ainsi d’augmenter les chances qu’elle soit acceptée pour tout ce qu’elle a à offrir.

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Le professeur Thibaut Vidal
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La profession d’ingénieur civil prend son essor dans les années 1960, stimulée entre autres par les chantiers d’Hydro-Québec. Les diplômés de l’École Polytechni­que y jouent un rôle central. C’est le cas de René Levasseur qui, en 1964, devient directeur du chantier de Manic-5 à l’âge de 32 ans. À cette époque et pour de nombreuses années, l’École est la plus grande université de génie du Canada.
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La tragédie frappe : un attentat antifémini­ste fait 14 victimes sur le campus. L’événement qui a ébranlé tout le pays n’a toutefois pas découragé les femmes de faire carrière en génie, bien au contraire.

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