LA NEUVIÈME PLANÈTE EXISTE T ELLE ?
Depuis trois ans, la « Planète 9 » attise les convoitises de tous les astronomes : elle se cacherait aux confins du Système solaire et ne demanderait qu’à sortir de l’ombre pour rejoindre le club fermé des planètes voisines. Elle serait environ 10 fois plus grosse que la Terre, 20 fois plus éloignée du Soleil que l’est Neptune, et mettrait de 10 000 à 20 000 ans à boucler sa longue orbite elliptique autour de notre étoile.
Comment ce monstre a-t-il pu nous échapper ? « En fait, à cette distance, c’est assez facile de “cacher” une planète. Il faudrait être chanceux pour la voir avec les télescopes actuels », assure Nicolas Cowan, astrophysicien à l’Université McGill, à Montréal.
Alors, qu’est-ce qui a mis les physiciens sur la piste ? Tout a commencé en 2014, alors que des astronomes étudiaient au télescope les objets « transneptuniens », ce groupe de boules glacées, dont fait partie Pluton, situées bien au-delà de Neptune. Ils remarquent, dans un article publié par la revue Nature, qu’une dizaine de ces astres ont des orbites bizarres, toutes situées dans le même plan. Comme s’ils étaient influencés par la force gravitationnelle d’un « aimant » géant.
Une neuvième planète ? Pour démentir cette hypothèse, Mike Brown et son collègue Konstantin Batygin, du California Institute of Technology (Caltech), modélisent les orbites de six de ces objets en 2016. Ils réalisent qu’une telle configuration n’a que 0,007 % de chance d’être due au hasard, et deviennent de fervents défenseurs de l’existence de la Planète 9 ! « Tout le monde était très excité, mais pour l’instant personne n’a rien trouvé. La découverte commence à être de moins en moins probable », avertit Nicolas Cowan.
Du moins, il ne pense pas qu’on trouvera l’astre tel qu’il a été prédit par les chercheurs de Caltech.
Des analyses publiées en 2017 ont démontré que certains objets transneptuniens n’obéissaient pas à ce « motif » d’orbites, suggérant qu’il pourrait exister un biais dans les observations initiales. « Avec les nouveaux télescopes qui arrivent, on sera en mesure de trancher quant à l’existence ou l’absence d’une telle planète d’ici cinq ans », assure Nicolas Cowan. Entre-temps, la traque continue ! lQS