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« L’Ukraine fait partie de la famille européenne », assure Emmanuel Macron

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En visite à Kiev, les leaders français, italien, allemand et roumain se sont pronon‐ cés jeudi en faveur de l'oc‐ troi « immédiat » à l'Ukraine du statut officiel de candidat à une adhé‐ sion à l'Union européenne (UE), comme le réclamait le président ukrainien Volo‐ dymyr Zelensky.

Tous les quatre, nous sou‐ tenons le statut de candidat immédiat à l'adhésion, a dé‐ claré le président français Em‐ manuel Macron à l'issue de la rencontre. Ce statut sera as‐ sorti d'une feuille de route et impliquera aussi que soit prise en compte la situation des Balkans et du voisinage, en particulie­r de la Moldavie, a-t-il ajouté.

C'est sur le sol ukrainien que se joue la sécurité du continent européen dans son ensemble. [...] L'Ukraine peut compter sur nous. [...] L'Eu‐ rope est à vos côtés, elle le restera autant qu'il faudra, jusqu'à la victoire.

Emmanuel macron, pré‐ sident de la France

L'Ukraine fait partie de la famille européenne, a assuré le chancelier allemand Olaf Scholz, en faisant valoir qu'il faudrait faire tout le néces‐ saire pour trouver l'unanimité au sein de l'UE pour lancer ces candidatur­es. L'unanimité des 27 pays membres sera re‐ quise pour l'octroi du statut de candidat et, à terme, pour l'adhésion.

Nous allons faire tout le nécessaire pour que cela se concrétise dans les meilleurs délais, a soutenu le premier ministre italien Mario Draghi, non sans souligner que le pro‐ cessus prendra du temps. Le chemin de candidat à membre (de l'UE) est un che‐ min, et non un point fixe, a-t-il rappelé.

Aujourd'hui, le message le plus important de notre visite est que l'Italie veut l'Ukraine dans l'Union européenne.

Mario Draghi, premier mi‐ nistre de l'Italie

Les Ukrainiens ont déjà mérité le droit de se mettre sur cette voie et d'obtenir le statut de candidat à une adhésion, a commenté le pré‐ sident ukrainien. Notre pays est prêt à faire tout le néces‐ saire pour y parvenir, a-t-il promis.

La Commission euro‐ péenne doit faire connaître vendredi sa recommanda­tion sur la demande d'adhésion de l'Ukraine, déposée en février par M. Zelensky dans la foulée de l'invasion russe. Cet avis sera ensuite débattu lors du Conseil européen des 23 et 24 juin. Certains États membres sont réticents à s'engager dans cette voie.

Zelensky participer­a au Sommet du G7

Le président ukrainien a par ailleurs accepté une invi‐ tation au Sommet du G7, qui aura lieu du 26 au 28 juin en Bavière, avait précédemme­nt annoncé M. Scholz, sans dire si le chef d'État ukrainien, qui n'a pas quitté l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe, ferait le déplacemen­t ou inter‐ viendrait en visioconfé­rence.

J'ai accepté avec reconnais‐ sance l'invitation de nos par‐ tenaires à participer à des événements internatio­naux majeurs, le G7 en Allemagne et, dans la foulée, un sommet de l'Organisati­on du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) à Madrid, à l'invitation de son secrétaire général, Jens Stol‐ tenberg, a confirmé M. Ze‐ lensky sur Twitter.

Le président Macron, ver‐ tement critiqué par Kiev au début du mois pour avoir ap‐ pelé à ne pas humilier la Rus‐ sie, a par ailleurs profité de l'occasion pour annoncer la li‐ vraison prochaine par la France à l'Ukraine de six sys‐ tèmes d'artillerie Caesar sup‐ plémentair­es.

Critiqué pour ses ater‐ moiements dans son soutien militaire à Kiev, le chancelier Scholz n'a pas fait d'annonce similaire, mais a assuré que le soutien de son pays à l'Ukraine serait sans faille. Nous aidons l'Ukraine avec des livraisons d'armes, nous continuero­ns à le faire aussi longtemps que l'Ukraine en aura besoin, a-t-il promis.

Le président Zelensky a pour sa part continué de ré‐ clamer à ses alliés européens de nouvelles livraisons, avant tout des armes lourdes, de l'artillerie réactive moderne (et) des systèmes de défense antiaérien­s pour faire face à la progressio­n de l'armée russe dans le Donbass.

Chaque jour qui passe de décisions retardées ou ajour‐ nées (sur les livraisons d'armes) correspond à la pos‐ sibilité pour les militaires russes de tuer les Ukrainiens ou de détruire nos villes.

Volodymyr Zelensky, pré‐ sident de l'Ukraine

Les leaders européens ont par ailleurs appelé Moscou à accepter un plan des Nations unies pour débloquer l'expor‐ tation des céréales ukrai‐ niennes.

Nous avons encore le temps de débloquer les ports ukrainiens avant la nouvelle récolte prévue au mois de septembre, a plaidé Mario Draghi, selon qui la Russie ne fait pas preuve de bonne vo‐ lonté dans ce dossier, débattu en vain, la semaine dernière, en Turquie.

Le chef de l'administra­tion présidenti­elle ukrainienn­e, Andriy Yirmak, a aussi fait sa‐ voir que Kiev avait plaidé pour que l'UE sanctionne da‐ vantage la Russie. Nous de‐ vons accroître la pression sur l'agresseur, travailler à un sep‐ tième paquet de sanctions, avec un embargo sur le gaz, at-il écrit sur Telegram.

De l'aide aussi long‐ temps qu'il le faudra

Arrivés à Kiev en matinée à bord d'un train spécial parti de la Pologne, avant d'être re‐ joints plus tard par le pré‐ sident roumain Klaus Iohan‐ nis, MM. Macron, Scholz et Draghi effectuaie­nt leur pre‐ mier déplacemen­t en Ukraine depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine, le 24 fé‐ vrier.

C'est un moment impor‐ tant. C'est un message d'unité européenne adressé aux Ukrainienn­es et aux Ukrai‐ niens, de soutien pour parler à la fois du présent et de l'ave‐ nir parce que les semaines qui viennent, on le sait, seront des semaines très difficiles, avait déclaré à son arrivée M. Macron, sur le quai de la gare, à Kiev.

Nous ne voulons pas seulement manifester notre solidarité, nous voulons aussi assurer que l'aide que nous organisons – financière, hu‐ manitaire, mais aussi relative aux armes – se poursuivra, a affirmé M. Scholz. Nous la poursuivro­ns aussi long‐ temps qu'il le faudra afin de soutenir la lutte pour l'indé‐ pendance de l'Ukraine.

La France va encore plus loin dans ses objectifs pour l'Ukraine. Nous sommes pour une victoire intégrale avec ré‐ tablisseme­nt de l'intégrité ter‐ ritoriale sur tous les territoire­s conquis par les Russes, y com‐ pris la Crimée, a déclaré une source diplomatiq­ue fran‐ çaise.

Avant leur discussion avec M. Zelensky, MM. Macron, Scholz et Draghi se sont ren‐ dus à Irpin, une des villes de la

banlieue de Kiev devenue symbole des destructio­ns et atrocités commises pendant l'occupation de la région par l'armée russe, en mars. Ils y ont été rejoints par le pré‐ sident roumain Klaus Iohan‐ nis.

Les Russes ont détruit des écoles maternelle­s, des ter‐ rains de jeux. Tout sera re‐ construit, a affirmé M. Draghi après sa visite.

Des civils innocents ont été touchés, des maisons ont été démolies. Une ville entière a été détruite alors qu'elle ne comportait aucune infrastruc‐ ture militaire, a commenté M. Scholz, qui a dénoncé la brutalité de la guerre d'agres‐ sion russe, qui vise simple‐ ment à détruire et à conqué‐ rir.

C'est ici que les Ukrainiens ont arrêté l'armée russe qui descendait sur Kiev, a déclaré le président Macron. Vous avez les traces, les stigmates de la barbarie [...] les pre‐ mières traces de ce que sont les crimes de guerre, a-t-il ajouté, plaidant pour que ces crimes puissent être jugés.

Des centaines de civils ont été tués dans les villes d'Irpin, de Boutcha et de Borodianka pendant l'occupation russe de la banlieue de Kiev en mars. Des enquêtes interna‐ tionales sont en cours pour déterminer les coupables de ces crimes de guerre dont les Ukrainiens accusent les forces russes.

Sur les murs d'un bâti‐ ment détruit, on pouvait lire : « Make Europe Not War » (Faites l'Europe, pas la guerre). Une inscriptio­n que Macron a vue et commentée. C'est le bon message [...] C'est très émouvant de voir ça, a-til déclaré.

Si Kiev a repris vie depuis le retrait russe de la région, elle est encore occasionne­lle‐ ment frappée par des tirs. Les sirènes d'alerte y retentisse­nt régulièrem­ent, comme cela a été le cas peu après l'arrivée des dirigeants européens.

Moscou se moque des leaders européens

Avant l'arrivée des leaders européenne­s, M. Zelensky avait fait part de sa reconnais‐ sance à l'égard des États-Unis pour la nouvelle tranche d'aide militaire de 1 milliard de dollars annoncée mercredi par son homologue améri‐ cain, Joe Biden. Ce soutien [...] est particuliè­rement impor‐ tant pour notre défense dans le Donbass, a-t-il dit.

Le porte-parole du Krem‐ lin, Dmitri Peskov, a jugé fu‐ tiles ces livraisons d'armes oc‐ cidentales et a dit espérer que les trois leaders européens de passage à Kiev vont exhorter le président [ukrainien Volo‐ dymyr] Zelensky à avoir une approche réaliste de la situa‐ tion.

On aimerait espérer que les dirigeants de ces trois pays [...] ne se concentren­t pas uni‐ quement sur le soutien de l'Ukraine et sur les projets de continuer à l'inonder d'armes. C'est tout à fait futile et ne fe‐ ra qu'infliger davantage de préjudices à ce pays.

Dmitri Peskov, porte-pa‐ role du Kremlin

Pour sa part, l'ancien pré‐ sident russe Dmitri Medvedev s'est moqué de la visite des trois dirigeants européens, les qualifiant sur Twitter de connaisseu­rs de grenouille­s, de saucisses et de pâtes. Leur visite n'a aucune utilité, a-t-il écrit, insinuant qu'ils allaient s'enivrer à la vodka ukrai‐ nienne, la horilka.

Ils promettent de nouveau une adhésion à l'UE, de vieux obusiers. Puis, imbibés de ho‐ rilka, ils vont rentrer à la mai‐ son en train, comme il y a 100 ans, a ajouté M. Medve‐ dev, qui a été président russe de 2008 à 2012 et premier mi‐ nistre de 2012 à 2020. Il est aujourd'hui vice-président du puissant Conseil de sécurité russe.

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