Radio-Canada Info

Les livraisons de gaz russe vers l’Europe en baisse de 60 %

- François Messier

Le géant russe Gazprom a annoncé mercredi une nouvelle réduction de ses livraisons de gaz vers l'Eu‐ rope, de 33 % cette fois, ce qui porte à 60 % la baisse du flux de gaz envoyé au Vieux Continent par l'en‐ tremise du gazoduc Nord Stream depuis le début de la semaine.

Gazprom arrête le fonc‐ tionnement d'une autre tur‐ bine à gaz de Siemens à la sta‐ tion de compressio­n de Por‐ tovaïa, où se fait le remplis‐ sage de Nord Stream, a an‐ noncé la plus importante compagnie russe. La produc‐ tion quotidienn­e passera jeu‐ di de 100 à 67 millions de mètres cubes par jour, a-t-elle précisé.

Mardi, Gazprom avait an‐ noncé que les livraisons de gaz par le gazoduc Nord Stream ne [pouvaient] être assurées que jusqu'à un vo‐ lume de 100 millions de m3 de gaz par jour au lieu des 167 millions de m3 par jour prévus, ce qui équivalait à une baisse de 40 %.

Le géant gazier soutenait alors qu'à défaut de recevoir des compresseu­rs de Siemens dont elle a besoin, seules trois unités de compressio­n de gaz [pouvaient] être utilisées à la station de Portovaïa, située à proximité de Vyborg, tout près de la frontière avec la Finlande.

Siemens Energy a confir‐ mé mardi à l'agence Reuters qu'une turbine à gaz em‐ ployée dans les stations de compressio­n était à Montréal pour des opérations de main‐ tenance et qu'elle ne pouvait être renvoyée en Russie à l'heure actuelle.

En raison des sanctions imposées par le Canada, il est actuelleme­nt impossible pour Siemens Energy de livrer des turbines à gaz réparées à notre client. Dans ce contexte, nous avons informé les gou‐ vernements canadien et alle‐ mand [de la situation] et nous travaillon­s à une solution viable, a-t-elle déclaré.

Le vice-chancelier et mi‐ nistre de l'Économie et du Cli‐ mat de l'Allemagne a soutenu que la décision de Gazprom n'avait rien à voir avec des problèmes techniques. Il s'agit clairement d'une straté‐ gie visant à perturber les opé‐ rations et à faire grimper les prix, a-t-il déclaré dans un communiqué, après l'an‐ nonce de la deuxième baisse du flux de gaz.

Plus tôt dans la journée, M. Habeck avait indiqué que la première tranche d'entre‐ tien des compresseu­rs de Sie‐ mens ne devait avoir lieu qu'à l'automne et que cela ne de‐ vrait pas entraîner une réduc‐ tion de 40 % de la quantité de gaz acheminée de toute fa‐ çon.

La maintenanc­e des instal‐ lations n'est pas soumise aux sanctions occidental­es contre la Russie, a aussi ajouté le mi‐ nistre, qui a donc dit soup‐ çonner une décision politique.

Malgré cette chute des li‐ vraisons, M. Habeck a assuré mardi qu'il n'y a pas de pro‐ blème d'approvisio­nnement pour le pays, qui continue d'importer près de 35 % de son gaz depuis la Russie. Cette proportion était de 55 % avant l'interventi­on mili‐ taire de la Russie en Ukraine.

Le ministère des Affaires étrangères du Canada n'a pas encore commenté la situa‐ tion.

Dans une nouvelle ronde de sanctions annoncée la se‐ maine dernière, le ministère a interdit aux entreprise­s cana‐ diennes d’offrir 28 services « essentiels » à des firmes russes des industries pétro‐ lière, gazière et chimique, qui fournissen­t 50 % des revenus de l’État russe.

Fin avril, Gazprom a com‐ plètement cessé ses livraisons de gaz vers la Bulgarie et la Pologne, qui refusaient de les payer en roubles, comme l'exige désormais le Krem‐ lin. L'Union européenne a dé‐ noncé un « chantage au gaz » et dénoncé le manque de fiabilité de la Russie en tant que fournisseu­r.

Les pays de l'UE ont de‐ puis annoncé un embargo presque total sur le pétrole russe d'ici la fin de l'année, mais sans aller jusqu'à faire de même avec le gaz. Le Kremlin a entre-temps exprimé sa vo‐ lonté de réorienter les expor‐ tations énergétiqu­es russes de l'Europe vers l'Asie.

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