Législatives en France : à Lyon, le camp Macron affronte la gauche unie
On saura sous peu si les Français, appelés aux urnes pour le deuxième tour du scrutin législatif, vont redonner au pré‐ sident Emmanuel Macron une majorité absolue et les coudées franches à l’As‐ semblée nationale ou s’ils permettront à la Nouvelle Union populaire écolo‐ gique et sociale (NUPES) – la gauche rassemblée der‐ rière l’insoumis Jean-Luc Mélenchon, qui veut être premier ministre – de dé‐ barquer en force en Chambre.
Illustration de cette lutte dans la ville de Lyon, où un député sortant a été devancé au premier tour du scrutin lé‐ gislatif par sa jeune rivale de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES).
Thomas Rudigoz (candidat du parti Renaissance, le nou‐ veau nom de La République en marche) et son équipe im‐ mortalisent leur journée de démarchage en ce jeudi ma‐ tin. Ils se préparent à distri‐ buer des dépliants et à sollici‐ ter les électeurs dans un mar‐ ché de la première circons‐ cription du Rhône, à Lyon.
Au premier tour, le député sortant a fini deuxième. En 2017, cet ancien maire d’ar‐ rondissement avait été porté par la vague de La République en marche d’Emmanuel Ma‐ cron.
J’espérais, avec une plusvalue personnelle, peut-être arriver dans un mouchoir de poche. Il y a un écart qui est un peu plus important que je pensais, quatre et demi pour cent, confie-t-il.
Il faut espérer qu'il y ait un sursaut de notre électorat, de l'électorat LR [droite] et puis de nos concitoyens qui ne veulent pas du programme de Jean-Luc Mélenchon.
Thomas Rudigoz, député candidat à sa réélection
Toutefois, d’autres ne veulent surtout pas entendre parler des candidats du camp d’Emmanuel Macron.
Fabien Namias, un ré‐ sident du quartier, dit qu’il va voter pour la NUPES parce qu’on en a bien besoin pour que les choses se rééqui‐ librent, en tous cas sur le pou‐ voir d’achat.
Dans cette circonscription lyonnaise où vivent beaucoup de retraités et de personnes très diplômées mais qui com‐ prend aussi une forte propor‐ tion de logements sociaux, les candidats de gauche à la pré‐ sidentielle ont obtenu envi‐ ron 40 % des voix au premier tour. Jean-Luc Mélenchon y a fini en tête.
Le camp présidentiel bran‐ dit le péril rouge, la menace d'une paralysie, si jamais les députés de la gauche rassem‐ blée entrent en force à l’As‐ semblée nationale.
C'est une position que par‐ tage Gérard Chavas, venu vendre ses plats cuisinés à
Lyon. Il prédit un chaos le cas échéant.
Aurélie Gries, la candidate de la NUPES, issue de la France insoumise, dénonce ce discours de peur.
Elle botte en touche en prédisant le pire si le camp de son rival remporte la majorité absolue dimanche : On ima‐ gine que ça va être un pro‐ gramme dans la continuité de ces cinq dernières années. Donc : casse sociale, déni dé‐ mocratique et non-prise en compte de la crise climatique.
En ce jeudi après-midi, Au‐ rélie Gries courtise les parents à la sortie des classes. Elle croit pouvoir encore compter sur un réservoir de voix à gauche.
Et elle ne croit pas qu'il y ait un front anti-Mélenchon dans la circonscription.
J'ai 37,75 % des voix. Je suis en tête face à la Macronie, à La République en marche. Et il y a vraiment un intérêt à aller voter, parce qu'on peut pas‐ ser.
Aurélie Gries à une rési‐ dente qu’elle a abordée pour lui remettre un dépliant élec‐ toral
Pour y arriver, il faudra no‐ tamment que les jeunes aillent voter. Ils ont largement boudé les urnes au premier tour des législatives. La NUPES promet d’améliorer leur sort.
Si Aurélie Gries et son équipe ciblent le secteur en cette fin de campagne, c’est parce que l’abstention a été forte au premier tour législatif dans ce quartier qui a voté Jean-Luc Mélenchon à la prési‐ dentielle. C’est souvent les gens qui votent à gauche, à
Lyon et aussi ailleurs en France, qui sont aussi ceux qui s’abstiennent le plus aux élections, ajoute-t-elle.
La clé de ce deuxième tour de scrutin législatif : convaincre les indécis et en‐ courager les abstentionnistes à se rendre, cette fois-ci, aux urnes.