Radio-Canada Info

Difficile pour les médecins de réduire leur pratique

-

Une médecin de famille de Sherbrooke qui souhaitait réduire sa charge a finale‐ ment décidé de quitter la profession. Ce genre de si‐ tuation inquiète des méde‐ cins de famille qui devant une charge de travail très lourde ont souvent du mal à trouver un équilibre.

Tous les patients d'une médecin de la clinique Jacques Cartier ont récemment reçu une lettre indiquant que cette dernière cesserait de les suivre. Garder une partie de sa clientèle aura finalement été impossible pour elle. Ni la médecin ni la clinque n'ont souhaité commenter, mais ce genre de situation en inquiète plusieurs.

C'est extrêmemen­t triste pour tout le monde. Parce qu'on perd un médecin. Per‐ sonne n'est gagnant dans cette situation-là. Cette méde‐ cin-là ne peut pas poursuivre un métier qui, je suis certaine, la passionne, explique la Dre Mélanie Béliveau. On étudie des années pour devenir mé‐ decin et les patients ont per‐ du leur médecin.

Dre Béliveau est omnipra‐ ticienne à temps partiel. Si ce rythme de travail lui est per‐ mis, c'est parce qu'elle a eu un cancer du sein en 2020. Cette dernière souhaite garder ce rythme plus équilibré.

Je vis en ce moment à un rythme qui me plaît beau‐ coup, qui est très sain. Je ne sais pas ce qui va arriver. […] Je ne suis pas sûr que ça va être possible l'entre-deux. En ce moment parce que je re‐ viens d'un congé de maladie, c'est accordé, c'est accepté.

Dre Mélanie Béliveau, mé‐ decin de famille

Pour la plupart des méde‐ cins, ralentir le rythme est presque impossible. Pour res‐ pecter leur code de déontolo‐ gie, ils doivent assurer un sui‐ vi en priorité aux patients les plus vulnérable­s, ou les trans‐ férer à un collègue. Mais quand personne ne peut prendre le relais comme c'est le cas à la clinique JacquesCar­tier, les solutions manquent.

C'est une situation qu'on entend souvent. Ce que j'en‐ tends le plus je vous dirais, c'est les médecins en fin de carrière qui seraient prêts à continuer à donner un coup de main, mais qui envisagent de prendre leur retraite due à la surcharge et due à l'impos‐ sibilité de pouvoir alléger sa clientèle, explique le président de l'Associatio­n des médecins omnipratic­iens de l'Estrie, Dr Alain Demers.

D'une part la charge de travail est tellement grande, elle est partagée et soutenue par tout le monde, donc c'est sûr que si on enlève des joueurs, ou s'il y a des joueurs qui décident de respecter leur rythme de vie personnel, c'est injuste un peu par rapport aux autres collègues. Si moi j'en fais moins, c'est sûr que les autres à côté en font plus.

Dre Mélanie Béliveau, mé‐ decin de famille

Cette surcharge que connaissen­t les médecins om‐ nipraticie­ns peut nuire à leur santé, ce qui a des consé‐ quences néfastes sur tout le système. Si un médecin n'est pas en santé, il va prendre sa retraite plus tôt, il va voir moins de patients, il va être moins en forme, nomme le Dr Demers. Les médecins ont tous appris à soigner les autres, mais se soigner euxmêmes très peu, et ça, cela devient une problémati­que.

Si moi je ne prends pas soin de ma santé, je ne serais pas assise devant vous de‐ main matin pour vous aider. Donc on a tous avantage à trouver une solution ga‐ gnante, mentionne Dre Béli‐ veau.

Le Programme d'aide aux médecins du Québec (PAMQ) tente de trouver des solu‐ tions. Individuel­lement quand les médecins nous contactent, on réfléchit avec eux à leur situation, on essaie de trouver les meilleures pistes de solutions pour eux, explique la Dre Marie-Chantal Brien, médecin-conseil au PAMQ et directrice de l'inter‐ vention et de la prévention.

Pour ceux et celles qui n'ont pas de médecin de fa‐ mille, une ligne d'accès à des soins de santé par téléphone est disponible depuis vendre‐ di. Elle permet redirigé le pa‐ tient vers le bon profession‐ nel, sans avoir à attendre à l'urgence.

D'après le reportage de Ti‐ touan Bussiere.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada