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COVID-19 : des interrogat­ions sur de possibles liens avec la hausse des cas de diabète

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Plusieurs médecins constatent une augmenta‐ tion des cas de diabète et de la sévérité de la maladie pour ceux qui en souffrent déjà dans le sillage de la COVID-19. Ils s’interrogen­t en conséquenc­e sur une éventuelle relation de cause à effet entre la pan‐ démie et cette maladie métaboliqu­e.

En Alberta, médecins et in‐ firmières s’emploient à com‐ prendre la relation possible entre la COVID-19 et le dia‐ bète.

À la clinique Siksika Health Services, Jacey Solway sur‐ veille de près ses patients dia‐ bétiques. Ceux-ci ont com‐ mencé à se présenter en plus grand nombre depuis que la province a annoncé l'assou‐ plissement des mesures sani‐ taires en début d’année.

« Les deux dernières an‐ nées ont été très difficiles », souligne l’infirmière de ges‐ tion de maladie chronique. Du fait notamment de la pandé‐ mie qui a exacerbé la pression sur les hôpitaux, la clinique où elle exerce n’a pas pu offrir à ses patients diabétique­s les soins médicaux réguliers et continus dont ils ont besoin.

Jacey Solway constate à présent que certains ont be‐ soin de plus de médicament­s, tandis que d'autres essaient tout simplement de re‐ prendre le contrôle de leur maladie. Une situation que la clinique surveille de près au‐ tant que toute augmentati­on potentiell­e de nouveaux diag‐ nostics, dit-elle.

Hausse des cas

Spécialist­e du diabète et professeur­e à la Cumming School of Medicine de l'Uni‐ versité de Calgary, Doreen Ra‐ bi relève elle aussi des ten‐ dances nettes dans sa cli‐ nique de Calgary, plus de deux ans depuis le début de la pandémie.

Nous constatons de plus en plus de nouveaux cas de diabète, au moment où nous devons nécessaire­ment aug‐ menter le traitement dont bé‐ néficient les personnes déjà malades de diabète.

Dre Doreen Rabi, endocri‐ nologue

La Dre Neeja Bakshi, spé‐ cialiste en médecine interne à Edmonton, observe égale‐ ment une augmentati­on du nombre de patients souffrant de troubles métaboliqu­es, no‐ tamment un diabète nouvel‐ lement diagnostiq­ué ou qui s'aggrave, ainsi que de l'hy‐ pertension et un taux de cho‐ lestérol élevé.

Les facteurs connus pour augmenter le risque de dia‐ bète, notamment le chômage, la pauvreté, l'insécurité ali‐ mentaire et l'isolement, ont été très présents pendant la pandémie. Il s’y ajoute les re‐ ports ou les retards d'accès aux soins. L’effet combiné de ces facteurs joue probable‐ ment un rôle clé dans la hausse des cas, croit Doreen Rabi.

La Dre Neeja Bakshi relève pour sa part le fait que les gens subissent souvent des changement­s importants dans leur vie lorsqu'ils re‐ çoivent un test positif à la CO‐ VID-19. Elle cite à cet égard une baisse de l'activité phy‐ sique et des changement­s de régime alimentair­e.

Risque accru et cause mystérieus­e

D’autres observatio­ns pré‐ occupent également les spé‐ cialistes. Selon la Dre Rabi, ils ont constaté que les patients qui ont reçu un test positif au dépistage à la COVID-19 pré‐ sentaient plus de risques de contracter le diabète ainsi qu’un risque accru d'aggrava‐ tion de la maladie.

La Dre Rabi cite à cet égard une étude américaine qui a examiné les dossiers médi‐ caux d’anciens combattant­s. Les conclusion­s de l’étude ont révélé que les personnes ayant été reçu un résultat po‐ sitif à un test de dépistage de la COVID étaient 40 % plus susceptibl­es de développer un diabète.

Ce domaine de recherche présente toutefois de nom‐ breux inconnus compte tenu du fait qu’il est tout récent. Le mystère entourant les causes probables de cette situation reste donc entier.

« Bien que la COVID-19 puisse éventuelle­ment altérer la capacité d'une personne à fabriquer de l'insuline, ce n'est probableme­nt pas le principal moteur du nouveau dia‐ bète », déclare la Dre Rabi à ce propos.

Dans un effort pour mieux comprendre la relation entre la COVID-19 et les maladies chroniques comme le diabète, la Dre Bakshi inclut désormais des questions sur les infec‐ tions au SRAS-CoV-2 quand elle dresse le profil médical de ses patients.

En médecine, explique-telle, nous examinons toujours les facteurs de risque [comme par exemple] les antécédent­s familiaux, le mode de vie [du patient], la prédisposi­tion gé‐ nétique. Maintenant, je pense que nous devons demander au patient s’il a eu ou non la COVID-19.

Le chemin à parcourir avant de comprendre tous les impacts de la COVID-19 semble long, car le SRAS-CoV2 est un « virus inflammato­ire qui touche de nombreux sys‐ tèmes de l'anatomie, et de nombreux organes », souligne la Dre Bakshi.

Avec les informatio­ns de Jennifer Lee

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