Le renversement de Roe c. Wade inquiète des organismes estriens
Dans une décision rendue publique vendredi, la Cour suprême des États-Unis a renversé l’arrêt Roe c. Wade, qui protégeait le droit à l’avortement à l’échelle du pays. Chaque État pourra ainsi choisir la manière dont il gérera l’avortement sur son terri‐ toire. Or, même si l’avorte‐ ment reste un droit proté‐ gé au Canada, la situation aux États-Unis inquiète des organismes estriens.
SOS Grossesse Estrie aide environ 800 personnes par année, un nombre qui a aug‐ menté depuis le début de la pandémie. Sa directrice, Pas‐ kale Hamel, craint les consé‐ quences du renversement historique de l'arrêt Roe c. Wade par la Cour suprême américaine.
Je pense que ça peut fragi‐ liser [le droit à l’avortement au Canada], même si on est protégés. Ici, c’est un droit, l’avortement. Mais c’est quand même inquiétant. Estce que ça va provoquer une montée des groupes antichoix au Canada? se de‐ mande-t-elle.
Elle redoute aussi que les services de santé canadiens, qui peinent déjà à répondre à la demande, soient incapables de soutenir une augmenta‐ tion du nombre de patientes américaines.
Ça se peut même que les femmes des États-Unis se dé‐ placent au Canada et ça va peut-être amener une hausse du nombre d'avortements ici. Est-ce qu’on va pouvoir ré‐ pondre à la demande? Je ne suis pas sûre, car il y a déjà des délais, il y a déjà un manque de cliniques au Cana‐ da.
Paskale Hamel, directrice de SOS Grossesse Estrie
Elle rappelle par ailleurs que les gens qui cherchent à obtenir un avortement au Ca‐ nada font déjà face à des obs‐ tacles.
En Estrie, il y a une seule clinique qui pratique des avortements. Au Québec, il y en a quand même plusieurs, mais dans les autres pro‐ vinces canadiennes, il y a cer‐ tains endroits où les femmes n’ont pas accès à l’avorte‐ ment. Elles doivent donc se déplacer dans une autre ré‐ gion. Il y a quand même un manque de services, soutientelle.
Johanne Bilodeau, qui est coordonnatrice au Collectif pour le libre choix, s’est elle aussi dite choquée par cette nouvelle. Elle craint notam‐ ment que cette décision mette la vie de personnes en‐ ceintes en danger.
Interdire l’avortement, fra‐ giliser son accès, ça ne va pas diminuer le nombre d’avorte‐ ments. Au contraire, ça fait augmenter le nombre d’avor‐ tements illégaux et dange‐ reux. Maintenir des services sains, sécuritaires, disponibles et dispensés par des per‐ sonnes qui sont formées, c’est comme ça qu’on va sauver la vie des femmes, martèle-telle.
Un avortement, c’est une intervention normale et simple qui est très sécuritaire lorsqu’elle est pratiquée dans un environnement sain qui est fait pour ça, par des per‐ sonnes qui sont formées pour la faire aussi, ajoute-t-elle.
Pas près de se produire au Canada
Contactée par Radio-Cana‐ da, la députée libérale de Compton-Stanstead, MarieClaude Bibeau, assure que le droit à l’avortement n’est pas remis en question au pays.
Au Canada, ce n’est pas près de se produire. On ne doit jamais rien tenir pour ac‐ quis, mais je peux vous assu‐ rer qu’on est 100 % solidaires dans le sens du droit à l’avor‐ tement et de la protection du droit des femmes, non seule‐ ment au Canada mais à l’étranger aussi, souligne-telle.
Notre effort au Canada, c’est de s’assurer qu’il y ait plus de services, qu’ils soient plus accessibles dans toutes les provinces.
Marie-Claude Bibeau, dé‐ putée de Compton-Stanstead
Le député conservateur de Richmond-Arthabaska, Alain Rayes, n’était pas disponible pour commenter la nouvelle vendredi. Son cabinet indique cependant que sa position sur la question du droit à l’avortement a toujours été claire . En mai, il a notamment publié sur Twitter que ce qui se passe aux États-Unis est préoccupant. Je me tiendrai toujours debout pour mes deux filles et pour toutes les femmes. Dans un communi‐ qué écrit, son parti a par ailleurs indiqué que le Parti conservateur ne présentera pas de projet de loi ni ne rou‐ vrira le débat sur l'avorte‐ ment.
Divers organismes estriens planifient une manifestation