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Continuité, pas de parité et un neveu privilégié

- Natasha MacDonaldD­upuis

Il y a eu beaucoup de spé‐ culation dernièreme­nt sur la nomination d’un cabinet soi-disant plus diversifié à Queen’s Park, de la bouche même de sources progres‐ sistes-conservatr­ices.

Un pétard mouillé, finale‐ ment.

Charmaine Williams de‐ vient certes la première femme noire à intégrer un ca‐ binet conservate­ur en Onta‐ rio, mais moins du tiers des 29 ministres sont issus de la di‐ versité, à peu près le même ratio qu’à la dissolutio­n de la Chambre. Et le nombre de femmes recule de 9 à 7.

Comme le résultat de l’élection, la compositio­n du cabinet de Doug Ford n’en est pas une de changement. La totalité de ses ministres les plus influents conservent leur portfolio ou obtiennent une promotion. À ce chapitre, les bottines suivent les babines : la promesse de M. Ford est de « Get it Done ».

Caroline Mulroney aux Transports, Steven Clark aux Affaires municipale­s, Peter Bethlenfal­vy aux Finances : tous pourront poursuivre leurs chantiers entamés, soit construire des maisons, des métros, des autoroutes, des foyers pour aînés et des hôpi‐ taux.

Sylvia Jones, qui a piloté la distributi­on des vaccins contre la COVID-19, est un choix logique à la Santé. Ste‐ phen Lecce à l’Éducation, aus‐ si. Il est loin de faire l’unanimi‐ té, mais est le plus expérimen‐ té pour renégocier les convention­s collective­s des enseignant­s qui viennent à échéance en août.

Une continuité qui dé‐ tonne d’autant plus avec la nomination du neveu de Doug Ford, seule grande sur‐ prise de la journée. À 28 ans, Michael Ford devient l’un des plus jeunes ministres de l’his‐ toire de l’Ontario.

C’est également la pre‐ mière fois de l’histoire récente (probableme­nt même de l’his‐ toire) qu’un membre de la fa‐ mille d’un premier ministre ontarien accède à son cabi‐ net. La décision fait sourciller et rend son oncle vulnérable aux accusation­s de népo‐ tisme.

Le choix du ministère qu’on lui confie peut aussi surprendre : Affaires civiques et Multicultu­ralisme. Des membres du caucus progres‐ siste-conservate­ur issus de la diversité et écartés du cabinet auraient été un bien meilleur choix, a réagi le député du NPD Jeff Burch, qui n’est pas le seul à l’avoir souligné.

À l’instar de ses oncles Rob et Doug, Michael Ford a repré‐ senté Etobicoke Nord au conseil municipal. Il a aussi été conseiller scolaire et n’est donc pas néophyte en poli‐ tique, mais il n’a aucune expé‐ rience en politique provin‐ ciale.

C’est une énorme promo‐ tion (les ministres sont payés 165 000 $ par année en Onta‐ rio) et peut-être une récom‐ pense pour avoir raflé York South–Weston, une circons‐ cription ethniqueme­nt diver‐ sifiée qui n’avait jamais été bleue.

Au bureau de Doug Ford, on nie catégoriqu­ement qu'il y ait eu traitement de faveur.

Doug Ford aurait d'ailleurs confié aux membres de son équipe, nous dit-on, que ses attentes de performanc­e se‐ ront plus élevées à l’égard de Michael que vis-à-vis des autres membres du cabinet. Francophon­ie

Le statu quo au Cabinet sera probableme­nt perçu comme une bonne chose pour la francophon­ie. Caro‐ line Mulroney maîtrise ses dossiers et les parties pre‐ nantes du milieu franco-onta‐ rien aiment travailler avec elle.

Du côté des Collèges et Université­s, Jill Dunlop a été critiquée pour ne pas avoir immédiatem­ent octroyé du fi‐ nancement de fonctionne‐ ment à l’Université de Sudbu‐ ry, mais elle appuie jusqu’ici les démarches de l'établisse‐ ment qui tente de devenir par et pour les francophon­es.

Mme Dunlop continuera aussi de piloter l’épineux dos‐ sier de l’Université Lauren‐ tienne, qui demeure à l’abri de ses créanciers jusqu’au 30 septembre.

Faire avancer les priori‐ tés

D’autres nomination­s au sein du cabinet reflètent les priorités du gouverneme­nt Ford. La création d’un minis‐ tère des Mines, avec à sa tête l’ancien maire de Timmins George Pirie qui a réussi à ra‐ vir ce château fort néo-démo‐ crate, permettra de faire avancer l’exploitati­on du Cercle de feu.

Greg Rickford, qui de‐ meure aux Affaires autoch‐ tones, aura le défi de convaincre les Premières Na‐ tions qui s’opposent toujours à ce projet essentiel aux yeux du gouverneme­nt à la pro‐ duction de batteries élec‐ triques en Ontario.

Autre nouveauté : un mi‐ nistre associé au logement, Michael Parsa. Encore une fois, décision peu surprenant­e vue la crise du logement qui ne cesse de s'aggraver dans la province.

Selon nos sources, une session d’été pourrait avoir lieu en juillet. Elle devrait être courte, l’occasion de déposer à nouveau le budget électora‐ liste du mois d’avril.

En l’absence de chefs néodémocra­te et libéral à Queen’s Park et fort d’une majorité plus imposante, Doug Ford aura le champ libre pour gou‐ verner comme il le souhaite.

Mais il devra éviter de céder à ses réflexes prépandémi­ques, notamment l’arrogance, quali‐ té peu appréciée par l’électo‐ rat.

D'autant plus que les On‐ tariens restent dans le noir quant aux nouveaux ordres de marche des ministres. Doug Ford, qui se bat devant le plus haut tribunal du pays pour éviter de rendre pu‐ bliques ses lettres de mandat de 2018, refuse à nouveau de les publier.

Le gouverneme­nt évite pour l'instant de devoir rendre des comptes. Une dé‐ cision qui pourrait lui faire mal en fin de compte s'il est dé‐ bouté en Cour suprême.

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