« Lytton brûlera à nouveau » : pourquoi le village est l’endroit le plus chaud au Canada?
Aux abords de Lytton, un an après le feu qui a ravagé le village de la ColombieBritannique, une affiche se tient toujours érigée : Ca‐ nada’s hot spot. Le lieu le plus chaud au Canada a beau tenter de renaître de ses cendres, il n'est pas à l'abri d'un nouvel incendie.
Un reportage d’Anne-Ju‐ lie Têtu
Le 30 juin 2021, les yeux du monde entier sont tournés vers Lytton. Au nord du 50e parallèle, dans un pays nordique comme le Canada, le mercure atteint les 49,6 de‐ grés Celsius, un record natio‐ nal. Le lendemain, un brasier propulsé par des vents en‐ flamme la quasi-totalité des infrastructures.
Les chaleurs intenses, les habitants de ce petit village enclavé dans le canyon Fra‐ ser, dans l’Okanagan, en ont depuis longtemps l’habitude.
On voit régulièrement des températures de 35, même de 40 degrés à Lytton. Ce n'est pas le cas pour la plupart des endroits à travers le pays, ex‐ plique Armel Castellan, mé‐ téorologue à Environnement et Changement climatique Ca‐ nada.
Bientôt des tempéra‐ tures dépassant 50 degrés Celsius
Durant la saison estivale, le soleil plombe les versants en‐ tourant Lytton pendant plus de 16 heures. Lorsque c’est ensoleillé, l'énergie augmente la température plutôt que de servir à évaporer l'humidité, affirme Michael Flannigan, spécialiste des feux de forêt et professeur à l’Université Thompson Rivers.
Les deux experts s'ac‐ cordent à dire que les condi‐ tions sont réunies pour rendre l’endroit particulière‐ ment vulnérable. Est-ce qu’on est plus susceptible ou plus vulnérable aux changements climatiques dans un endroit comme Lytton ? Oui certaine‐ ment, dit Armel Castellan.
Contrairement aux villes voisines de Kelowna ou d'Osoyoos, il n'y a pas de grande étendue d’eau près de Lytton pour modérer la tem‐ pérature. La rivière Thomp‐ son ne suffit pas à elle seule à rafraîchir l’air. Avec des nuages presque inexistants, le soleil assèche la végétation.
Ces températures frôlant les 50 degrés Celsius, les scien‐ tifiques les avaient anticipées, mais pas aussi rapidement. Tout se passe beaucoup plus tôt que prévu, donc ça me fait peur. Si c'est ça maintenant, à quoi ressembleront nos an‐ nées 2030 et 2040? se de‐ mande Michael Flannigan.
Il faut s’adapter aux grosses canicules. Est-ce qu’on va dépasser les 50 degrés? Peut-être.
Armel Castellan, météoro‐ logue à Environnement et Changement climatique Cana‐ da
Vers un village plus ré‐ sistant aux chaleurs ex‐ trêmes
Une situation qui n'augure rien de bon pour des incen‐ dies futurs, puisque la chaleur et la sécheresse sont des fac‐ teurs favorables au dévelop‐ pement des feux de forêt.
Lytton a par ailleurs été la proie des flammes en 1931, 1938 et en 1949 avant d'être détruit par l'incendie de forêt de 2021.
Aujourd'hui, le village tente de renaître de ses cendres. La reconstruction doit débuter en septembre.
Les gouvernements fédé‐ ral et provincial ont investi plus d'un milliard de dollars pour la construction d’im‐ meubles plus résistants et carboneutres , en espérant que les événements destruc‐ teurs de 2021 ne se repro‐ duisent plus.
Pour Micheal Flannigan, la question n'est pas si, mais quand un incendie menacera de nouveau la petite commu‐ nauté. Elle se rebâtira, mais c'est tout un défi, puisque le feu reviendra un jour.