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Le G7 en quête d’équilibre sur l’Ukraine

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Réunis pour un sommet dans le sud de l’Allemagne, les leaders du G7 cherchent à intensifie­r la pression sur la Russie quatre mois après le début de son invasion en Ukraine, tout en ména‐ geant leurs propres inté‐ rêts.

Le président du Conseil européen Charles Michel a ré‐ sumé ainsi l’objectif commun des membres du G7 : Couper les vivres à la machine de guerre russe tout en proté‐ geant nos économies et celles de nos partenaire­s.

C’est dans cette optique que le groupe a confirmé l’im‐ position d’un embargo sur les importatio­ns d’or nouvelle‐ ment extrait en Russie. L’an‐ nonce sera officialis­ée mardi à l’issue du sommet.

L’objectif est d’isoler la Rus‐ sie du système financier inter‐ national et d’éviter de finan‐ cer l’effort de guerre russe en payant à Moscou des mil‐ liards en importatio­ns de res‐ sources.

Ensemble, nous, les membres du G7, allons an‐ noncer que nous allons inter‐ dire l’or russe, une source d’exportatio­n majeure, ce qui privera la Russie de milliards de dollars , a tweeté le pré‐ sident américain Joe Biden.

Ces mesures frapperont directemen­t les oligarques russes et s’attaqueron­t au coeur de la machine de guerre de Poutine, a déclaré le pre‐ mier ministre britanniqu­e Bo‐ ris Johnson dans un commu‐ niqué.

La Russie est un important pays producteur d’or dont les exportatio­ns ont représenté près de 15 milliards d’euros (environ 20,4 milliards de dol‐ lars canadiens) en 2021, soit 5 % du marché mondial, selon Londres et Washington.

Quatre-vingt-dix pour cent de ces exportatio­ns sont diri‐ gées vers des pays du G7, et en très grande partie vers le Royaume-Uni.

Le gouverneme­nt britan‐ nique insiste sur le fait que la mesure aura un impact énorme sur la capacité de Poutine de lever des fonds.

Cela va frapper en particu‐ lier les élites russes qui ont pu acheter de l’or pour tenter de contourner les sanctions occi‐ dentales, a-t-il ajouté.

Le métal précieux est au deuxième rang des exporta‐ tions de la Russie, après l’éner‐ gie.

Financer tibles fossiles

Certains dirigeants du G7

les combus‐ font pression pour que soit reconnu le besoin de nou‐ veaux financemen­ts pour in‐ vestir dans les énergies fos‐ siles, malgré les engagement­s pris lors de la COP26 de sus‐ pendre le financemen­t de projets internatio­naux de combustibl­es fossiles d’ici la fin de 2022.

[Il est] possible qu'il y ait une formule dans la déclara‐ tion selon laquelle les investis‐ sements dans les énergies fossiles devraient être pos‐ sibles pendant un certain temps, a déclaré un diplo‐ mate européen.

Une source a affirmé que le chancelier allemand Olaf Scholz – le président du G7 – avait mis la question des nou‐ velles infrastruc­tures à l'ordre du jour des dirigeants, et que des discussion­s étaient en cours sur l'opportunit­é de l'in‐ clure dans la déclaratio­n fi‐ nale du sommet. Or, un porte-parole du gouverne‐ ment allemand a refusé de commenter.

Il s'agit de savoir comment réaliser la transition clima‐ tique malgré l'utilisatio­n du gaz comme forme d'énergie de transition, et comment nous assurer que cela ne sert pas d'excuse pour assouplir les objectifs climatique­s, avait dit samedi un responsabl­e du gouverneme­nt allemand.

Un dossier qui divise L’approvisio­nnement du continent européen en éner‐ gie est d'ailleurs l’un des en‐ jeux clés de ce sommet du G7.

Alors que l’Ukraine réitère sa demande d’embargo sur le gaz et le pétrole russes, cette question divise les alliés occi‐ dentaux, car leurs besoins et leurs intérêts ne concordent pas parfaiteme­nt.

Si Washington, Ottawa et Londres ont déjà interdit les importatio­ns de pétrole russe, les pays européens se montrent plus réfractair­es.

C’est le cas de l’Allemagne, qui dépend toujours à 35 % des importatio­ns de gaz russe pour sa consommati­on.

La semaine dernière, le géant de l’énergie russe, Gaz‐ prom, a réduit de 60 % ses ex‐ portations de gaz par l’oléo‐ duc Nord Stream 1, duquel l’Allemagne est très dépen‐ dante.

Berlin craint que la Russie n’en vienne à couper totale‐ ment cette voie d'approvi‐ sionnement. Le gouverne‐ ment a même mis en garde contre une pénurie de gaz, l’hiver prochain.

Les dirigeants des 27 pays de l’Union européenne ont également dit s’attendre à un hiver difficile, vendredi.

Réunis à Bruxelles, ils se sont engagés à réduire leur dépendance à l’énergie russe.

Mais à court terme, les pays d’Europe appellent à une coordinati­on plus étroite des achats de gaz et de pétrole en provenance de la Russie.

Cela permettrai­t d’éviter une surenchère entre les dif‐ férents pays européens en plus de limiter les redevances énergétiqu­es qui financent l’effort de guerre du Kremlin.

Les moyens de plafonner le prix du pétrole russe font d’ailleurs l’objet de discussion­s constructi­ves au G7, selon un responsabl­e allemand.

L’unité sur cette question, et plus généraleme­nt sur la manière d’aider l’Ukraine et de sanctionne­r la Russie, pour‐ rait définir cette rencontre du G7.

Elle a en tout cas été re‐ connue comme cruciale par le président américain, Joe Bi‐ den.

Nous devons rester unis. Poutine compte depuis le dé‐ but sur le fait que, d'une ma‐ nière ou d'une autre, l'OTAN et le G7 se diviseraie­nt. Mais nous ne l'avons pas fait et nous ne le ferons pas.

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