Les détaillants d’essence veulent une plus grande marge de profit
La hausse du prix de l’es‐ sence et les frais de carte de crédit rendent la vente d’essence insoutenable pour certains détaillants à l’Île-du-Prince-Édouard, se‐ lon le Conseil canadien de l’industrie des dépanneurs.
L’organisme demande à la Commission de réglementa‐ tion et d’appels de l’Île, qui ré‐ glemente le prix de l’essence dans la province, d’augmenter temporairement de 3 ¢ le litre la marge de profit des dé‐ taillants.
Les marges de détail dans la province à l’heure actuelle sont de 6 ¢ à 7 ¢ le litre pour l’essence libre-service et de 6 ¢ à 10,5 ¢ pour l’essence avec service. Les frais de carte de crédit correspondent toute‐ fois à un pourcentage du prix. Les hausses récentes du prix ont donc réduit les profits des détaillants.
Les consommateurs ont tendance à croire à tort que les détaillants gagnent plus d’argent lorsque le prix de l’es‐ sence augmente alors qu’en fait dans les provinces de l’At‐ lantique où le prix est régle‐ menté ils perdent de l’argent en raison des prix élevés, ex‐ plique Mike Hammoud, viceprésident en Atlantique du Conseil canadien de l’industrie des dépanneurs.
Les mécanismes en jeu Prenons par exemple un consommateur qui achète 50 litres d’essence libre-service chez un détaillant qui impose le prix minimum établi par la Commission. À 1 $ le litre, ce consommateur paierait 50 $, dont 3 $ pour la marge de profit du détaillant à 6 ¢ le litre.
Le Conseil canadien de l’in‐ dustrie des dépanneurs es‐ time que les frais de carte de crédit s’élèvent en moyenne à 1,5 %. Si le consommateur dans notre exemple utilise ce mode de paiement, l’entre‐ prise émettrice de la carte im‐ poserait des frais de 75 ¢ au détaillant. Le profit de ce der‐ nier serait donc réduit à 2,25 $.
À 2 $ le litre, la marge de profit des détaillants ne change pas. Le consomma‐ teur paie 100 $ et le détaillant ne touche toujours que 3 $. Les frais de carte de crédit sur cette transaction s'élèveraient toutefois à 1,50 $, ce qui ré‐ duirait d'autant le profit du détaillant.
La hausse des frais de carte de crédit devient insou‐ tenable pour certains dé‐ taillants d’essence, selon Mike Hammoud. Les détaillants qui connaissent le plus de difficul‐ tés pour cette raison se trouvent en milieu rural, dit-il. Révision en cours
Le Conseil canadien de l’in‐ dustrie des dépanneurs a pré‐ senté sa demande d'augmen‐ tation de la marge de profit des détaillants à la Commis‐ sion le mois dernier.
La Commission révise en ce moment les marges de profit des détaillants et des grossistes. L’exercice de révi‐ sion a commencé en sep‐ tembre 2021. La firme de consultants Kent Group pré‐ pare un rapport indépendant qui sera rendu public lorsqu’il sera terminé, indique la Com‐ mission. Aucune date d’échéance n’est établie pour cela.
Le gouvernement fédéral révise pour sa part les frais de carte de crédit. Adrienne
Vaupshas, attachée de presse au ministère des Finances du Canada, explique que le gou‐ vernement s’est engagé à ré‐ duire les frais de carte de cré‐ dit afin d’appuyer les petites entreprises et de protéger les programmes existants de fi‐ délisation des consomma‐ teurs.
Le ministère fédéral consulte les intervenants afin de trouver des solutions, ajoute-t-elle.
D’après un reportage de
Kevin Yarr, de CBC