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Migrants découverts dans une remorque au Texas : le bilan monte à 51 morts

- Anaïs Brasier

Le ministre mexicain des Affaires étrangères, Marce‐ lo Ebrard, a annoncé que le bilan des victimes après la découverte de dizaines de migrants dans une re‐ morque au Texas était pas‐ sé de 46 à 51 morts, dont 22 Mexicains, 7 Guatémal‐ tèques et 2 Honduriens. Il s'agit de 39 hommes et de 12 femmes, ont précisé les autorités.

Les autres ne sont pas en‐ core identifiés, a ajouté sur Twitter Marcelo Ebrard, qui a partagé les informatio­ns que les autorités américaine­s lui ont fournies. Nous sommes en deuil. Une énorme tragé‐ die. Le Mexique se joint à l’en‐ quête américaine, menée par le [départemen­t américain de la Sécurité intérieure]. L’en‐ quête ouverte portera sur des soupçons de trafic d'êtres hu‐ mains, a dit le départemen­t de la Sécurité intérieure.

Le premier bilan, lundi soir, était de 46 morts. Il est cepen‐ dant monté à 50 mardi matin. Deux corps supplément­aires ont été trouvés sur les lieux et deux personnes sont mortes à l’hôpital, selon CNN. Qua‐ torze personnes sont encore hospitalis­ées, souffrant de coups de chaleur et d’épuise‐ ment, notamment. Quatre enfants faisaient partie des personnes hospitalis­ées lundi soir, mais on ignore l’âge des deux personnes qui y ont per‐ du la vie depuis. Le bilan de‐ meure préliminai­re, selon les autorités.

Le départemen­t de la Sé‐ curité intérieure a confirmé que trois individus soupçon‐ nés de faire partie du complot de trafic d'humains sont déte‐ nus, sans préciser leur impli‐ cation dans cette affaire.

Les autorités américaine­s tentent encore de connaître l’origine et le chemin du ca‐ mion, entre autres pour sa‐ voir pendant combien de temps les migrants y ont été enfermés.

Le président Joe Biden montré du doigt

J’ai le coeur brisé et je prie pour ceux qui luttent encore pour leur vie, a déclaré le se‐ crétaire américain à la Sécuri‐ té intérieure, Alejandro

Mayorkas, sur ses réseaux so‐ ciaux. Beaucoup trop de vies ont été perdues pour ces indi‐ vidus – dont des familles, des femmes et des enfants – qui entreprenn­ent ce voyage dangereux.

Le président américain Joe Biden, actuelleme­nt au som‐ met de l'OTAN à Madrid, a ap‐ pelé mardi dans un communi‐ qué à lutter contre le trafic cri‐ minel, pesant plusieurs mil‐ liards de dollars, qui exploite les migrants et fauche beau‐ coup trop de vies innocentes.

Les premières informa‐ tions sont que cette tragédie a été causée par des [...] trafi‐ quants qui n'ont aucune considérat­ion pour les vies qu'ils mettent en danger et exploitent pour en tirer profit.

Joe Biden, président des États-Unis

Plusieurs ont montré du doigt le président et ses poli‐ tiques de frontières ouvertes, le disant responsabl­e de la si‐ tuation. Le premier a été le gouverneur du Texas, le répu‐ blicain Greg Abbott, qui a af‐ firmé sur Twitter que ces morts étaient le résultat du refus de M. Biden d'appliquer des lois plus sévères aux fron‐ tières.

Les trafiquant­s d'êtres hu‐ mains exploitent nos fron‐ tières ouvertes et les plus vul‐ nérables le paient de leur vie, a renchéri le sénateur texan Ted Cruz.

Mardi, le syndicat des pa‐ trouilleur­s frontalier­s, qui re‐ présente 18 000 travailleu­rs, s'est mis de la partie. Dans une série de gazouillis, il a soutenu que l'administra­tion Biden et ses politiques consti‐ tuent le plus gros facteur me‐ nant au chaos criminel à la frontière. Ils doivent accepter leur responsabi­lité, a-t-il ajou‐ té.

La crise migratoire est une épine dans le pied du pré‐ sident Biden depuis son arri‐ vée au pouvoir, en jan‐ vier 2021. Il avait alors promis d'annuler certaines politiques migratoire­s instaurées par son prédécesse­ur, Donald Trump, mais est depuis luimême sous le feu des cri‐ tiques des républicai­ns et des appels à agir des démocrates.

Une crise migratoire qui perdure

Le président mexicain, Andres Manuel Lopez Obra‐ dor, a d'abord blâmé mardi matin la pauvreté et le déses‐ poir pour ce drame.

Cela se produit parce qu’il y a du trafic d'humains et un manque de contrôle, dans ce cas-ci à la frontière, mais aussi à l’intérieur des États-Unis.

Andres Manuel Lopez Obrador, président mexicain

La situation migratoire est telle à San Antonio qu’un garde de sécurité qui travaille dans une cour à bois juste à côté de la scène, Edward Rey‐ na, a dit à la BBC ne pas être surpris d’entendre la nouvelle en commençant son quart lundi soir.

Il a ajouté ne plus pouvoir compter le nombre de fois où il a vu des migrants sauter du train qui passe à quelques mètres de l’endroit où le ca‐ mion a été trouvé.

Je savais que, tôt ou tard, quelque chose arriverait. Les passeurs qui les amènent jus‐ qu’ici ne s’en préoccupen­t pas.

L’autoroute I-35, qui passe tout près de la scène et qui traverse la ville de San Anto‐ nio depuis la frontière mexi‐ caine, est un corridor popu‐ laire pour les passeurs, no‐ tamment en raison de l’im‐ portant volume de camions qui y roulent chaque jour, se‐ lon un ancien enquêteur des services frontalier­s et de l'im‐ migration (ICE), Jack Station.

En mai, un record de 239 000 migrants sans papiers ayant traversé la frontière par le Mexique étaient détenus aux États-Unis.

Au moins 650 migrants sont morts l’an dernier en tentant de se rendre aux États-Unis, dans l’espoir d’un avenir meilleur, selon l’ONU.

Le président mexicain a confirmé qu’il participer­a à une rencontre avec son ho‐ mologue américain le 12 juillet pour discuter de la situation.

Le président du Guatema‐ la, Alejandro Giammattei, a quant à lui plaidé mardi matin pour une migration sécuri‐ taire, ordonnée et régularisé­e.

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