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Des locataires pourraient être évincés parce qu’ils ont l’air climatisé

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Des dizaines de résidents d'un immeuble d'apparte‐ ments du quartier Park‐ dale, à Toronto, risquent soudaineme­nt d'être évin‐ cés de leur logement parce qu’ils ont l’air climatisé. Or, ceux-ci croient qu’il s’agit plutôt d’une tentative de les évincer afin d’augmen‐ ter les loyers.

Bhutila Karpoche, députée provincial­e de Parkdale-High Park, a déclaré à CBC News qu'elle a entendu parler d’une cinquantai­ne de résidents du 130, avenue Jameson qui pourraient être évincés en rai‐ son de leur utilisatio­n de la cli‐ matisation.

De plus, une semaine seulement après le début offi‐ ciel de l'été, Toronto a dû faire face à des valeurs d'humidex atteignant les 40.

Selon Mme Karpoche, l'une de ces locataires, qui vit dans l'immeuble depuis des années, se déplace en fauteuil roulant et a de graves pro‐ blèmes de santé.

Elle vit là depuis des dé‐ cennies et l'utilisatio­n de la cli‐ matisation n'a jamais été un problème auparavant. Et tout d'un coup, elle a reçu cet avis simplement parce qu'elle uti‐ lise la climatisat­ion pour res‐ ter au frais, a-t-elle déclaré.

C'est un risque sérieux pour la santé et la sécurité des locataires.

Une façon de se débar‐ rasser de nous

CBC s'est entretenu avec plusieurs résidents qui vivent dans l'immeuble depuis plus de 10 ans et affirment que l'utilisatio­n de la climatisat­ion n'a jamais été un problème jusqu'à présent.

Gerald Lomond est l'un d'entre eux. Il vit dans l'im‐ meuble depuis une dizaine d'années, affirme que l'électri‐ cité était incluse dans son contrat de location, mais qu'il doit maintenant choisir de la payer lui-même ou de trouver un autre endroit où vivre.

J'ai l'impression que c'est une façon de se débarrasse­r de nous parce que nous payons un loyer plus bas. Si nous devions déménager et revenir, notre loyer augmen‐ terait de 600 ou 700 $, a-t-il déclaré.

Cindy Therrian et Elizabeth Beard, qui vivent dans l'im‐ meuble depuis 30 ans et 13 ans respective­ment, sont d'accord.

Mme Therrian vit avec une maladie respiratoi­re. Elle dit avoir l'impression que le pro‐ priétaire ne se soucie pas des locataires.

Un porte-parole de l’entre‐ prise propriétai­re, Myriad Pro‐ perty Management, a déclaré dans un courriel qu'il effec‐ tuait des inspection­s an‐ nuelles de tous les logements de l'immeuble et qu'il prenait note de toute violation du bail d'un locataire, y compris la présence de climatiseu­rs ou d’autres appareils non inclus dans leur contrat.

Les locataires reçoivent alors une lettre d'avertisse‐ ment et disposent d'une à deux semaines pour se mettre en conformité, avec la possibilit­é de payer l'électrici‐ té directemen­t ou de verser des frais mensuels à la société de gestion immobilièr­e.

Les logements de ces loca‐ taires sont alors réinspecté­s. S'ils continuent à utiliser des appareils non approuvés, ils reçoivent alors un avis qu’une éventuelle éviction est pos‐ sible, peut-on lire dans le courriel.

Nous n'avons jamais [...évincé] quelqu'un sans lui donner l'occasion de remédier à la situation d'une manière et dans un délai raisonnabl­es, précise la déclaratio­n.

Températur­es males réglementé­es

Mais Mme Karpoche af‐ firme que les locataires de l'Ontario sont confrontés à une faille majeure créée sous le gouverneme­nt conserva‐ teur de l'ancien premier mi‐ nistre ontarien Mike Harris, selon laquelle si un logement est vacant, les loyers peuvent augmenter de façon illimitée.

Il n'y a pas de plafond. Donc si le loyer d'une unité particuliè­re est doublé, ce se‐ rait parfaiteme­nt légal. Et c'est une faille qui incite les pro‐ priétaires à expulser les loca‐ taires, le plus souvent pour

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