L’Alberta enregistre un surplus de 3,9 G$, une remontée historique
Durant la dernière année, l'Alberta a connu les plus grands écarts sur le plan fiscal de son histoire. Après avoir projeté un déficit de 18,2 milliards de dollars pour 2021-2022, en pleine pandémie de COVID-19, la province termine l’année fiscale avec un surplus de 3,9 milliards.
C’est la première fois en sept ans que l'Alberta enre‐ gistre un surplus budgétaire.
Plus de la moitié de cette remontée fiscale historique est attribuable à l’augmenta‐ tion des revenus provenant des ressources non renouve‐ lables. Ceux-ci ont atteint un sommet historique de 16,2 milliards de dollars, soit 13,3 milliards de plus que pré‐ vu dans le budget de février 2021.
Plus spécifiquement, les redevances pétrolières ont été multipliées par 8 environ, passant d’une projection de 1,5 milliard à 11,6 milliards.
Face à l’incertitude causée par la pandémie de COVID-19, le gouvernement albertain avait initialement prévu des prix du baril de pétrole assez bas, mais la guerre en Ukraine les a fait exploser ces derniers mois. Plusieurs projets pétro‐ liers ont aussi atteint leur ma‐ turité cette année et ont com‐ mencé à générer des rede‐ vances pétrolières beaucoup plus élevées.
Également, l’acquisition par le gouvernement alber‐ tain d’une participation de 50 % dans la raffinerie Stur‐ geon a rapporté environ deux milliards de dollars cette an‐ née, un revenu inattendu.
En tout, l’Alberta a enregis‐ tré des revenus de 68,3 mil‐ liards de dollars, soit 24,6 mil‐ liards de plus que prévu. Les impôts personnels et corpo‐ ratifs ont augmenté de ma‐ nière considérable, preuve de la reprise économique postpandémie, mais l’Alberta a également obtenu 1,4 milliard de dollars de plus en trans‐ ferts du gouvernement fédé‐ ral que ce qu'elle anticipait.
Le gouvernement conser‐ vateur uni a également dé‐ pensé 2,5 milliards de dollars de plus que prévu, soit 64,4 milliards au total. Une bonne partie de cette aug‐ mentation est attribuable à une augmentation des coûts en santé en raison de la pan‐ démie de COVID-19. L’Alberta a également remboursé 1,3 milliard de dollars de sa dette, comme prévu. Rectificatif
Une version précédente de ce texte affirmait que l’Alberta a remboursé 1,5 milliard de dollars de sa dette en 2021-22, alors qu’il s’agit plutôt de 1,3 milliard de dollars.
La dette s’établit mainte‐ nant à 93,1 milliards de dol‐ lars, un peu moins que la pré‐ vision du dernier trimestre, qui était de 97,7 milliards de dollars. Lors du dépôt du budget, en février 2021, l’Al‐ berta anticipait une dette re‐ cord de 115,8 milliards de dol‐ lars.
Gérer la manne, le nou‐ veau défi de l’Alberta
Le Fonds du patrimoine a quant à lui atteint une valeur historique de 20 milliards de dollars. Ce fonds d’investisse‐ ment a été créé en 1976 pour faire fructifier à long terme une partie des revenus des ressources naturelles non re‐ nouvelables de l’Alberta.
Le nouveau ministre des Finances de la province, Jason Nixon, a fait part de son in‐ tention de présenter un pro‐ jet de loi à l’automne pour permettre à l’Alberta d’investir davantage dans ce fonds et d’y garder plus d’argent chaque année, ce qui génére‐ rait davantage de revenus.
Jason Nixon affirme que l’Alberta entre maintenant dans une nouvelle phase éco‐ nomique.
Ma priorité est de s’assurer que nous utilisons cet argent de manière responsable et d’éviter les erreurs des gou‐ vernements précédents en ce qui a trait à une manne finan‐ cière liée aux ressources non renouvelables.
Jason Nixon, ministre des Finances de l’Alberta
Le professeur d’économie à l’Université de Calgary Tre‐ vor Tombe estime que l’occa‐ sion est idéale pour commen‐ cer à isoler l’Alberta de la vola‐ tilité des prix du pétrole. Il ap‐ puie l’idée du gouvernement conservateur uni d’investir davantage dans le Fonds du patrimoine, car cela pourrait générer, à long terme, des re‐ venus beaucoup plus stables
que ceux du pétrole.
Si le gouvernement plani‐ fie d’y investir une majorité de la manne pétrolière pour quelques années, cela chan‐ gerait vraiment la donne. S’il n’y investit que quelques mil‐ liards de plus par année, cela ne changera pas grand-chose au final, estime l’expert.
Trevor Tombe estime que dans le premier scénario, l’Al‐ berta pourrait éliminer sa dette en dix ans.
L’inflation au coeur des préoccupations du NPD
La chef du Nouveau Parti démocratique de l’Alberta Ra‐ chel Notley estime que le gou‐ vernement doit investir da‐ vantage dans les systèmes d’éducation et de santé de la province. Mardi, elle a dénon‐ cé les problèmes à l’hôpital Rockyview de Calgary.
Elle affirme que si elle était première ministre aujourd’hui, elle réindexerait au taux d’in‐ flation les différents pro‐ grammes de soutien financier de la province, comme celui pour les personnes sévère‐ ment handicapées.
Elle appelle également le gouvernement à offrir immé‐ diatement le rabais annoncé pour le gaz naturel et à aug‐ menter celui pour l’électricité.
Le ministre Jason Nixon dit aussi considérer des mesures additionnelles pour aider les ménages à faire face à l’infla‐ tion, mais ne veut pas accen‐ tuer celle-ci en injectant trop d’argent dans l’économie. Il a déjà suspendu la taxe provin‐ ciale sur l’essence.