Centre L’Équilibre : l’abattage d’arbres pour un stationnement dénoncé par des citoyens
Des citoyens du centreville de Chicoutimi dé‐ plorent que quelques di‐ zaines d’arbres matures soient abattus derrière l’ancienne prison de Chi‐ coutimi, afin de construire un stationnement pour le futur centre de santé men‐ tale L’Équilibre.
La coupe d’arbres a débu‐ té mardi matin, après que des clôtures aient été installées la semaine dernière lors de la re‐ prise du chantier.
Unibec est responsable des travaux de construction, au coût de 16 M$, après que l’étape de la démolition et de l’excavation aient été complé‐ tées cet hiver dans l’ancienne prison qui sera transformée en centre de crise.
Le stationnement qui doit compter environ 45 places fai‐ sait déjà partie des esquisses présentées lors de l’annonce du projet en avril 2021.
Des citoyens de la rue La‐ fontaine, située en face du terrain où le stationnement sera aménagé, ne s’atten‐ daient toutefois pas mardi matin à voir de grands arbres matures être abattus, alors que plusieurs arbres appa‐ raissent sur les esquisses pré‐ sentées.
Éric Leduc, un citoyen qui habite la rue, s’est mobilisé avec une dizaine d’autres rési‐ dents du secteur. Ils ont inter‐ pellé la conseillère municipale du district, Mireille Jean, et le candidat de Québec solidaire dans Chicoutimi-Le Fjord, Adrien Guibert-Barthez.
Éric Leduc était attristé de voir les arbres qu’il a vu gran‐ dir en face de chez lui tomber sous la tronçonneuse des tra‐ vailleurs.
J’ai un petit peu envie de pleurer, j’ai un petit shake à l’intérieur. Moi, ça fait 30 ans que je reste sur la rue. Ces arbres-là, ils étaient pas mal plus petits que ça quand je suis arrivé. C’est triste, c’est triste.
Éric Leduc, résident de la rue Lafontaine
La conseillère Mireille Jean s’est déplacée sur les lieux en après-midi et a tenté de faire suspendre la coupe des arbres, après des discussions avec l’entrepreneur.
Les coupes ont alors été interrompues un moment. Elles ont repris après vérifica‐ tions, puisque les travaux avaient obtenu toutes les au‐ torisations municipales pour aller de l’avant.
Le directeur général de l’Office municipal d’habitation (OMH) de Saguenay, Éric Gau‐ thier, est également allé sur place à la rencontre des ci‐ toyens. L’OMH est derrière l’organisme Hébergement Plus, qui pilote le projet de centre de santé mentale.
Ils nous ont bien promis qu’ils en replanteraient d’autres, on verra bien, a rap‐ porté Éric Leduc. Mais là, c’est le fait accompli. Ils ne peuvent rien faire, les contrats sont oc‐ troyés, les permis sont oc‐ troyés.
Obligation de construire un stationnement
De grands cèdres, situés à droite de l’ancienne prison, ont également été coupés. Les prochains arbres qui se‐ ront coupés ont été identifiés d’une marque de peinture. Quelques grands arbres se‐ ront cependant épargnés, ain‐ si que les arbres situés en contrebas du terrain.
Une vingtaine d’arbres se‐ ront coupés au total, selon l’OMH. L’organisation assure être sensible à la situation et que tout a été fait pour sau‐ ver le plus d’arbres possibles, mais que l’aménagement d’un stationnement est exigé par Saguenay en raison de la cin‐ quantaine de chambres et d’appartements de transition prévus dans le projet.
En fonction des règle‐ ments municipaux, il y a un nombre de stationnements requis par rapport à la gros‐ seur du projet , a expliqué Adam Boivin, directeur géné‐ ral adjoint de l’OMH Sague‐ nay.
L’OMH aurait plutôt privi‐ légié d’autres options que celles d’aménager un station‐ nement, si cela avait été pos‐ sible.
Si on n’est pas obligé, on n’en aurait pas fait, évidem‐ ment. Mais les règles nous obligent, le besoin de station‐ nement est nécessaire là pour la clientèle, pour les profes‐ sionnels qui vont être au centre de santé, également. Donc, il va y avoir plein de gens qui vont travailler.
Adam Boivin, directeur gé‐ néral adjoint de l’OMH de Sa‐ guenay
Plusieurs arbres seront plantés pour compenser les arbres abattus, assure l’orga‐ nisation.
Une réflexion sur l’urba‐ nisme et la mobilité
Si la conseillère municipale Mireille Jean n’a pu faire cesser l’abattage des arbres, elle es‐ time néanmoins que la situa‐ tion doit mener à une ré‐ flexion plus large sur les règle‐ ments d’urbanisme à Sague‐ nay.
Je pense qu’on a une ré‐ flexion à faire de façon sé‐ rieuse, parce que, pour le mo‐ ment, ce qui est proposé, ça respecte les règlements d’ur‐ banisme. Mais les règlements d’urbanisme, peut-être qu’on devrait les revoir, justement pour faire en sorte que les stationnements, lorsqu’on en prévoit au centre-ville, qu’on les prévoit dans leur globalité et non pas à la carte comme on est en train de le voir , a-telle déploré.
La mobilité du centre-ville doit être davantage réfléchie, croit celle qui est également présidente du comité consul‐ tatif d’urbanisme de Sague‐ nay et de celui de Chicoutimi.
Comment on fait la mobili‐ té dans notre centre-ville? Elle doit être repensée pour juste‐ ment éviter, lorsqu’on a des espaces verts, ou du patri‐ moine naturel comme on l’a ici, qu’il se retrouve à être en danger parce que les règle‐ ments imposent de faire des stationnements.
Mireille Jean,
conseillère municipale du district 8
Adrien Guibert-Barthez, candidat de Québec solidaire dans Chicoutimi-Le Fjord, es‐ time que les arbres abattus font partie de l’histoire du centre-ville.
Je trouve ça complètement aberrant, complètement inac‐ ceptable qu’on rase des arbres qui ont plus de 40 ans, des arbres qui font partie de l’histoire de Chicoutimi et qu’on les coupe pour finale‐ ment faire un autre stationne‐ ment à Chicoutimi, ça n’a pas de bon sens , a-t-il dénoncé, après s’être rendu sur place pour rencontrer les citoyens.
Il critique que les efforts de conservation de l’ancienne prison, construite en 1929, n’aient pas été appliqués éga‐ lement au paysage. Si on a réussi à garder une partie du mur de l’ancienne prison pour une raison historique, on de‐ vrait pouvoir garder quelques arbres pour la même raison , estime-t-il.