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The Janes, un nouveau documentai­re sur l’avortement aux États-Unis

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Sortie sur HBO, et Crave au Canada, le 8 juin dernier, The Janes relate l’histoire d’un réseau clandestin qui permettait aux femmes de se faire avorter dans les an‐ nées 1960 à Chicago. Réali‐ sé par Tia Lessin and Emma Pildes, ce documentai­re décrit la réalité de l’avorte‐ ment aux États-Unis avant l’arrêt Roe c. Wade en 1973.

C’est ce même arrêt que la Cour suprême a invalidé ven‐ dredi dernier laissant de nom‐ breuses personnali­tés artis‐ tiques américaine­s inquiètes pour l’avenir du droit à l’avor‐ tement dans leur pays.

L’histoire d’un réseau clandestin

The Janes est l’histoire de femmes composant ce réseau clandestin d’avortement qui utilisaien­t des noms de code, et des couverture­s et des re‐ fuges pour se protéger. Elles se faisaient ainsi appeler Jane et se cachaient aussi dans des refuges.

Sept de ces femmes ont été arrêtées au printemps 1972, quand la police a fait une descente dans un appar‐ tement du sud de Chicago.

Des coréalisat­rices dé‐ couragées

Je suis vidée, a déclaré Tia Lessin à Deadline. Cela fait plusieurs mois que nous ti‐ rons la sonnette d'alarme. Et même si la fuite [de la nou‐ velle en mai dernier] nous a donné un aperçu des choses à venir, je pense que le fait de vivre ce moment maintenant est déchirant.

L’autre coréalisat­rice de The Janes, Emma Pildes, n’en revient pas que la Cour su‐ prême a enterré un jugement qui va forcer les femmes vi‐ vant dans certains États à se faire de nouveau avorter dans la clandestin­ité. Avec tout ce que l’on sait sur les consé‐ quences de la criminalis­ation de l'avortement. Tout va se reproduire. Des femmes vont mourir, être blessées, humi‐ liées et agressées sexuelle‐ ment.

Plusieurs autres films trai‐ tant de la question de l’avor‐ tement ont été faits aux États-Unis ces dernières an‐ nées, dont Roe v. Wade : La véritable histoire de l'avorte‐ ment (Reversing Roe). On peut voir ce document réalisé par Annie Sundberg et Ricki Stern en 2018 sur Netflix.

Certaines femmes plus touchées

Les réalisatri­ces de ces deux documentai­res pensent que les femmes pauvres et de couleur feront plus les frais de la décision de la Cour su‐ prême.

Annie Sundberg explique que son film montre bien que les femmes qui avaient de l’ar‐ gent pouvaient se payer un avortement. Même si ce n'était pas toujours sécuri‐ taire.

Tia Lessin ajoute que son documentai­re montre claire‐ ment que les femmes qui ha‐ bitent loin des villes et loin des frontières avec les États permettant l’avortement n’y auront pas accès. Ces femmes ne peuvent pas se permettre de s'absenter de leur travail, de faire garder leurs enfants pour quitter leur domicile un jour ou deux.

Toutefois, Tia Lessin est in‐ quiète des lois interdisan­t l’avortement dans certains États qui sont encore plus sé‐ vères qu’avant 1973. Ces lois sont beaucoup plus punitives que tout ce qui existait à l'époque des Janes. Dans cer‐ tains États, il n'y a aucune ex‐ ception pour les victimes de viol ou d'inceste. Les gens sont incités à espionner leur voisinage, les membres de leur famille et à les dénoncer, soutient-elle.

Les cinéastes s’inquiètent également des prochaines dé‐ cisions que la Cour suprême pourrait prendre, notamment pour les droits des membres de la communauté LGBTQ+ et l’accès aux moyens de contra‐ ception.

Ce n’est que la pointe de l’iceberg, soutient Emma Pildes. C'est une guerre contre les femmes. C'est dangereux et ça commence vraiment à ressembler à de la tyrannie et à la chute d'une démocratie.

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