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Les restes d’un soldat terre-neuvien enterrés 104 ans après sa mort

- Patrick Butler

Un soldat terre-neuvien de la Première Guerre mon‐ diale a enfin été enterré jeudi, plus d’un siècle après sa mort.

Cette cérémonie résulte de quatre années de recherches menées sur deux continents. Elle a rassemblé une douzaine de membres de la famille du soldat John Lambert, qui croyaient ne jamais pouvoir visiter sa tombe.

Originaire de Saint-Jean, à Terre-Neuve-et-Labrador, le soldat Lambert avait 17 ans quand il est mort, le 16 août 1917, lors de la bataille de Langemarck.

En 2016, des archéologu­es belges ont découvert par acci‐ dent les restes de quatre mili‐ taires, dont des ossements et des fragments de l’uniforme d’un membre du régiment de Terre-Neuve.

C'était le seul indice qu'on avait qu’il y avait un soldat terre-neuvien parmi les quatre individus. Donc, si on ne l’avait pas eu, on n’aurait peut-être pas été capables de faire l’identifica­tion, explique Sarah Lockyer, coordonna‐ trice du Programme d’identifi‐ cation des pertes militaires, qui a rapidement été envoyée en Europe pour prélever des échantillo­ns d’ADN.

À Terre-Neuve, Greg Walsh a aussi été recruté pour aider aux efforts. Le directeur des archives provincial­es, un centre qui héberge des mil‐ liers de documents du Régi‐ ment royal de Terre-Neuve, a identifié une quinzaine de sol‐ dats disparus dans le secteur rural où les squelettes ont été retrouvés.

J’avais cette liste de noms de personnes mortes il y a 105 ans et il a fallu trouver leurs descendant­s, soit à Terre-Neuve, au Canada, ou ailleurs dans le monde, ex‐ plique Greg Walsh. Pendant des mois, il a fouillé dans des archives gouverneme­ntales et religieuse­s, et scruté les ré‐ seaux sociaux et les sites web, dont ancestry.ca. Il a même utilisé le bottin téléphoniq­ue.

Une nouvelle tant at‐ tendue

Greg Walsh n’était pas cer‐ tain de réussir. Certains sol‐ dats étaient enfants uniques. Dans d’autres cas, il était inca‐ pable de trouver des descen‐ dants ou la famille ne s’inté‐ ressait pas au projet.

En fin de compte, une poi‐ gnée de familles ont fourni des échantillo­ns d’ADN au la‐ boratoire de Sarah Lockyer, qui a pu confirmer les résul‐ tats à la famille Lambert en 2020.

J’étais étonnée quand on a eu la nouvelle, explique Anne Smith, la nièce du soldat.

Quelles sont les chances que ça nous arrive 104 ans après sa mort? datAnne Smith, nièce du sol‐

Une cérémonie émou‐ vante

L’enterremen­t du soldat Lambert a dû attendre jus‐ qu’en 2022 à cause de la pan‐ démie et des restrictio­ns sur les déplacemen­ts. La cérémo‐ nie a eu lieu jeudi, en matinée, au cimetière New Irish Farm, près d’Ypres, en Belgique.

Les restes du soldat terreneuvi­en, de cinq militaires bri‐ tanniques et d’un Allemand ont été enterrés pendant les funéraille­s auxquelles Sarah Lockyer, Greg Walsh et une douzaine de membres de la famille Lambert ont assisté.

Je pense qu’il va y avoir beaucoup d’émotions, a dit Greg Walsh quelques jours avant la cérémonie. Mais je pense que je vais aussi res‐ sentir un sentiment de satis‐ faction pour y avoir contri‐ bué.

Depuis sa création en 2007, le Programme d’identifi‐ cation des pertes militaires a pu identifier 35 soldats de la Première Guerre mondiale, de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée.

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