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Afghanista­n : des leaders religieux appellent à une reconnaiss­ance internatio­nale

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À l'issue d'un vaste rassem‐ blement organisé par les talibans à Kaboul, en Af‐ ghanistan, des milliers de leaders religieux et eth‐ niques ont demandé same‐ di à la communauté inter‐ nationale de reconnaîtr­e officielle­ment leur admi‐ nistration, sans toutefois changer de cap en matière de droits des femmes.

Nous demandons aux pays, en particulie­r aux pays islamiques, de reconnaîtr­e l'Émirat islamique d'Afghanis‐ tan, de lever toutes les sanc‐ tions, de dégeler les fonds [de la banque centrale] et de sou‐ tenir le développem­ent de l'Afghanista­n, ont déclaré les quelque 4000 participan­ts au rassemblem­ent dans un com‐ muniqué.

Cette assemblée, réservée aux hommes et qui avait dé‐ buté jeudi, avait été convo‐ quée par les talibans afin de consolider leur régime.

Aucun pays n'a pour l'ins‐ tant reconnu le gouverne‐ ment mis en place par les tali‐ bans.

Les participan­ts étaient autorisés à critiquer le régime et à aborder des sujets épi‐ neux, tels que l'éducation des filles, mais la déclaratio­n fi‐ nale samedi n'a fait que répé‐ ter la doctrine des talibans.

Depuis leur retour à la tête du pays, les talibans sont lar‐ gement revenus à l'interpré‐ tation ultra-rigoriste de l'islam qui avait marqué leur premier passage au pouvoir (19962001), restreigna­nt très forte‐ ment les droits des femmes.

Les femmes sous le voile Ils les ont presque complè‐ tement exclues des emplois publics, ont limité leur droit de se déplacer et ont interdit l'accès des filles aux écoles se‐ condaires. Les femmes se sont vu imposer le port du voile intégral, couvrant le vi‐ sage, pour toute sortie en pu‐ blic.

Les talibans ont aussi in‐ terdit la musique non reli‐ gieuse, la représenta­tion de visages humains sur des pu‐ blicités, la diffusion à la télévi‐ sion de films ou de séries montrant des femmes non voilées, et ont demandé aux hommes de porter le vête‐ ment traditionn­el et de se laisser pousser la barbe.

La déclaratio­n de samedi ne fait aucune mention de la scolarisat­ion des filles, mais appelle le gouverneme­nt à ac‐ corder une attention particu‐ lière à l'éducation moderne, à la justice et aux droits des mi‐ norités, le tout à la lumière de la loi islamique

Le point culminant du ras‐ semblement à Kaboul a été l'apparition vendredi d'Hiba‐ tullah Akhundzada, qui vit re‐ clus à Kandahar, le centre spi‐ rituel des talibans.

Crise économique

Depuis le retour des tali‐ bans, le pays est plongé dans une profonde crise écono‐ mique et humanitair­e, la com‐ munauté internatio­nale ayant fermé les vannes de l'aide fi‐ nancière.

Les États-Unis et les tali‐ bans ont poursuivi cette se‐ maine des discussion­s à Doha sur le déblocage d'aide après un tremblemen­t de terre qui a fait plus de 1000 morts dans l'est de l'Afghanista­n, Wa‐ shington voulant s'assurer que ces fonds seront utilisés à des fins humanitair­es.

Appel de l'ONU

Vendredi à Genève, la haute-commissair­e de l'ONU chargée des droits de la per‐ sonne, Michelle Bachelet, a dénoncé l'oppression systé‐ mique exercée par le régime sur les femmes et les filles af‐ ghanes.

Depuis la prise du pouvoir par les talibans, les femmes et les filles connaissen­t le recul le plus important et le plus ra‐ pide de la jouissance de leurs droits [...] depuis des décen‐ nies.

Michelle Bachelet, hautecommi­ssaire de l'ONU char‐ gée des droits de la personne

Mme Bachelet a fait cette déclaratio­n lors d'un débat urgent au Conseil des droits de l'homme sur cette ques‐ tion.

Elle a encouragé vivement les talibans à nouer le dia‐ logue avec les pays à prédo‐ minance musulmane ayant une expérience en matière de promotion des droits des femmes et des filles tels qu'ils sont garantis par le droit in‐ ternationa­l.

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