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La GRC aurait espionné des soutiens au régime d’assurance-maladie il y a 60 ans

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Des documents montrent que la Gendarmeri­e royale du Canada (GRC) a espion‐ né en Saskatchew­an des activistes favorables au ré‐ gime universel d'assu‐ rance-maladie il y a 60 ans craignant qu’ils ne soient des sympathisa­nts commu‐ nistes.

La Saskatchew­an Medical Care Insurance Act est entrée en vigueur le 1er juillet 1962.

Mais des documents obte‐ nus par Dennis Gruending, ancien journalist­e de CBC et ex-député, aujourd'hui auteur à Ottawa, montrent que la GRC considérai­t les partisans de la loi comme des commu‐ nistes.

La GRC était très préoccu‐ pée par ce qu'elle considérai­t comme une menace commu‐ niste , explique M. Gruending à CBC.

La surveillan­ce a eu lieu pendant la guerre froide, alors que les tensions étaient éle‐ vées, et que de nombreuses personnes étaient soupçon‐ nées, a-t-il noté.

Dennis Gruending a passé au crible plus de 200 docu‐ ments pour arriver à cette conclusion.

À l'époque, la GRC espion‐ nait les membres du Parti communiste, mais la police a également jeté un filet beau‐ coup plus large pour espion‐ ner à peu près tous ceux qui avaient des tendances pro‐ gressistes.

Les documents indiquent aussi que la police fédérale gardait un oeil sur les méde‐ cins locaux et internatio­naux.

Selon Dennis Gruending, il s'agissait notamment de mé‐ decins venus de Grande-Bre‐ tagne pour combler les vides laissés par les médecins qui avaient quitté leur poste en réaction à l'introducti­on du projet de loi, ainsi que de per‐ sonnes locales qui établis‐ saient des cliniques avec des médecins sympathisa­nts.

La GRC pensait qu'elle pro‐ tégeait la démocratie, mais quand je regarde les docu‐ ments et que je les compare [à] ce qui s'est passé, je ne le vois tout simplement pas de cette façon, dit M. Gruending.

Une période très tendue

Les parents de Sally Ma‐ hood, une médecin saskat‐ chewanaise, faisaient partie des médecins locaux.

Mme Mahood décrit ses parents comme des défen‐ seurs des idées progressis­tes de l'époque.

C'était une période très tendue dans la province, ditelle.

Mme Mahood espère que les gens tireront des leçons des récentes révélation­s et qu'ils réfléchiro­nt aux per‐ sonnes que la police surveille actuelleme­nt et aux valeurs sociales qu'elles défendent, comme les questions raciales.

Ce qui m'afflige, c'est que la GRC n'a pas à justifier pour‐ quoi elle suit des citoyens or‐ dinaires, qui sont membres de partis politiques légitimes et qui font de l'activisme poli‐ tique légitime, et qu'elle n'a ja‐ mais à répondre de ce com‐ portement, mentionne-t-elle. Un enjeu politique

Le premier ministre de la Saskatchew­an de l’époque Tommy Douglas, avait fait la

promotion de son plan d'as‐ surance-maladie pendant l'élection, selon M. Gruending.

M. Douglas a remporté cette élection, et le projet de loi a ensuite été débattu à l'assemblée législativ­e avant d'être adopté.

Je ne sais donc pas com‐ ment la GRC a pu croire qu'elle protégeait la démocra‐ tie en espionnant des per‐ sonnes qui faisaient la promo‐ tion de l'assurance-maladie, estime M. Gruending.

Avec les informatio­ns de Dayne Patterson

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