Vitalité qualifié de « repoussoir » par des Acadiens influents
Dans une lettre publiée dans l'Acadie Nouvelle lun‐ di, Denis Losier, Rino Volpé, Bernard Richard et le Dr William (Bill) Laplante dé‐ noncent la gestion du Ré‐ seau de santé Vitalité qu’ils qualifient de « repous‐ soir ».
Démissions de spécialistes, départs précipités à la re‐ traite, difficulté à recruter des étudiants en médecine aca‐ diens : les quatre signataires de la lettre estiment que notre système de santé est notre plus grand malade et il a besoin de soins urgents.
Rino Volpé est un ancien PDG du réseau Vitalité, Ber‐ nard Richard a été ombuds‐ man du Nouveau-Brunswick, Denis Losier est un ancien PDG d’Assomption Vie et a été ministre provincial alors que le Dr Laplante est médecin à la retraite et trésorier du groupe Égalité santé en fran‐ çais.
Un climat malsain dé‐ noncé
Ils sont particulièrement durs avec la direction du Ré‐ seau de santé Vitalité.
La direction semble sousestimer le problème et ne pas voir la grogne qui s’amplifie tous les jours, pensent-ils.
Selon eux, des problèmes de gestion contribuent à la pénurie de personnel au ré‐ seau.
Vitalité doit retrouver sa crédibilité pour retenir et re‐ cruter le personnel tant né‐ cessaire et renouer avec la qualité, écrivent-ils.
En entrevue à l’émission La matinale, Denis Losier, ex‐ plique que les signataires ont parlé à plusieurs employés du réseau, incluant des infir‐ mières et des médecins. Ceuxci leur ont confié qu’il existe un climat de travail malsain à Vitalité.
Il y a un climat de peur qui existe, dit-il.
Selon lui, le conseil d'admi‐ nistration est redevable à la population et doit se pencher sur ces questions.
Qu’est-ce qui fait que le cli‐ mat de travail est aussi mal‐ sain? Est-ce que le conseil d'administration prend la si‐ tuation au sérieux? On n’est pas sûrs.
Denis Losier, signataire Le ministère de la Santé a annoncé jeudi la nomination d’un nouveau président du conseil d’administration de Vi‐ talité, soit l’avocat de Monc‐ ton Mathieu Picard.
Pour une enquête ex‐ terne
Les signataires de la lettre estiment que pour le bien à tous, une enquête indépen‐ dante externe s’impose. Selon eux, une telle enquête serait un premier pas vers la trans‐ parence alors que l’opacité ac‐ tuelle est un véritable danger pour notre système de santé.
Ils suggèrent aussi au conseil d’administration de se doter d’une ligne 1-800 pour que le personnel du réseau puisse partager ses inquié‐ tudes de façon confidentielle.
M. Losier rappelle que le réseau est un employeur ma‐ jeur avec ses 9000 employés et que dans le secteur privé, une entreprise de taille com‐ parable aurait un mécanisme d’évaluation de ses cadres.
Il ne semble pas y avoir d’indicateurs de performance. Il faudrait une évaluation des pratiques de gestion au ni‐ veau des ressources hu‐ maines, estime M. Losier.
Des armes pour une fu‐ sion
Selon la lettre publiée dans l’Acadie Nouvelle, il y a des risques à ne pas régler les pro‐ blèmes qui existent au sein du réseau.
Vitalité, par son incapacité évidente à gérer de façon compétente notre réseau, en particulier ses ressources hu‐ maines, donne tacitement au gouvernement le prétexte dont il a besoin pour le fu‐ sionner avec Horizon, peuton lire.
Cette idée refait surface ponctuellement dans l'actuali‐ té. Récemment, l'ancien chef de l'Alliance des gens du Nou‐ veau-Brunswick, maintenant député conservateur, Kris Austin a voulu discuter de cette idée au caucus de son parti, mais la proposition a été rejetée rapidement par le chef Blaine Higgs.
Malgré tout, Denis Losier craint que les Acadiens perdent certains acquis dans la foulée de la crise des soins de santé.
Tout le monde a besoin du système hospitalier. On a tra‐ vaillé tellement longtemps, la population acadienne, pour avoir un réseau qui offrait des services de qualité, on ne peut pas se permettre actuel‐ lement de perdre ces serviceslà pour lesquels on s’est bat‐ tus pendant les 50 dernières années, déplore-t-il.
Radio-Canada a demandé aux responsables du Réseau de Santé Vitalité de répondre à cette lettre, mais pour le moment nous n'avons pas eu de réponse.
Avec des informations de l'émission La matinale d'ICI Acadie
sident de Windsor
Cette crainte du rejet, Phi‐ lippine Ishak le constate aussi. Gestionnaire principale à 5W, un organisme de Windsor qui aide notamment les femmes immigrantes à accéder au marché du travail, elle est bien souvent témoin de situa‐ tion où ses clientes hésitent à se confier sur leurs problèmes de santé mentale.
Le plus grand défi est sou‐ vent la stigmatisation que les gens associent aux maladies de santé mentale , explique-telle.
La méconnaissance du milieu
Il est déjà arrivé à Richard Makitu Dolomingo d'éprouver anxiété et stress intense, mais quand il a besoin d’aide, il puise dans ses propres res‐ sources.
Je recours à mes méthodes personnelles, aller faire du sport. Il m’est arrivé un jour de me réveiller à minuit pour aller faire mon sport, j’ai tra‐ vaillé et je suis rentré. C'était fini, confie-t-il.
Dans les situations plus graves, il fait appel à son en‐ tourage.
Lorsque j’ai un problème qui me dépasse, je peux aller voir mon frère, je peux voir les personnes qui m'entourent et peuvent résoudre mon pro‐ blème, confie-t-il.
Il pourrait arriver que je puisse tomber suite au stress, c’est à ce moment-là que peut être où je n'aurais pas la vo‐ lonté pour y aller, les gens pourront m’y emmener, mais de moi-même, je n’ai jamais pensé à y aller quand j’ai un problème d'anxiété ou de stress.
Richard Makitu Dolomin‐ go, résident de Windsor
Il admet aussi que même s'il voulait chercher de l'aide à l'extérieur, il ne saurait pas vers qui se tourner. Un constat que partage Jacques Lehani Kagayo.
Les gens n'ont pas assez d'informations sur ces ser‐ vices, les gens ne parviennent pas à prendre ces services parce qu’ils ne sont pas assez informés, explique-t-il.
Des pistes de solution Pour Jacque Lehani Ka‐ gayo, il faudrait aller plus loin et explorer comment les ser‐ vices de ce type sont perçus dans leur pays d’origine et uti‐ liser la terminologie rassu‐ rante pour convaincre les gens d'y avoir recours.
Basile Bakumbane est du même avis. Selon lui, il fau‐ drait expliquer aux nouveaux arrivants dès leur arrivée, l’im‐ portance des services de san‐ té mentale.
Ce n’est pas qu’ils n’en ont pas besoin. Ils ignorent que cela existe et que cela peut être une solution, dit-il.
On n’est pas suffisamment informés. On n’y va pas. Des fois on dit qu’on sait régler nos problèmes, on croit que ça va se calmer en nous, on ne sait pas que ça aura des ré‐ percussions sur notre mental plus tard.
Basile Bakumbane
Selon lui, le mieux serait de multiplier les séances d'infor‐ mation sur l’importance de cette question parce qu’il y a un problème culturel.
Si l'information circule et que la communauté l’adopte, le reste va aller de soi, affirmet-il.
La sensibilisation est cer‐ tainement une bonne ave‐ nue, selon l'expérience de Phi‐ lippine Ishak qui constate que quand la barrière de la peur est surmontée, les clients commencent à parler, ac‐ ceptent les conseils et des propositions de traitement.
Maisha Buuma, professeur de psychothérapie à l'Univer‐ sité Saint-Paul d’Ottawa, plaide aussi en faveur de la promotion des services de santé mentale auprès des nouveaux arrivants.
Je dirai que la population immigrante africaine consulte très peu [...] ils sont moins nombreux, ils sont rares en termes de fréquence [...]., ex‐ plique-t-il.
Pour lui, c'est d'ailleurs aux organismes communautaires que revient le rôle d'élargir la compréhension du concept de santé auprès de ces groupes.