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Faute de place en centre jeunesse, des adolescent­es logées en CHSLD et à l’hôtel

- Davide Gentile

Frappé par une sérieuse pénurie de personnel, le CISSS des Laurentide­s a dû déménager 10 adoles‐ centes du nord au sud des Laurentide­s. C'est d'abord le CHSLD Drapeau-Des‐ chambault de Sainte-Thé‐ rèse qui a été utilisé début juin. Et depuis quelques se‐ maines, l'établissem­ent a créé un « site d'héberge‐ ment non traditionn­el de désengorge­ment » à l'hôtel Day's Inn de Blainville, en banlieue nord de Montréal. Une dizaine d'adolescent­es y sont hébergées dans une partie réservée du bâti‐ ment.

Il y a une entrée indépen‐ dante pour notre unité de désengorge­ment. Les filles ne sont pas en contact avec le reste de la population qui a un hébergemen­t à l’hôtel Day’s Inn, explique Myriam Briand, directrice de la protec‐ tion de la jeunesse des Lau‐ rentides.

C'est la hausse fulgurante du nombre de signalemen­ts depuis le début de la pandé‐ mie qui pose problème. On est passé de 11 000 à 13 000 signalemen­ts l'an pas‐ sé, explique la directrice. Des unités d'hébergemen­t qui comptent normalemen­t 11 ou 12 adolescent­es en lo‐ geaient parfois jusqu'à 14. Le CISSS des Laurentide­s devait donc impérative­ment trouver des solutions.

Le nombre d'adolescent­es aux sites d'Huberdeau et de Sainte-Sophie dans le nord du territoire a augmenté à un moment où l’embauche deve‐ nait de plus en plus difficile. Le CISSS des Laurentide­s a donc dû aménager le site de désengorge­ment à Blainville, dans le sud du territoire – à plus de 80 kilomètres de route d’Huberdeau –, où les profession­nels sont plus fa‐ ciles à trouver.

Pour avoir le personnel re‐ quis, c'est plus facile au sud. Blainville, c'est bien situé et les gens veulent travailler à cet endroit-là, précise Mme Briand.

Les dix chambres sont tout à fait adaptées aux ser‐ vices qui doivent être offerts à ces adolescent­es, des cas considérés comme légers qui cheminent vers l'autonomie. On a des aires communes et un accès à des locaux pour faire de l'exercice physique. On est en mesure de déployer l'ensemble de l'offre de ser‐ vice avec du personnel éduca‐ teur, des infirmière­s et des gardiens d'institutio­n, énu‐ mère Mme Briand. L'hôtel au‐ rait été loué pour six mois, avec la possibilit­é de prolon‐ ger le bail au besoin.

L'Alliance du personnel profession­nel et technique de la santé (APTS), qui repré‐ sente les profession­nels du CISSS des Laurentide­s, pense que les nombreux déplace‐ ments sont problémati­ques.

On aurait dû trouver d’autres solutions plutôt que de les rapatrier dans un hôtel.

Marie-Ève Meilleur, repré‐ sentante de l'APTS, région des Laurentide­s

Le syndicat fait cependant le même constat que la direc‐ tion quant aux sources du problème. L'augmentati­on des signalemen­ts a créé un cercle vicieux qui frappe dure‐ ment le niveau de services of‐ ferts. Mais l'APTS estime que, malgré toute sa bonne volon‐ té, le personnel du site d'hé‐ bergement non traditionn­el de désengorge­ment de Blain‐ ville en a plein les bras.

À l'hôtel, c'est principale‐ ment du personnel d'agences, de la main-d'oeuvre indépen‐ dante ou de nouveaux em‐ ployés du CISSS des Lauren‐ tides, explique Marie-Ève Meilleur. Une autre profes‐ sionnelle, qui a tenu à conser‐ ver l'anonymat, ajoute que l'affaire illustre l'ampleur de la crise qui frappe le secteur. Ils ont beau faire des efforts, un hôtel sans espace vert, c'est pas idéal pour des jeunes femmes en crise.

Les infrastruc­tures du CISSS des Laurentide­s sont souvent parmi les plus vieilles, alors que la population de la région augmente rapidement. On devrait bientôt lancer la constructi­on d'un tout nou‐ veau centre jeunesse dans le sud du territoire.

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