Interdiction de la barbe chez les agents de sécurité : des Sikhs s’insurgent
Des Sikhs se disent contraints de quitter leur emploi en raison d’un rè‐ glement de la Ville de To‐ ronto selon lequel ils doivent être rasés de près.
La World Sikh Organiza‐ tion [WSO, Organisation mon‐ diale sikhe, traduction libre] demande à la Ville de Toronto de modifier cette règle, qu’elle qualifie de discriminatoire et qui fait partie des contrats de travail.
La règle interdisant les barbes a coûté leur emploi à une centaine de Sikhs, peuton lire dans un communiqué de l'organisation publié lundi matin.
Or, la Ville de Toronto a ré‐ agi à la nouvelle en soirée lun‐ di et a demandé aux souscontractants de supprimer cette exigence.
L'efficacité des masques réduite
La Ville exige depuis jan‐ vier que les agents de sécuri‐ té, qui travaillent pour des sous-contractants comme GardaWorld, ASP Security et Star World, portent des masques N95 lorsqu'ils sont au travail dans des lieux de rassemblement, peut-on lire dans un communiqué émis par la WSO lundi.
Selon un courriel d'une en‐ treprise de sécurité examiné par CBC News, on y indique que les poils du visage ré‐ duisent l'efficacité des masques N95.
Les agents de sécurité si‐ khs ont du mal à accepter cette règle.
Je me sens très humilié, a déclaré Birkawal Singh Anand, qui travaille pour ASP Securi‐ ty.
M. Anand dit qu'il a de‐ mandé un accommodement religieux lorsqu'il a été infor‐ mé de cette exigence le mois dernier, mais qu'on lui a dit que cela signifierait être relé‐ gué à un poste inférieur dans l'entreprise, avec un salaire in‐
férieur également. Il a dit qu'il devait choisir entre cela, trou‐ ver un autre emploi, être mis à pied ou raser sa barbe.
CBC News a contacté ASP Security et d'autres entre‐ prises pour savoir comment elles appliquent la politique de la Ville.
Pour les dévots sikhs, le fait de ne pas se couper les cheveux est un principe im‐ portant de leur foi, selon la WSO.
Balpreet Singh, un avocat de l'organisation, a déclaré que le règlement de la Ville de Toronto semble particulière‐ ment discriminatoire parce que cette politique est mise en place alors que presque toutes les autres restrictions liées à la pandémie ont été abandonnées en Ontario – y compris la plupart des règles concernant les masques.
Ces agents de sécurité ont servi au plus fort de la pandé‐ mie sans ces règles, lorsque les choses allaient au plus mal, a déclaré Me Singh.
Mais maintenant que les vaccins sont très répandus et que les choses s'améliorent, on leur dit : "Non, vous ne pouvez pas servir ici parce que vous avez une barbe."
La Ville réagit
Me Singh, de la WSO, a dé‐ claré que son organisation avait tenté de travailler avec les entrepreneurs au cours des derniers mois afin de pro‐ poser des solutions de re‐ change pour que les gardes si‐ khs restent au travail et en santé, mais que ces efforts n'ont donné lieu qu'à des pla‐ titudes.
Il ajoute que son organisa‐ tion envisagera une action en justice si aucun changement n'intervient.
Il s'agit clairement d'une violation des droits de la per‐ sonne en Ontario, a-t-il décla‐ ré.
Or, en soirée lundi, la Ville de Toronto a publié un com‐ muniqué. La Ville elle-même a accordé sept demandes d'ac‐ commodement à ses propres employés qui ont demandé des exemptions religieuses dans des refuges et s'attend pleinement à ce que ces ac‐ commodements, s'ils sont de‐ mandés par des employés contractuels, soient égale‐ ment accordés par des entre‐ preneurs à ces employés, peut-on y lire.
La Ville a ordonné à ces en‐ trepreneurs d'accommoder leurs employés qui ont de‐ mandé des exemptions reli‐ gieuses et de réintégrer im‐ médiatement tout employé qui a été licencié, y ajoute-ton.
Dans le cadre de son en‐ quête, la Ville examinera ses options juridiques, jusqu'à et y compris la résiliation des contrats de tout entrepre‐ neur reconnu coupable d'avoir enfreint la politique de la Ville ou la législation sur les droits de la personne. La Ville ne tolère, n'ignore ni n'ap‐ prouve la discrimination et s'engage à toujours promou‐ voir une conduite respec‐ tueuse, la tolérance et l'inclu‐ sion.