Conflit de travail chez Agropur : Des producteurs de la région forcés de jeter du lait
Des producteurs laitiers du Kamouraska, du Témis‐ couata et de La Mitis ont été contraints de jeter du lait dans les derniers jours. C'est un conflit de travail dans une usine d'Agropur à Granby qui a obligé des pro‐ ducteurs laitiers du Qué‐ bec à jeter deux millions de litres de lait devant l'im‐ passe.
Le syndicat, qui représente les 250 grévistes d'Agropur, s'attriste du gaspillage du lait, alors que la direction de l'en‐ treprise, elle aussi déçue de ce gaspillage, soutient souhaiter en arriver rapidement à un rè‐ glement avec les syndiqués.
En entrevue au Téléjour‐ nal Est-du-Québec, le pré‐ sident des Producteurs de lait du Bas-Saint-Laurent, Ga‐ briel Belzile, a confirmé que quelques voyages de lait ont dû être disposés à la ferme.
Selon lui, ces déverse‐ ments ne représentent pas de gros volumes, mais que ça de‐ meure considérable puisque les producteurs laitiers s'af‐ fairent dans leurs champs à ce temps-ci de l'année et que ce n'est jamais plaisant pour eux de jeter le fruit de leur travail.
Jeter [le lait] aux égouts, ce n'est jamais plaisant.
Gabriel Belzile, président des Producteurs de lait du Bas-Saint-Laurent
Gabriel Belzile explique que les producteurs qui sont contraints de disposer d'une partie de leur production ne subissent pas de lourdes pertes financières.
Il y a un pool où tout l'ar‐ gent issu de la vente de pro‐ duits laitiers est partagé entre les producteurs laitiers. Donc, ce volume-là est quand même comptabilisé, mais n'apporte pas de revenus aux produc‐ teurs. Il faut comprendre que c'est l'ensemble des produc‐ teurs qui ont à supporter la perte, mais par contre, le pro‐ ducteur qui jette chez eux, c'est lui qui se ramasse avec l'odieux de jeter son travail à l'eau, précise-t-il.
Le président des Produc‐ teurs de lait du Bas-SaintLaurent a aussi expliqué que l'usine d'Agropur de Granby est importante pour les pro‐ ducteurs laitiers de la région, même si elle est située à près de 350 kilomètres de l'entrée ouest du Bas-Saint-Laurent.
Il faut comprendre que l'ensemble de la production de lait est livrée dans des usines à la grandeur du Qué‐ bec, souligne Gabriel Belzile.
Même s'il n'y a pas beau‐ coup de lait du Bas-SaintLaurent qui s'en va à Granby, c'est 800 000 litres de lait par jour qui sont transformés là. Ça représente 10 % de la pro‐ duction du Québec.
Gabriel Belzile, président des Producteurs de lait du Bas-Saint-Laurent
Il ajoute que la province produit 70 millions de litres de lait et que lorsqu'une usine d'une telle ampleur cesse de transformer le lait, cela crée bien des soucis. L'impact pa‐ raît peut-être loin du BasSaint-Laurent, mais étant donné que tout est partagé, ça a un impact direct sur les producteurs de la région, poursuit-il.
Une solution pour éviter le gaspillage du lait?
Selon Gabriel Belzile, il au‐ rait été difficilement possible de ne pas gaspiller de lait parce que les usines de trans‐ formation travaillent déjà au maximum de leur capacité.
Il aurait donc été difficile d'envoyer le lait d'une usine de l'ampleur de celle de Gran‐ by vers une autre usine.
En même temps, on a eu des bris dans d'autres usines. [...] Ce qui a posé problème en fin de semaine, c'est que c'était la fête du Canada. Beaucoup d'usines étaient dé‐ jà en perte de vitesse avec des employés en vacances. Donc, c'était difficile de virer à plein régime pour certaines usines, Gabriel Belzile.
Il ajoute que moins de lait devrait être jeté dans les jours à venir puisque les usines ont repris leur rythme normal après la longue fin de se‐ maine.
Le président régional des Producteurs de lait souhaite que les deux parties com‐ mencent à négocier sérieuse‐ ment pour régler le conflit le plus rapidement possible.