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Le sentiment d’appartenan­ce au village en chanson de Petite-Vallée

- Guillaume Whalen

Malgré les défis des der‐ nières années, les mots « résilience » et « chaleur humaine » ont été souvent répétés pour définir le cli‐ mat régnant dans la com‐ munauté de Petite-Vallée. Retour sur une série de té‐ moignages d’artistes, au‐ trefois étrangers, mainte‐ nant membres de la grande famille du festival.

Nous sommes tellement bien entourés que je sens qu’on [ne] va jamais tomber. C’est important de se serrer les coudes sur un territoire aussi grand que la Gaspésie où, très vite, on peut se sentir seul, lance Jeanne Côté, une jeune musicienne native de Petite-Vallée.

Elle explique cette cohé‐ sion qui unit les gens par le côté isolé de la péninsule qui crée un sentiment d’apparte‐ nance pour les communauté­s tissées serrées, à l’image d’une sorte de bulle formée loin de l’influence de la ville, dit-elle. Sentir l’air salin de Petite-Val‐ lée est ce qui me fait le plus de bien au monde, s’exclame Jeanne Côté, qui habite main‐ tenant Montréal.

L’artiste lyrique Marc Her‐ vieux, de passage au Festival par amour et par sentiment d’appartenan­ce, abonde dans le même sens. Je désire être témoin de cet événement grandiose qui se passe dans un petit village où tu sens que tout le monde met l’épaule à la roue, honore-t-il.

Un village qui vibre au son de la musique à lon‐ gueur d’année

Pour Paul Piché, l’un des artistes passeurs cette année, cette harmonie rassembleu­se est l’une des raisons qui l’amènent à Petite-Vallée. Il a déjà été passeur en 2009. Pour lui, le village en chanson représente un excellent exemple de la transmissi­on de la culture faisant le lien entre le passé et l’avenir.

La petite école de la chan‐ son en demeure un bel exemple, dit-il, puisque près de 300 enfants, surtout gas‐ pésiens, y apprennent depuis plus de 30 ans les chansons des artistes passeurs qu’ils présentent lors d’un grand spectacle en ouverture du fes‐ tival.

La Gaspésie devient un peu la mémoire collective du

Québec sur le plan de la chan‐ son, elle qui agit comme notre disque dur.

Paul Piché, artiste passeur au Festival en chanson de Pe‐ tite-Vallée

En effet, Petite-Vallée se décrit elle-même sur son site web comme un endroit où il est possible de changer le destin des gens par le biais des arts de la scène et par la poésie des mots et de la mu‐ sique, le village en chansons de Petite-Vallée demeure un lieu d’apprentiss­age avec son école en chansons ainsi que son camp en formation.

Par ailleurs, Jeanne Côté estime que c’est par un amour partagé pour la mu‐ sique que les gens se sont ras‐ semblés pour faire renaître le Théâtre de ses cendres après l'incendie et permettre la te‐ nue du festival malgré les em‐ bûches.

J’ai vécu l’incendie dans le tourbillon de la force familiale. Tout le monde est résilient et se relève rapidement même si ce sont de grosses épreuves à affronter, se remémore l’ar‐ tiste de 27 ans qui n’a raté qu’une seule édition du festi‐ val dans sa vie.

Une énergie qui voyage partout au Québec

Pour immortalis­er la cha‐ leur de Petite-Vallée, trois jeunes finissants univer‐ sitaires ont eu l’idée de docu‐ menter la reconstruc­tion du théâtre à la suite du concertbén­éfice de 2018 qui a ras‐ semblé entre autres Octobre et Karkwa pour aider la com‐ munauté qui perdait son bâti‐ ment emblématiq­ue.

Présente au concert-béné‐ fice, l’étudiante en télévision à l’UQAM Flavie Mélançon en est sortie touchée droit au coeur dit-elle, par la passion soulevée pendant le spectacle pour le Festival en chanson de Petite-Vallée.

Chaque été depuis 2018, des artistes et des festivalie­rs voyagent de Montréal jusqu’à Petite-Vallée pour suivre cette transition vécue avec le chapi‐ teau qui fait office de salle de spectacle provisoire en atten‐ dant la constructi­on du nou‐ veau théâtre prévu pour 2024.

Au-delà de la reconstruc‐ tion du théâtre, on raconte surtout dans notre documen‐ taire à quel point les gens sont résilients ici [à Petite-Val‐ lée] et qu’ils se relèvent par la magie qui existe en dehors du théâtre.

Flavie Mélançon, coréalisa‐ trice du documentai­re racon‐ tant la reconstruc­tion du théâtre

Les trois cinéastes sou‐ haitent présenter leur film en 2025, conscients de longs délais hors de leur contrôle.

Dans la vie du documen‐ taire, c’est normal de voir la réalité nous dépasser. Quand on a commencé à raconter cette histoire, on ne pouvait pas deviner qu'on vivrait une pandémie qui ralentirai­t le processus de reconstruc­tion , expose Flavie Mélançon, qui se considère très chanceuse de goûter au bonheur de visi‐ ter le village tous les ans de‐ puis 2018.

En ce qui concerne l’avenir de Petite-Vallée, des ques‐ tions se posent au sein du co‐ mité organisate­ur à savoir si le festival devrait grossir da‐ vantage au risque de perdre son côté intimiste qui pour‐ rait dénaturer l’événement, mentionne Marc-Antoine Du‐ fresne le directeur artistique adjoint du Festival en chan‐ sons de Petite-Vallée.

Néanmoins, malgré la pé‐ nurie de main-d’oeuvre avec laquelle doivent composer les festivals, le comité organisa‐ teur dit ne pas avoir eu de dif‐ ficultés à recruter des em‐ ployés et des bénévoles grâce à l’aura dégagée par le festival qui circule avec un bouche-àoreille positif , évoque-t-il.

Cette année pour la 39e édition, environ 15 000 personnes sont atten‐ dues pour assister aux 60 spectacles offerts.

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