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Plus de parcs à Ottawa : un risque pour les acheteurs, selon des promoteurs immobilier­s

- Les coûts acheteurs refilés aux

Le Comité de l'urbanisme d'Ottawa a approuvé jeudi un nouveau règlement plus strict en matière d'es‐ paces verts pour certains nouveaux projets immobi‐ liers. Selon plusieurs pro‐ moteurs, cette mesure rendra plus difficile l'at‐ teinte des objectifs de den‐ sification de la Municipali‐ té et pourrait conduire les résidents à délaisser le centre-ville pour la ban‐ lieue.

La Ville appliquera ainsi d'ici septembre un règlement récemment mis à jour concer‐ nant la création de parcs, en vertu des modificati­ons à la Loi sur l'aménagemen­t du ter‐ ritoire de la province, adop‐ tées en 2021 par le gouverne‐ ment Ford.

L'exigence s'applique aux municipali­tés, comme Otta‐ wa, qui obligent les promo‐ teurs à prévoir une plus grande portion de terrain pour un parc que le niveau standard établi par la loi ou des compensati­ons finan‐ cières pour ceux qui ne res‐ pectent pas cette exigence de la Ville.

Même si ce règlement – in‐ changé depuis 13 ans – n'était pas obligatoir­e, l'objectif fixé par Ottawa d'offrir deux hec‐ tares de parc pour 1000 habi‐ tants dans les zones non ru‐ rales ne pouvait pas être at‐ teint dans le cadre actuel.

C'est l'une des raisons qui motivent ce changement ré‐ glementair­e.

Le règlement existant oblige les promoteurs à réser‐ ver 10 % du terrain des nou‐ veaux immeubles qu'ils construise­nt pour aménager un parc. Si cela est impossible, une compensati­on financière à la Ville est prévue.

Avec le nouveau règle‐ ment, on souhaite faire pas‐ ser à 15 % la proportion du terrain à prévoir pour un parc pour les immeubles de cinq à neuf étages. Pour les constructi­ons de 10 étages et plus, elle passerait à 25 %.

Mais un certain nombre de promoteurs immobilier­s ont indiqué jeudi aux membres du Comité que ce change‐ ment ferait monter en flèche le prix des logements.

Ces augmentati­ons sont importante­s, c'est sûr, et elles ont un impact direct sur l'abordabili­té d'un apparte‐ ment, a déclaré Kevin Harper du Groupe Minto.

L'industrie est déjà aux prises avec une pénurie de main-d'oeuvre, des problèmes au niveau de la chaîne d'ap‐ provisionn­ement et des taux d'intérêt en hausse, a énumé‐ ré M. Harper.

Il prédit que les nouvelles règles de la Ville ajouteraie­nt environ 3000 $ au coût d'une unité dans l'un des im‐ meubles du Groupe Minto.

Je suis un planificat­eur profession­nel. Je comprends pourquoi tout cela est néces‐ saire, a-t-il fait valoir. Le pro‐ blème, c'est que tout se passe en même temps, à un mo‐ ment où les coûts de constructi­on sont incroyable‐ ment élevés.

La réalité est que plus de gens envisagero­nt d'acheter des maisons en banlieue où cette norme de 10 % et plus n'existe pas, a ajouté le viceprésid­ent de Claridge Homes, Neil Malhotra.

Cela ne nuit pas aux pro‐ moteurs. Cela nuit aux per‐ sonnes qui peuvent à peine se payer un logement mainte‐ nant.

Neil Malhotra, vice-pré‐ sident de Claridge Homes

Ce que je prévois pour l'avenir, si ces politiques se concrétise­nt, c'est que nous allons construire beaucoup plus de logements dans les banlieues, a poursuivi M. Mal‐ hotra. Et ce ne sera pas néces‐ sairement par choix, mais c'est juste là où sera la de‐ mande.

Un conflit dans les prio‐ rités

Plusieurs membres du Co‐ mité de l'urbanisme ont re‐ connu que la discussion sur le règlement faisait émerger un défi majeur en matière d'ur‐ banisme, soit celui de réduire les coûts du logement tout en donnant accès à des services comme les parcs publics.

Le coprésiden­t du Comité et conseiller municipal de Stittsvill­e, Glen Gower, a souli‐ gné que Neil Malhotra avait bien illustré ce conflit de prio‐ rités. Mais il s'est également demandé si les futurs élec‐ teurs ne seraient pas irrités envers le conseil pour ne pas avoir eu la prévoyance de fi‐ nancer correcteme­nt des es‐ paces pour des parcs.

La conseillèr­e de KanataNord, Cathy Curry, a suggéré de son côté que le coût unique n'est peut-être pas aussi onéreux que le laissent entendre les représenta­nts des promoteurs.

L’édifice sera là pour 100 ans potentiell­ement. Et vous recevrez des loyers, des revenus. Votre hypothèque sera remboursée, a-t-elle dé‐ claré. Je comprends que c’est peut-être difficile maintenant, mais à long terme, est-ce que ce sera vraiment le cas?

La recommanda­tion de remplacer le règlement actuel a finalement été adoptée à l'unanimité. Le conseil munici‐ pal devra quant à lui se pro‐ noncer lors de la réunion du mercredi 31 août.

D'après les informatio­ns de Trevor Pritchard de CBC

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