Radio-Canada Info

Le mouvement de la vanlife freiné par le prix de l’essence

- Annie St-Jacques

S’ils ont été nombreux, au cours des deux dernières années, à devenir des adeptes du mouvement vanlife, plusieurs ont dé‐ chanté avec la montée du prix de l’essence, ce qui a forcé certains proprié‐ taires à freiner leur élan de liberté, tandis que d'autres sont carrément revenus à leur point de départ.

C'est le cas de Gerry Lau‐ zon, qui a décidé il y a trois ans de vendre son duplex pour se livrer à la vie nomade à temps plein et qui, au‐ jourd’hui, choisit à contre‐ coeur de se sédentaris­er dans la ville de Québec.

Mon camp de base, c'est la région de Québec à partir de maintenant.

Au cours des dernières an‐ nées, ce voyageur s’est pro‐ mené librement en passant par les nombreuses routes du Québec, par les paysages des Maritimes et par les ÉtatsUnis pour atteindre le soleil de la Californie. À deux re‐ prises, il s’est évadé du froid de l’hiver canadien dans le

Sud-Ouest américain.

Or, Gerry Lauzon doit se rendre à l’évidence : cet été, il devra réduire les distances pour respecter son budget. Cela se traduit donc par moins de kilomètres parcou‐ rus et par moins de voyages. Avec ma blonde, on va visiter la Côte-Nord et [...] ce qu'il y a autour de Québec. Une op‐ tion, dit-il, qui est préconisée par beaucoup de voyageurs.

Avec le prix de l’essence, il y a beaucoup de gens qui ont commencé à visiter [des en‐ droits situés] entre une heure et trois heures autour de là où ils habitent, soulève-t-il.

Une autre façon d'écono‐ miser pour la voyageuse et créatrice de contenu Camille Dezwirek Sperandio consiste à mettre pied à terre momen‐ tanément.

Accompagné­e de son amoureux et de son compa‐ gnon à quatre pattes, elle est partie depuis le 1er février avec l’idée de faire le tour des États-Unis à bord de sa rou‐ lotte.

Cependant, un change‐ ment de cap est survenu : ils ont dû changer leurs projets et se poser dans le village de Tofino, en Colombie-Britan‐ nique, deux mois à peine après leur départ. Les jour‐ nées trop fraîches et les nuits trop froides les empêchaien­t de profiter de leur passage dans certaines parties des États-Unis en plus de rendre la vie en roulotte assez incon‐ fortable.

Depuis, ils se sont installés dans le petit village. Tofino, c'est vraiment petit. Pour aller au village, ça me prend huit minutes [...]. L'avantage pour nous ici, c'est qu'on fait un plein à peu près aux trois se‐ maines, explique-t-elle.

Le couple, qui avait prévu reprendre à l'automne sa tournée des États-Unis là où il l’avait laissée au printemps, a dû revoir ses projets une deuxième fois. Ce sera pour une autre fois, c’est un peu trop cher, estime Mme Spe‐ randio.

Et si le couple a décidé de passer par les États-Unis pour revenir à la maison un mois plus tôt que prévu, il a toute‐ fois abandonné l'idée de visi‐ ter plusieurs parcs nationaux. Les routes américaine­s n’au‐ ront donc qu’un seul usage : ramener le couple au Québec.

Ce type de revirement de situation, Amaury Regnaud l’a lui aussi vécu. L’année der‐ nière, il a passé la saison à voyager à bord de son véhi‐ cule qu'il équipe pour l'été. Mais cette année, la montée du prix de l’essence a motivé sa décision finale : lui et sa co‐ pine iront plutôt prendre des vacances au Mexique par avion.

Malgré les 2000 $ supplé‐ mentaires qu’il avait prévus seulement pour le carburant, le prix [de l’essence] nous a [...] confirmé le tout [de ne pas partir], précise Amaury Regnaud.

Des rafales de vent à la mijuin ont causé près de 20 000 $ de dommages à son véhicule. Un ami qui tente de l’aider lui a donc proposé de lui prêter son véhicule et sa roulotte. Toutefois, n’y voyant aucun avantage pour cet été, Amaury et sa conjointe ont décidé de laisser tomber leur projet initial.

Tous deux ne laissent pas tomber leur désir de plein air pour autant. Seulement, ils profiteron­t de la saison pour aller faire du camping plus proche de chez [eux] au Qué‐ bec au lieu de visiter un peu partout.

Compromis de la location

Au moment où les proprié‐ taires et les adeptes de la van‐ life se désistent, les vacan‐ ciers qui optent pour la loca‐ tion sont toujours au rendezvous.

Catherine Vachon, direc‐ trice au développem­ent des affaires, communicat­ions et marketing chez VanLife MTL, affirme ne pas [avoir] vu de différence en ce qui a trait au nombre de réservatio­ns cet été comparativ­ement à l’été 2021, qui a été une saison inhabituel­lement occupée.

Selon elle, ce phénomène s’explique par le fait que les vacanciers vont simplement inclure cette dépense supplé‐ mentaire dans leur budget va‐ cances.

Elle pense cependant que la hausse du prix de l’essence pourrait en inciter plusieurs à délaisser l’achat d’une four‐ gonnette ou d’une roulotte et à opter pour la location à court terme.

Il y a un an, le mouvement était à son apogée, mais là, le milieu de [la location] de four‐ gonnettes se cadre.

Gabriel Jousset, fondateur du service de location Le Ba‐ roudeur

L'expansion de l'offre atté‐ nue la frénésie autour du mouvement. Elle serait en partie responsabl­e, avec la montée du prix de l'essence, de la légère baisse du nombre de réservatio­ns que Gabriel Jousset dit avoir remarquée cet été.

Il rappelle d’ailleurs que cette baisse est aussi associée à un retour à l’achalandag­e pré-pandémie, là où les gens s'y prennent plusieurs mois d'avance, soutient-il.

Gabriel Jousset rappelle que le prix de l’essence n'a pas d'incidence considérab­le sur les locations de fourgon‐ nettes et de roulottes, mais il pense que les gros VR [véhi‐ cules récréatifs] [...] vont man‐ ger une claque.

Une informatio­n que la présidente du conseil d'admi‐ nistration de l'Associatio­n des commerçant­s de véhicules ré‐ créatifs du Québec (ACVRQ), Anne-Marie Rochon, confirme.

Il y a [sans aucun doute

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