L’ex-premier ministre japonais Shinzo Abe assassiné
L'ancien premier ministre japonais Shinzo Abe, at‐ teint par balles alors qu'il prononçait un discours dans la ville de Nara, a suc‐ combé à ses blessures, se‐ lon la chaîne publique NHK et des sources au sein du parti au pouvoir.
Shinzo Abe s'est effondré au moment où il prenait la pa‐ role lors d'un événement poli‐ tique en vue des élections sé‐ natoriales de dimanche.
La police de la préfecture de Nara a confirmé l'arresta‐ tion d'un homme de 41 ans, Tetsuya Yamagami, pour ten‐ tative de meurtre. L'assaillant a avoué avoir commis le crime et indiqué avoir utilisé une arme artisanale faite à la main, a précisé la police.
Tetsuya Yamagami a décla‐ ré avoir gardé rancune à une certaine organisation et il a avoué avoir commis le crime parce qu'il croyait que l'ancien premier ministre Abe lui était lié, a ajouté un haut respon‐ sable de la police à des jour‐ nalistes, en refusant de don‐ ner davantage de détails.
Des experts en explosifs ont visité l'appartement du suspect à la recherche de preuves. Aujourd'hui chô‐ meur, Tetsuya Yamagami a été membre de la marine ja‐ ponaise pendant trois ans, se‐ lon NHK.
Un journaliste de NHK pré‐ sent sur les lieux a déclaré avoir entendu deux détona‐ tions consécutives lors du dis‐ cours. L'État a par la suite confirmé que M. Abe a bel et bien été atteint par des balles.
Plusieurs médias ont rap‐ porté qu'il semblait s'être fait tirer dessus par-derrière.
Il prononçait un discours et un homme est arrivé parderrière, a déclaré une jeune femme présente sur les lieux.
Le premier tir a fait le bruit d'un jouet. Il n'est pas tombé et il y a eu une grosse détona‐ tion. Le deuxième tir était plus visible, on pouvait voir l'étincelle et de la fumée, a-telle enchaîné.
Après le deuxième tir, des gens l'ont entouré et lui ont fait un massage cardiaque, at-elle ajouté.
M. Abe, qui était âgé de 67 ans, s'est effondré et sai‐ gnait du cou, a indiqué une source du Parti libéral-démo‐ crate (PLD) au pouvoir à l'agence de presse Jiji.
Il a été transporté d'ur‐ gence vers l'hôpital par hélico‐ ptère, mais était à ce mo‐ ment-là en arrêt cardiorespi‐
ratoire. Son décès a été constaté un peu plus tard en dépit de traitements d'ur‐ gence qui comprenaient des transfusions sanguines im‐ portantes, ont précisé des di‐ rigeants de l'hôpital.
Le chef de l'urgence à l'hô‐ pital universitaire de Nara, le docteur Hidetada Fukushima, a indiqué que le coeur de la victime avait été endommagé.
L'ancien premier ministre a aussi eu deux blessures au cou qui ont atteint une artère, ce qui a provoqué une hé‐ morragie massive. Quand il est arrivé à l'hôpital, il n'a ja‐ mais présenté de signes vi‐ taux, a indiqué le docteur Fu‐ kushima.
Le Japon dispose de l'une des législations les plus strictes du monde en matière de contrôle des armes à feu, et le nombre annuel de décès par de telles armes dans ce pays de 125 millions d'habi‐ tants est extrêmement faible.
L'obtention d'un permis de port d'arme est un processus long et compliqué, même pour les citoyens japonais, qui doivent d'abord obtenir une recommandation d'une asso‐ ciation de tir, puis se sou‐ mettre à de stricts contrôles de police.
Sans mot
L'actuel premier ministre japonais Fumio Kishida a dit vendredi ne pas trouver de mots après l'assassinat de son prédécesseur.
Je priais pour que sa vie soit sauvée. Mais malgré cela, j'ai appris la nouvelle [de sa mort]. C'est vraiment regret‐ table. Je ne trouve pas de mots. Je présente mes sin‐ cères condoléances et prie pour que son âme repose en paix, a déclaré M. Kishida, très ému, aux journalistes.
Pendant cette période électorale, un acte barbare a été commis, prenant la vie de l'ancien premier ministre Abe. C'est impardonnable. Nous condamnons [cet acte] une fois de plus, dans les termes les plus forts.
Fumio Kishida, premier mi‐ nistre japonais
Les préparatifs électoraux se poursuivront, a précisé M. Kishida, car nous devons absolument défendre les élec‐ tions libres et équitables, qui sont le fondement de la dé‐ mocratie et nous ne céderons jamais à la violence, a-t-il lan‐ cé.
M. Abe a porté une lourde responsabilité en tant que premier ministre pendant huit ans et huit mois, la plus longue période dans l'histoire du gouvernement constitu‐ tionnel, a ajouté M. Kishida.
Il a guidé le pays face à une situation intérieure et interna‐ tionale difficile, grâce à ces ca‐ pacités exceptionnelles de leadership et à ses capacités de dirigeant.
Actuel leader du PLD, M. Kishida avait été proche de M. Abe, dont il avait été le mi‐ nistre des Affaires étrangères de 2012 à 2017.
Les condoléances de Poutine
Le président russe Vladi‐ mir Poutine, qui n'est jamais parvenu à signer un traité de paix avec le Japon au sujet du contentieux sur l'archipel des îles Kouriles, a envoyé ses condoléances par télé‐ gramme.
Je vous souhaite [...] du courage face à cette lourde perte irréparable, a écrit M. Poutine dans un message adressé à la mère et à la veuve de Shinzo Abe, selon un communiqué du Kremlin.
De beaux souvenirs de cet homme remarquable reste‐ ront pour toujours dans les coeurs de ceux qui le connais‐ saient, a souligné Vladimir Poutine.
L'Inde a décrété une jour‐ née de deuil national samedi en solidarité avec les Japonais. Je suis choqué et attristé audelà des mots par la dispari‐ tion tragique de l'un de mes plus chers amis, Shinzo Abe, a écrit le premier ministre in‐ dien Narendra Modi sur Twit‐ ter. Nous sommes solidaires de nos frères et soeurs japo‐ nais dans ce moment difficile.
Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a, pour sa part, dénoncé un acte criminel in‐ acceptable.
Je suis profondément at‐ tristé par la perte de mon cher ami Abe, a déclaré le pré‐ sident turc Recep Tayyip Erdo‐ gan. Je condamne ceux qui ont perpétré cette attaque odieuse.