Ontario : l’agriculture urbaine gagne du terrain
La Ville de Mississauga s'est dotée d'une stratégie d'agriculture urbaine sur 10 ans. Les principaux ob‐ jectifs de ce plan sont de faire tomber les barrières qui font obstacle à cette pratique, d'encourager un mode de vie sain et d'ou‐ tiller la communauté.
D’autres villes ontariennes telles que Toronto ou encore la région de Durham ont, de‐ puis des années, adopté cette forme d’agriculture à travers laquelle l’espace urbain est ré‐ approprié par des bénévoles pour la production des ali‐ ments locaux.
Carah Bullock est spécia‐ liste du changement clima‐ tique à la Ville de Mississauga. Elle note qu’il y a très peu de terrains propres à l’agriculture urbaine à Mississauga, mais qu’en revanche, il y a des es‐ paces inutilisés de la ville tels que les toits, les pelouses, les installations commerciales, qui peuvent servir à dévelop‐ per des projets d’agriculture urbaine. Le défi le plus difficile à relever est l’accès au terrain, dit-elle.
La politique d’agricul‐ ture urbaine de Mississau‐ ga en vrac :
Renforcer les réseaux et l'établissement de relations entre les groupes communau‐ taires et tous les ordres de gouvernement. Favoriser l'agriculture urbaine au moyen de politiques et de rè‐ glements et en facilitant l'ac‐ cès équitable aux terres. Une action pour la communauté dans le cadre de ce parcours est de travailler avec la Ville pour identifier les terres et les espaces de culture pour l'agri‐ culture urbaine en fonction des besoins et de l'intérêt communautaire. Soutenir une variété de possibilités d'agri‐ culture urbaine en explorant les outils financiers et non fi‐ nanciers. La communauté au‐ ra pour rôle d’encadrer et for‐ mer des personnes pour sou‐ tenir l'innovation communau‐ taire et entrepreneuriale.
Les jardins communau‐ taires existaient à Mississauga bien avant le plan d’action de la Ville. Nous nous appuyons sur nos jardins communau‐ taires existants, explique Mme Bullock. Selon elle, il s'agissait d’une bonne base pour lancer cette politique. L'une des actions clés est d'aménager davantage de jar‐ dins communautaires et d'ac‐ croître la capacité du pro‐ gramme de jardins commu‐ nautaires [existants] de la
Ville, dit-elle.
De plus, la Municipalité de Mississauga travaille de concert avec Ecosource, un organisme local à but non lu‐ cratif qui promeut l’éducation environnementale. Une colla‐ boration qui dure depuis 15 ans.
Kat Gibson travaille dans le domaine de l’alimentation responsable depuis une di‐ zaine d’années. Et, chez Eco‐ source, elle est coordonna‐ trice du programme des jar‐ dins communautaires depuis cinq ans. Elle explique que son équipe et elle ont partici‐ pé au processus de consulta‐ tion pour soutenir le dévelop‐ pement de la politique ali‐ mentaire locale à Mississauga. Nous sommes très enthou‐ siastes, dit-elle.
Mme Gibson ajoute que la demande pour des jardins communautaires dans la ré‐ gion de Mississauga est très forte. Nous avons peut-être plus de 2000 personnes sur une liste d'attente pour avoir leur propre parcelle dans un jardin communautaire, ex‐ plique la dame qui possède, pour sa part, un potager de fruits et légumes sur son bal‐ con dans un appartement à Toronto.
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La Ville de Mississauga es‐ père que le programme d’agri‐ culture urbaine dont elle se dote permettra de lutter contre l’insécurité alimentaire qui sévit au sein de la commu‐ nauté; particulièrement dans des groupes marginalisés.
L’utilisation de la banque alimentaire de Mississauga a augmenté de 14 % au cours de la dernière année, affirme la spécialiste du changement climatique de la Ville.
L’utilisation de la banque alimentaire d’urgence a aug‐ menté de 167 %.
Carrah Bullock, spécialiste du changement climatique de Mississauga
Le financement des jar‐ dins communautaires, un enjeu
Combattre l’insécurité ali‐ mentaire passe aussi par les subventions aux jardins com‐ munautaires, selon certains intervenants du secteur.
Ran Goel, fondateur de Fresh City Farm, une ferme urbaine située juste au nord du centre-ville de Toronto, plaide pour que les jardins communautaires et les pe‐ tites exploitations agricoles urbaines commerciales re‐ çoivent plus de subventions des gouvernements.
Kat Gibson d'Ecosource explique que les programmes de jardins communautaires peuvent se retrouver en si‐ tuation précaire faute de sub‐ ventions. Avoir des années de subventions en continu est un défi permanent, expliquet-elle.
D'année en année, nous devons créer régulièrement des pistes en recherchant des sources de financement afin de continuer à faire fonction‐ ner les jardins communau‐ taires.
Kat Gibson, coordonna‐ trice du programme des jar‐ dins communautaires à Eco‐ source
Mme Gibson espère voir un changement grâce au nou‐ veau plan stratégique d’agri‐ culture urbaine de la Ville de Mississauga.
D’autres modèles muni‐ cipaux qui encadrent l’agri‐ culture urbaine
Des municipalités comme Oshawa et Toronto font aussi place à l’agriculture urbaine.
La Ville d’Oshawa possède un certain nombre de jardins communautaires gérés par des bénévoles, membres de l’organisme communautaire Durham Integrated Growers (DIG), qui soutient l'agricul‐ ture urbaine dans la région de Durham, dont fait partie Oshawa.
Adrian Hogendoorn en fait partie. On relie les différents projets urbains, explique-t-il. Nous avons 21 membres; des jardins communautaires, des jardins pollinisateurs, ajoute l’homme qui vit maintenant à la ferme familiale à Francford, un village de la Municipalité de Quinte Ouest, en Ontario.
J’ai quitté Durham avril 2021 en raison de la pan‐ démie, mais aussi pour prendre soin de mes parents âgés, explique-t-il. Le passion‐ né d'agriculture demeure tou‐ tefois actif au sein du réseau des jardins communautaires de la région de Durham.
Avec DIG, on fournit de l’in‐ formation. On les représente devant les différents ordres de gouvernement pour es‐ sayer d’améliorer les poli‐ tiques de projets alimentaires urbains.
Adrian Hogendoorn, membre de Durham Integra‐ ted Growers
Autrefois, enseignant dans une école publique d'Oshawa, il a initié ses élèves à l’agricul‐ ture urbaine. C’était un projet de biodiversité. On a même eu un club de cuisine. Le pro‐ jet a duré 10 ans et a été arrê‐ té durant la pandémie, ex‐ plique-t-il.
Pour M. Hogendoorn, les défis des jardins communau‐ taires peuvent être les mêmes. Beaucoup de per‐ sonnes sont intéressées. Le défi est de garder les gens en‐ gagés, croit-il.
Il y a 10 ans, le conseil mu‐ nicipal de Toronto a adopté un plan d’action, afin d'établir un cadre pour développer le potentiel de l'agriculture ur‐ baine à Toronto.
Sean McIntyre, directeur du bureau de la stratégie de réduction de la pauvreté, Dé‐
veloppement social, Finances et Administration de la Muni‐ cipalité, affirme que la ville de Toronto soutient largement l'agriculture urbaine. Il ajoute qu’il s’agit d’une des nom‐ breuses voies vers la sécurité alimentaire, la souveraineté alimentaire et le développe‐ ment communautaire.
M. McIntyre affirme que Toronto a été la première ville en Amérique du Nord à mettre en oeuvre un règle‐ ment sur les toits verts, en 2009. Cette loi exige l'amé‐ nagement [de toits verts] sur les bâtiments dépassant une certaine taille, peut-on lire dans une note transmise par courriel.
Il reconnaît toutefois qu’il n'y a actuellement que quelques jardins en exploita‐ tion sur les toits de la ville.