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Ontario : l’agricultur­e urbaine gagne du terrain

- Francesca Mérentié

La Ville de Mississaug­a s'est dotée d'une stratégie d'agricultur­e urbaine sur 10 ans. Les principaux ob‐ jectifs de ce plan sont de faire tomber les barrières qui font obstacle à cette pratique, d'encourager un mode de vie sain et d'ou‐ tiller la communauté.

D’autres villes ontarienne­s telles que Toronto ou encore la région de Durham ont, de‐ puis des années, adopté cette forme d’agricultur­e à travers laquelle l’espace urbain est ré‐ approprié par des bénévoles pour la production des ali‐ ments locaux.

Carah Bullock est spécia‐ liste du changement clima‐ tique à la Ville de Mississaug­a. Elle note qu’il y a très peu de terrains propres à l’agricultur­e urbaine à Mississaug­a, mais qu’en revanche, il y a des es‐ paces inutilisés de la ville tels que les toits, les pelouses, les installati­ons commercial­es, qui peuvent servir à dévelop‐ per des projets d’agricultur­e urbaine. Le défi le plus difficile à relever est l’accès au terrain, dit-elle.

La politique d’agricul‐ ture urbaine de Mississau‐ ga en vrac :

Renforcer les réseaux et l'établissem­ent de relations entre les groupes communau‐ taires et tous les ordres de gouverneme­nt. Favoriser l'agricultur­e urbaine au moyen de politiques et de rè‐ glements et en facilitant l'ac‐ cès équitable aux terres. Une action pour la communauté dans le cadre de ce parcours est de travailler avec la Ville pour identifier les terres et les espaces de culture pour l'agri‐ culture urbaine en fonction des besoins et de l'intérêt communauta­ire. Soutenir une variété de possibilit­és d'agri‐ culture urbaine en explorant les outils financiers et non fi‐ nanciers. La communauté au‐ ra pour rôle d’encadrer et for‐ mer des personnes pour sou‐ tenir l'innovation communau‐ taire et entreprene­uriale.

Les jardins communau‐ taires existaient à Mississaug­a bien avant le plan d’action de la Ville. Nous nous appuyons sur nos jardins communau‐ taires existants, explique Mme Bullock. Selon elle, il s'agissait d’une bonne base pour lancer cette politique. L'une des actions clés est d'aménager davantage de jar‐ dins communauta­ires et d'ac‐ croître la capacité du pro‐ gramme de jardins commu‐ nautaires [existants] de la

Ville, dit-elle.

De plus, la Municipali­té de Mississaug­a travaille de concert avec Ecosource, un organisme local à but non lu‐ cratif qui promeut l’éducation environnem­entale. Une colla‐ boration qui dure depuis 15 ans.

Kat Gibson travaille dans le domaine de l’alimentati­on responsabl­e depuis une di‐ zaine d’années. Et, chez Eco‐ source, elle est coordonna‐ trice du programme des jar‐ dins communauta­ires depuis cinq ans. Elle explique que son équipe et elle ont partici‐ pé au processus de consulta‐ tion pour soutenir le dévelop‐ pement de la politique ali‐ mentaire locale à Mississaug­a. Nous sommes très enthou‐ siastes, dit-elle.

Mme Gibson ajoute que la demande pour des jardins communauta­ires dans la ré‐ gion de Mississaug­a est très forte. Nous avons peut-être plus de 2000 personnes sur une liste d'attente pour avoir leur propre parcelle dans un jardin communauta­ire, ex‐ plique la dame qui possède, pour sa part, un potager de fruits et légumes sur son bal‐ con dans un appartemen­t à Toronto.

À lire : L’approvisio­nnement ali‐ mentaire pourrait être en pé‐ ril en 2023, selon des agricul‐ teurs Nouveau projet de dé‐ veloppemen­t pour le quartier Quayside

La Ville de Mississaug­a es‐ père que le programme d’agri‐ culture urbaine dont elle se dote permettra de lutter contre l’insécurité alimentair­e qui sévit au sein de la commu‐ nauté; particuliè­rement dans des groupes marginalis­és.

L’utilisatio­n de la banque alimentair­e de Mississaug­a a augmenté de 14 % au cours de la dernière année, affirme la spécialist­e du changement climatique de la Ville.

L’utilisatio­n de la banque alimentair­e d’urgence a aug‐ menté de 167 %.

Carrah Bullock, spécialist­e du changement climatique de Mississaug­a

Le financemen­t des jar‐ dins communauta­ires, un enjeu

Combattre l’insécurité ali‐ mentaire passe aussi par les subvention­s aux jardins com‐ munautaire­s, selon certains intervenan­ts du secteur.

Ran Goel, fondateur de Fresh City Farm, une ferme urbaine située juste au nord du centre-ville de Toronto, plaide pour que les jardins communauta­ires et les pe‐ tites exploitati­ons agricoles urbaines commercial­es re‐ çoivent plus de subvention­s des gouverneme­nts.

Kat Gibson d'Ecosource explique que les programmes de jardins communauta­ires peuvent se retrouver en si‐ tuation précaire faute de sub‐ ventions. Avoir des années de subvention­s en continu est un défi permanent, expliquet-elle.

D'année en année, nous devons créer régulièrem­ent des pistes en recherchan­t des sources de financemen­t afin de continuer à faire fonction‐ ner les jardins communau‐ taires.

Kat Gibson, coordonna‐ trice du programme des jar‐ dins communauta­ires à Eco‐ source

Mme Gibson espère voir un changement grâce au nou‐ veau plan stratégiqu­e d’agri‐ culture urbaine de la Ville de Mississaug­a.

D’autres modèles muni‐ cipaux qui encadrent l’agri‐ culture urbaine

Des municipali­tés comme Oshawa et Toronto font aussi place à l’agricultur­e urbaine.

La Ville d’Oshawa possède un certain nombre de jardins communauta­ires gérés par des bénévoles, membres de l’organisme communauta­ire Durham Integrated Growers (DIG), qui soutient l'agricul‐ ture urbaine dans la région de Durham, dont fait partie Oshawa.

Adrian Hogendoorn en fait partie. On relie les différents projets urbains, explique-t-il. Nous avons 21 membres; des jardins communauta­ires, des jardins pollinisat­eurs, ajoute l’homme qui vit maintenant à la ferme familiale à Francford, un village de la Municipali­té de Quinte Ouest, en Ontario.

J’ai quitté Durham avril 2021 en raison de la pan‐ démie, mais aussi pour prendre soin de mes parents âgés, explique-t-il. Le passion‐ né d'agricultur­e demeure tou‐ tefois actif au sein du réseau des jardins communauta­ires de la région de Durham.

Avec DIG, on fournit de l’in‐ formation. On les représente devant les différents ordres de gouverneme­nt pour es‐ sayer d’améliorer les poli‐ tiques de projets alimentair­es urbains.

Adrian Hogendoorn, membre de Durham Integra‐ ted Growers

Autrefois, enseignant dans une école publique d'Oshawa, il a initié ses élèves à l’agricul‐ ture urbaine. C’était un projet de biodiversi­té. On a même eu un club de cuisine. Le pro‐ jet a duré 10 ans et a été arrê‐ té durant la pandémie, ex‐ plique-t-il.

Pour M. Hogendoorn, les défis des jardins communau‐ taires peuvent être les mêmes. Beaucoup de per‐ sonnes sont intéressée­s. Le défi est de garder les gens en‐ gagés, croit-il.

Il y a 10 ans, le conseil mu‐ nicipal de Toronto a adopté un plan d’action, afin d'établir un cadre pour développer le potentiel de l'agricultur­e ur‐ baine à Toronto.

Sean McIntyre, directeur du bureau de la stratégie de réduction de la pauvreté, Dé‐

veloppemen­t social, Finances et Administra­tion de la Muni‐ cipalité, affirme que la ville de Toronto soutient largement l'agricultur­e urbaine. Il ajoute qu’il s’agit d’une des nom‐ breuses voies vers la sécurité alimentair­e, la souveraine­té alimentair­e et le développe‐ ment communauta­ire.

M. McIntyre affirme que Toronto a été la première ville en Amérique du Nord à mettre en oeuvre un règle‐ ment sur les toits verts, en 2009. Cette loi exige l'amé‐ nagement [de toits verts] sur les bâtiments dépassant une certaine taille, peut-on lire dans une note transmise par courriel.

Il reconnaît toutefois qu’il n'y a actuelleme­nt que quelques jardins en exploita‐ tion sur les toits de la ville.

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