Redevance à Percé : les commerçants s’opposent malgré de potentielles représailles
Alors que la Ville de Percé a confirmé qu’elle allait sévir auprès des entreprises qui contreviennent à l’applica‐ tion de la redevance touris‐ tique, les commerçants qui s'y opposent tiennent leur bout.
Jean-Claude Méthot, pro‐ priétaire de la boutique La marée basse, n’applique tou‐ jours pas la nouvelle rede‐ vance touristique.
En vigueur depuis le 1er mai, elle demande aux commerçants de dégager une redevance d’un dollar sur toute transaction de 20 dol‐ lars ou plus effectuée par les visiteurs.
Bientôt, une firme comp‐ table procédera à des vérifica‐ tions auprès des entreprises, a annoncé la Ville lors de la séance extraordinaire du conseil municipal mardi.
Les entreprises recevront un avis pour fournir les docu‐ ments réclamés par la firme comptable dans un délai de 10 jours. Celles qui n’applique‐ ront pas le règlement s'ex‐ posent à des amendes de 2000 à 4000 dollars.
Jean-Claude Méthot n’en‐ tend pas se laisser intimider par la procédure.
[Si les comptables passent et demandent des papiers], je vais tout simplement les mettre à la porte!
Jean-Claude Méthot, pro‐ priétaire de la boutique La marée basse à Percé
Le Comité de citoyenscommerçants de Percé s'op‐ pose, lui aussi, aussi à cette redevance. Sa co-porte-pa‐ role, Véronique Lambert, mentionne que les amendes que les commerces récalci‐ trants pourraient recevoir se‐ ront toutes contestées en cour, dit-elle.
En effet, le Comité a dépo‐ sé le dossier devant la Cour supérieure du Québec. Le procès devrait débuter en no‐ vembre.
La mairesse Cathy Poirier n'avait pas la volonté de véri‐ fier les livres de comptes des entreprises. C'est quelque chose qu'on ne souhaitait pas faire. Mais maintenant, puisque l’on sait qu'il y a des entreprises qui ne respectent pas le règlement présente‐ ment, on va probablement devoir le faire, justifie l'élue.
Une mauvaise façon de faire, estiment les com‐ merçants
Véronique Lambert sou‐ tient que, depuis la présenta‐ tion de la mesure, les com‐ merçants ont proposé maintes fois de s’asseoir avec les élus pour discuter. L'initia‐ tive n’a jamais abouti, d’après la représentante du comité de citoyens commerçants.
Là, on est obligés d'enga‐ ger justement une firme [d'avocats] à nos propres frais qui se spécialise dans le do‐ maine municipal […] pour es‐ sayer de se faire entendre et pour faire une demande en nullité de ce règlement-là, pré‐ cise-t-elle.
Elle soutient que les com‐ merçants ne sont pas contre la redevance, elle nuance : nous ne sommes pas contre amasser des fonds pour géné‐ rer des sous pour les infra‐ structures touristiques, mais c’est la façon dont ça a été fait. Ça a été fait dans le dos des commerçants.
Un moyen de consolider l’offre touristique
D'autres commerçants se montrent en accord avec le principe de la redevance pour les visiteurs. C'est le cas de Billy Bastien, propriétaire res‐ taurateur de la Buvette Thé‐ rèse qui applique la rede‐ vance.
Il reconnaît que la nouvelle ligne sur la facture suscite des questions, mais l’application du règlement municipal ne soulève pas de mécontente‐ ment de la part des clients, rapporte M. Bastien.
On a eu des questions, mais pas de grogne.
Billy Bastien, propriétaire restaurateur de la Bu‐ vette Thérèse
L'entrepreneur, nouvelle‐ ment installé à Percé, consi‐ dère que l'application d'une redevance touristique encou‐ ragera le développement de la destination.
On essaye d’attirer une clientèle touristique, de déve‐ lopper une destination, de la moderniser, de développer une offre touristique et des infrastructures modernes, il faut se donner les moyens de le faire tous ensemble et si ça passe par la redevance, ce se‐ ra ça, considère-t-il.
La Ville de Percé précise que les retombées de la rede‐ vance serviront à entretenir les infrastructures touris‐ tiques.
Elle annonce également une réduction des taxes mu‐ nicipales dans le cadre du budget 2023 en raison de l'im‐ position de la nouvelle rede‐ vance touristique.
D'après le reportage de Guillaume Whalen