L’autosuffisance alimentaire à 80 ans
Marthe Laverdière a connu un grand succès sur Face‐ book pour ses conseils de jardinage. Dans un petit coin reculé du Nord de l’Ontario, Alice Vendetta pourrait fort bien être sa mère tellement elle se dis‐ tingue aussi à sa manière par son franc-parler et ses conseils en horticulture.
Il y en a beaucoup qui me disent ''écris un livre, écris un livre''. Je ne peux pas perdre mon temps à écrire un livre, il y en a des dizaines de livres, dit Alice Vendette.
Son conseil pour ceux qui se sont découragés après un échec dans le jardin : Ça ne veut pas dire que tu n’es pas bon. Essaie une autre fois. Ça peut être la température.
C’est possible pour quel‐ qu’un qui veut, mais ce n’est pas tout le monde qui peut le faire. Il y en a qui ne l’ont pas [le pouce vert]. J’ai essayé de montrer à beaucoup de per‐ sonnes, puis il y a un de mes amis qui m’avait dit : ‘’Sur dix personnes à qui tu vas mon‐ trer quoi faire, il y en a une qui va réussir''.
Son guide 101 pour l’au‐ tosuffisance alimentaire
En attendant le livre [qui n’arrivera probablement ja‐ mais], Radio-Canada a prêté l’oreille aux conseils de cette légende vivante à Hearst.
J’ai été un an et demi sans aller à l’épicerie comme il faut.
Quand ils ont mis les masques obligatoires jusqu’à une semaine après qu’ils les aient enlevés, se vante-t-elle.
Avant que la terre arrête (presque) de tourner en mars 2020, l’octogénaire avait rem‐ pli ses armoires des produits essentiels comme les kleenex, le papier de toilette et le sa‐ von.
Le reste, elle s’est dé‐ brouillée avec ce qu’elle avait dans son jardin, une serre à tomates, une serre à légumes et son volarium.
Elle ne dirait pas que c’est de l’autosuffisance alimen‐ taire, c’est presque de l’auto‐ suffisance parce que complè‐ tement autosuffisant ça ne se peut pas. Il y a des choses qu’on ne fabrique pas à moins qu’on s’en passe complète‐ ment.
Je n’ai jamais réussi à faire pousser du sel et du poivre. Alice Vendette
Les bananes et les kiwis, on peut s’en passer parce que l’été je ramasse beaucoup de fruits sauvages qui se conservent et on peut très bien survivre avec ça quand on veut des fruits, mais quand on a la chance d’en avoir. Ils sont meilleurs, s’es‐ claffe-t-elle.
La viande, j’ai un miniabattoir pour tuer les ani‐ maux parce que je fais tout moi-même. J’ai été inspecteur de viande, précise-t-elle. Elle dispose de quatre congéla‐ teurs et ses trois réfrigéra‐ teurs.
Les autres installations, j’ai un déshydrateur pour déshy‐ drater, un autoclave pour faire mes conserves.
Alice Vendette fait ses pâtes alimentaires avec des courges spaghetti qu’elle fait pousser.
Les fruits et les légumes qui ont des défauts, elle les transforme pour faire entre autres son ketchup et son jus de tomate. Elle prépare aussi ses épices.
Ce n’est pas moi qui fais rouler l’économie, disons, blague-t-elle.
L’horticulture maladie
Le maire de Hearst, Roger Sigouin, lui a déjà dit qu’elle avait une maladie, puis c’était l’horticulture. Alice Vendette n’est pas insultée de cette re‐ marque. Elle croit qu’il a bien raison.
Quand arrive le temps des semences. Je n’ai pas d'affaires à regarder dans un calendrier, mon corps me le dit, puis je le fais. Je fais ça depuis que j’ai 11 ou 12 ans.
Alice Vendette
À 80 ans, elle est toujours à quatre pattes pour jardinier, se promenant en véhicule tout terrain pour faire le tour de son jardin. Il y a peut-être un peu de génétique là-de‐ dans. Ma grand-mère a jardi‐ né jusqu’à 98 ans.
Après sa sieste d’après dî‐ ner, elle raconte que, parfois, elle aimerait rester allongée, mais l’appel des plantes est trop fort.
Des fois, ça ne me le dit pas, mais je sais que mes plantes ont soif. Je suis obli‐ gée de me lever. Se pousser à travailler, je pense que c’est le secret : avoir un but. Tu n’as pas le temps d’être malade parce que tu as des choses à faire, philosophe-t-elle.
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