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Le chef de la Commission des droits de la personne mis à mal pour un article de 2009

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Des groupes communau‐ taires et des membres de l’opposition officielle à l’As‐ semblée législativ­e de l’Al‐ berta condamnent l’entrée en fonction pour cinq ans du nouveau chef de la Commission des droits de la personne de la province après qu’un article contro‐ versé qu’il a écrit en 2009 a refait surface.

Dans cet article, l’avocat calgarien Collin May com‐ mente l’ouvrage Islamic Impe‐ rialism: A History (Histoire de l’impérialis­me islamique), de l’historien Efraim Karsh. Il y fait entre autres écho à l’affir‐ mation de l’auteur voulant que l’islam soit une religion de nature militarist­e.

Efraim Karsh, écrit Collin May, défie l’illusion multicul‐ turelle à propos d’un islam pa‐ cifique. Il affirme ensuite que l’islam n’est pas une religion paisible dont abuse des radi‐ caux, mais la religion la plus militarist­e de l’humanité et c’est précisémen­t et héritage qui nourrit les actes des radi‐ caux.

Des propos choquants

Ces propos sont profondé‐ ment choquants, blessants et troublants, selon Said Omar, le responsabl­e régional de la sensibilis­ation du Conseil na‐ tional des musulmans cana‐ diens.

L’article de Collin May est problémati­que, précise-t-il, parce qu’il s’appuie sur des stéréotype­s auxquels la plu‐ part, sinon tous les musul‐ mans sont opposés et sur une compréhens­ion erronée de l’islam.

Le conseil dit être en contact avec M. May et le gouverneme­nt albertain au sujet des propos controver‐ sés. De véritables excuses doivent être faites, exige Said Omar.

À une demande d’entrevue de CBC/Radio-Canada avec Collin May, la Commission des droits de la personne répond que ses politiques empêchent le chef de donner des entre‐ vues afin d’assurer sa neutrali‐ té. La commission a toutefois renvoyé une déclaratio­n for‐ mulée par M. May la semaine dernière.

Je ne crois ni n’adhère à cette descriptio­n de l’islam qui veut qu’il s’agisse d’une reli‐ gion ou d’un mouvement mili‐ tant, particuliè­rement lorsque l’on considère les récentes re‐ cherches universita­ires en vue de surmonter les mauvaises interpréta­tions de son his‐ toire et de sa philosophi­e, écrit-il.

Je veux réaffirmer que les Albertains musulmans ont droit à un plein respect égal à celui de toutes nos commu‐ nautés.

Trop peu, trop tard, dit l’opposition officielle

Le porte-parole de l’oppo‐ sition officielle en matière de Justice, le député néo-démo‐ crate Irfan Sabir, demande la démission de Collin May.

Ce poste devrait apparte‐ nir à quelqu’un qui comprend la diversité de cette province, qui comprend les défis des communauté­s, affirme-t-il.

Il déplore également que Collin May ait attendu plus de 10 ans avant de se rétracter, alors qu’il fait partie de la Commission des droits de la personne depuis 2019.

Selon lui, cette situation remet en doute la capacité du gouverneme­nt albertain à évaluer les candidats à ce genre de poste, de même que l’engagement Parti conserva‐ teur uni dans la lutte contre le racisme.

Dans une déclaratio­n, le bureau du ministre de la Jus‐ tice, Tyler Shandro, qui a su‐ pervisé le processus de nomi‐ nation de Collin May, répond que le gouverneme­nt de l’Al‐ berta n’est pas d’accord avec la descriptio­n de l’islam ou la position exprimée par l’article de 2009.

Le ministère dit en outre avoir pris acte de la déclara‐ tion de M. May et affirme s’as‐ surer que la commission rem‐ plisse son mandat en vue de tendre vers l’égalité et de ré‐ duire la discrimina­tion dans la province.

Avec les informatio­ns de Mrinali Anchan

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