Des employeurs ravis de la qualité du travail de jeunes ados
Plusieurs employeurs se tournent vers les jeunes adolescents pour pallier le manque de personnel. Cer‐ tains commencent à tra‐ vailler dès l'âge de 12 ans. Bien qu'ils en soient à leur première expérience de travail, ces jeunes rendent de précieux services à leurs employeurs.
Alexandre Maltais a 16 ans. Il travaille à la Cantine des Na‐ vigateurs, à Sainte-Flavie, de‐ puis déjà trois étés.
À son arrivée à 13 ans, l'adolescent n'avait aucune expérience de travail. On lui a fait confiance et il est rapide‐ ment devenu indispensable. Il y a un bon personnel enca‐ drant, très chaleureux, ob‐ serve-t-il. C'est une bonne offre d'emploi pour l'été.
Cette cantine n’était pour‐ tant pas le premier choix d’Alexandre Maltais. J'avais pas prévu travailler ici, mais en arrivant, j'ai vu tous les produits frais, que c'était pas une cantine comme les autres, qu'il y avait des fruits de mer, que c'était vraiment de bonne qualité, puis je suis tombé sous le charme, ra‐ conte-t-il.
Alexandre n'est pas le seul jeune à travailler dans cette cantine. Trois des huit em‐ ployés ont moins de 16 ans.
Le dernier arrivé a 12 ans.
Les propriétaires du res‐ taurant n'ont jamais hésité à les engager. Les besoins étaient criants.
Extraordinaire! On a [dé‐ croché] le magot, on est chan‐ ceux là-dessus, quand on prend des jeunes, ils sont vrai‐ ment vaillants, estime le co‐ propriétaire de la cantine, Mit‐ chell Pelletier. Ils sont ca‐ pables de tout faire.
C’est la nouvelle généra‐ tion, c’est la relève. C’est eux qui vont nous sortir de la mi‐ sère, parce qu’ils veulent tra‐ vailler.
Mitchell Pelletier, copro‐ priétaire de la Cantine des Na‐ vigateurs
Selon M. Pelletier, l’école recommence trop tôt, une ré‐ crimination qui revient chaque été dans l’industrie touristique et de la restaura‐ tion.
La moitié du personnel a moins de 16 ans
Au restaurant Tim Hortons du boulevard Arthur-Buies, à Rimouski, la moitié du per‐ sonnel a moins de 16 ans. Du jamais vu pour le restaurant.
Selon la superviseure Joha‐ nie Côté, les candidatures sont quasi inexistantes. On a reçu un seul curriculum vitae de personnes de plus de 16 ans en trois ans, illustre-telle.
Elle aussi n'a que de bons mots pour les jeunes.
Des fois, c’est un petit peu plus long pour leur montrer, mais une fois qu’ils ont appris, c’est magnifique. Ils veulent vraiment apprendre.
Johanie Côté, superviseure dans un restaurant Tim Hor‐ tons
Elle mentionne qu’elle fait preuve de souplesse en assi‐ gnant les jeunes à des tâches où ils se sentent plus à l’aise. Les plus polyvalents ont la la‐ titude pour expérimenter di‐ vers domaines.
Puisque les candidatures se font rares, le recrutement se fait par bouche-à-oreille.
Lauralou Aucoin-Fortin en est un bon exemple. J'ai plu‐ sieurs amis qui travaillent ici avec moi, qui m'ont proposé de travailler ici ou à qui j'ai proposé de travailler avec moi, dit-elle. J'ai aussi de la fa‐ mille qui a travaillé pendant 9 ans ici.
Elle prévoit de continuer de travailler à temps partiel à l’automne.
Le recours aux jeunes devient monnaie courante
À la Chambre de com‐ merce Rimouski-Neigette, le président, Guillaume Sirois, confirme que le recours aux adolescents, déjà fréquent, deviendra monnaie courante.
Il estime que les jeunes peuvent aussi tirer profit de cette expérience.
[Les avantages se situent] autant au plan professionnel que personnel, fait-il valoir, autant [pour] développer [le côté] autonomie avec la clien‐ tèle que le travail d'équipe ou le travail manuel.
C’est vraiment de belles ex‐ périences qui vont les suivre toute leur vie, peu importe les choix de carrière qu'ils vou‐ dront faire pour la suite.
Guillaume Sirois, président de la Chambre de commerce Rimouski-Neigette
Pour lui, il est clair que les jeunes font partie de la solu‐ tion pour pallier la pénurie de personnel, pourvu qu'ils aient l'encadrement dont ils ont be‐ soin.
Si l'expérience s'avère valo‐ risante pour ces jeunes, les conditions varient selon les milieux de travail au Québec. Face à ce nouveau contexte et compte tenu du risque de décrochage scolaire, plusieurs experts réclament des chan‐ gements pour mieux enca‐ drer le travail des enfants.
D’après le reportage de Gabriel Paré-Asatoory
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