Un médecin de la N.-É. est contre l’attribution de points pour les ordonnances
Un médecin de Dart‐ mouth, en NouvelleÉcosse, pense que l'attribu‐ tion de points de fidélité pour les médicaments d’or‐ donnance pourrait entraî‐ ner une mauvaise utilisa‐ tion du système d'assu‐ rance-médicaments.
Je pense que vous devez supprimer toute récompense financière pour avoir une or‐ donnance
Dr Chris Ozere, médecin de famille depuis plus de 25 ans dans le nord de Dartmouth
Le Dr Chris Ozere dit qu’il a changé d’avis sur la question après avoir entendu une his‐ toire au sujet d'une mauvaise utilisation des ordonnances.
Il a entendu dire que des gens se partageaient du sang pour contracter l’hépatite C. Une fois infectés, ils peuvent se tourner vers le gouverne‐ ment pour payer le traite‐ ment.
Les prescriptions pour le traitement sont apportées à une pharmacie où des points de fidélité peuvent être ga‐ gnés. Les points peuvent être convertis en choses qui peuvent être échangées et utilisées .
Ce n'est qu'une histoire, admet le Dr Ozere mais il pense qu’elle est crédible.
Si vous êtes un consom‐ mateur de drogues intravei‐ neuses et que vous avez désespérément besoin d'ar‐ gent, c'est, je pense, une ma‐ nière qu'ils ont trouvée pour en faire, dit-il.
Un traitement de trois mois contre l'hépatite C en Nouvelle-Écosse peut coûter 60 000 $. Et 60 000 $ de médi‐ cament se traduisent par exemple par 900 $ en crédits de fidélité Optimum dans les Pharmaprix.
Mais l'hépatite C est une maladie très grave, précise le Dr Ozere.
Et le traitement ne fonc‐ tionne pas pour tout le monde.
Une hépatite C non traitée peut entraîner un cancer du foie ou une insuffisance hépa‐ tique.
Même si on ne sait pas vraiment si des gens ont contracté l’hépatite C pour des points, la possibilité que cela se produise a changé la vision du Dr Ozere sur les pro‐ grammes de fidélisation en pharmacie.
La province navigue à contre-courant
La Nouvelle-Écosse est l'une des dernières provinces du Canada à l'autoriser.
La Colombie-Britannique, l’Alberta, l’Ontario, le Québec,
l’Île-du-Prince-Édouard ainsi que Terre-Neuve-et-Labrador ont déjà interdit les incitatifs aux consommateurs sur or‐ donnance.
Le mois dernier, les phar‐ maciens du Nouveau-Bruns‐ wick ont aussi voté pour l'éli‐ mination des points de fidéli‐ té pour les ordonnances, à cause de la possibilité de conflits d’intérêts avec les pharmaciens qui remplissent eux-mêmes les ordonnances.
L'Ordre des pharmaciens de la Nouvelle-Écosse s'est penché sur cette question il y a neuf ans et a décidé que les récompenses sur ordonnance pouvaient rester
La registraire de l'Ordre, Beverly Zwicker ne tient pas à rouvrir le débat malgré les préoccupations du Dr Ozere.
L’Ordre s'est engagé à prendre des décisions fon‐ dées sur des preuves, dit-elle dans un courriel.
Nous veillons à ne pas trop réglementer et nous pro‐ cédons avec prudence lors‐ qu'il y a peu de preuves pour soutenir une intervention ré‐ glementaire.
Le ministère de la Santé et du Mieux-être de la NouvelleÉcosse s'en remet aux phar‐ maciens.
Mais Dr Chris Ozere s’in‐ quiète. Il pense aussi que per‐ mettre d'accumuler des points sur ordonance ouvre la porte à toutes sortes de fraudes. Par exemple, des pa‐ tients pourraient faire pres‐ sion pour obtenir des médica‐ ments plus chers pour aug‐ menter leurs points.
Ce n'est pas eux le pro‐ blème, dit-il. Le problème c’est que l'incitation financière est là pour demander des médi‐ caments d'ordonnance plus coûteux.
Avec les informations de Jack Jullian de CBC