Le Parlement fédéral envisage de recourir à des d’interprètes sans accréditation
Un projet pilote du gouver‐ nement fédéral faisant usage d’interprètes sans accréditation préoccupe des traducteurs du Parle‐ ment. Cette pratique nuira au bilinguisme de l’institu‐ tion, selon l’Association in‐ ternationale des inter‐ prètes de conférence au Canada.
Le projet pilote a été auto‐ risé sans fanfare lors d’une réunion du Bureau de régie interne le 19 mai.
Le Bureau autorise l’Admi‐ nistration à avoir recours à des services d’interprétation externes ou à distance en complément des services ac‐ tuellement offerts par le Bu‐ reau de la traduction, avec une préférence pour le re‐ cours aux employés du Bu‐ reau de la traduction et aux pigistes lorsqu'ils sont dispo‐ nibles, dans le cadre d’un pro‐ jet pilote d’une durée maxi‐ male de six mois, indique le procès-verbal de la réunion.
Un rapport provisoire sur le projet doit être présenté d’ici septembre et les sys‐ tèmes mis en oeuvre [doivent respecter] les normes de qua‐ lité actuellement en vigueur, toujours selon le procès-ver‐ bal.
Un courriel de la directrice adjointe de l’Interprétation en langues officielles au Bureau de la traduction, Karine Doi‐ ron, et obtenu par Radio-Ca‐ nada fait directement réfé‐ rence à des pigistes non ac‐ crédités en ce qui concerne ce projet pilote.
Le but du projet est de tenter de répondre à la pénu‐ rie d’interprètes au parle‐ ment. Or, selon la représen‐ tante de l’Association interna‐ tionale des interprètes de conférence au Canada Nicole Gagnon, il vient plutôt mena‐ cer la qualité des services d’in‐ terprétation.
C’est une situation sans précédent qui se fait dans le plus grand secret […] Le plus inquiétant de tout ça, c’est que cela va à l’encontre du bi‐ linguisme de qualité, soutient l’interprète indépendante de longue date.
Ce qui nous préoccupe avec le projet pilote, c’est que c’est, très souvent, annoncia‐ teur de nouvelles façons de faire.
Nicole Gagnon, représen‐ tante de l’Association interna‐ tionale des interprètes de conférence au Canada
Depuis la création du Bu‐ reau de la traduction, pour‐ suit-elle, les interprètes doivent se présenter à leur examen, l’examen est offert par le Bureau de traduction du gouvernement fédéral et il faut le réussir pour être accré‐ dité par le gouvernement fé‐ déral et ainsi travailler pour lui .
Ce n’est pas en diluant, en éliminant les normes de quali‐ té, que l’on va accroître la ca‐ pacité interprétante au Bu‐ reau de la traduction, lance Mme Gagnon.
Le [Bureau de régie in‐ terne] cache bien son jeu parce que nulle part est-il dit : "interprète non accrédité", en toutes lettres, ajoute-t-elle.
L’Association internatio‐ nale des interprètes de confé‐ rence au Canada a réclamé une rencontre avec le pré‐ sident du comité, qui est aussi président de la Chambre des communes, Anthony Rota.
Celui-ci n’était pas en me‐ sure de rencontrer l’associa‐ tion, mais il affirme dans une lettre affirme qu’il n’a pas d’in‐ formation supplémentaire à fournir au sujet de ce projet, vu qu’il en est à ses débuts.
Radio-Canada a envoyé une demande de commen‐ taire à Services publics et Ap‐ provisionnement Canada, qui est responsable du Bureau de traduction.