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Pénurie de main-d’oeuvre : des services de transport et de santé réduits à Kingston

- Mirna Djukic

À compter de mercredi, le centre de soins d’urgence de l’Hôtel Dieu de Kingston ne pourra recevoir que 120 patients ou moins par jour. De plus, la fréquence de quatre de ses trajets d’autobus sera temporaire‐ ment réduite de moitié.

Le maire de Kingston et le directeur médical des services d’urgence de l'hôpital ont tous deux expliqué qu’il n’y avait simplement plus assez de personnel pour maintenir le niveau de service habituel.

Le maire de Kingston, Bryan Paterson, dit que la pé‐ nurie se fait sentir dans tous les secteurs, publics comme privés, de la municipali­té.

C’est le problème écono‐ mique le plus important pour la Ville en ce moment, assuret-il.

Dans les magasins, les res‐ taurants, ou d’autres lieux, il faut attendre beaucoup. [...] Toutes les activités de la vie normale sont plus compli‐ quées et prennent plus de temps.

Le manque de chauffeurs d’autobus a mené la Ville à ré‐ duire son service de transport à partir de jeudi. Les trajets d’autobus 4, 11, 12 et 15 se‐ ront desservis chaque heure, plutôt que chaque demiheure, du lundi au samedi.

Moins de patients ac‐ ceptés

Dès mercredi, le nombre de patients qui seront accep‐ tés quotidienn­ement au centre de soins d’urgence de l’Hôtel Dieu de Kingston sera limité à 120.

Le plafond sera un nombre flottant, en fonction du personnel disponible, du moment de la journée, de la complexité des cas, de la lon‐ gueur du temps d’attente et de la situation aux urgences de l’Hôpital général de King‐ ston, précise Tim Chaplin, di‐ recteur médical des services d’urgence du KHSC.

Le service d’urgence ferme normalemen­t à 20 h. Le Dr Chaplin estime que le maximum de 120 patients est généraleme­nt dépassé deux ou trois fois par semaine, gé‐ néralement après 17 h.

Le médecin-chef du KHSC, le Dr Michael Fitzpatric­k, re‐ connaît que les fermetures précoces qui arriveront quelques fois par semaine causeront des inconvénie­nts à certains membres de la communauté.

Nous avons épuisé toutes les autres options, assure-t-il cependant dans un communi‐ qué.

Les patients qui ne seront pas admis seront encouragés à utiliser d’autres services, comme des médecins de fa‐ mille ou des cliniques commu‐ nautaires, si leur problème n’est pas trop urgent.

L’urgence de l’Hôpital gé‐ néral de Kingston restera par ailleurs ouverte 24 heures sur 24.

Le Dr Chaplin espère que les services à l'Hôtel Dieu re‐ viendront à la normale vers la fin de l'année. Il estime qu'il faudrait cependant embau‐ cher cinq ou six médecins et de nombreuses infirmière­s supplément­aires.

Des villes prospères plus vulnérable­s

David Gray, professeur en sciences économique­s à l’Uni‐ versité d’Ottawa, souligne que la pénurie de main-d'oeuvre est mondiale en ce moment.

D’une part, parce que la re‐ lance économique a été plus rapide que quiconque s’y at‐ tendait, dit-il.

De l’autre, l’offre de travail a été choquée par la pandé‐ mie. Il y a plus de retraites et plus de démissions que d'ha‐ bitude.

L'économiste souligne ce‐ pendant que paradoxale‐ ment, des villes relativeme­nt prospères comme Kingston peuvent y être plus vulné‐ rables.

D’habitude le taux de chô‐ mage n’est pas très élevé, donc ça peut être logique, ajoute-t-il.

Il croit par ailleurs que le secteur de la santé ontarien a de graves problèmes de ré‐ tention de personnel qui ne s’expliquent pas totalement par le contexte économique mondial.

D’ailleurs l’Hôtel Dieu s’ajoute cette semaine à une longue liste d'établissem­ents qui ont récemment dû ré‐ duire ou interrompr­e leurs services d'urgence par manque d’employés.

Le gouverneme­nt provin‐ cial assure de son côté qu’il in‐ vestira des millions de dollars pour recruter de nouveaux travailleu­rs de la santé dans les prochaines années. Il af‐ firme qu’il a déjà ajouté quelque 10 000 employés au réseau depuis le début de la pandémie.

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