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Des ados de passage au CHUM cet été pour découvrir le milieu médical

- Philippe-Antoine Saulnier

Avec leurs sarraus blancs brodés à leur nom, Laeti‐ cia, Emma et Maïssane res‐ semblent à des étudiantes en médecine. Elles écoutent attentivem­ent un inhalothér­apeute leur expliquer les rudiments de la laryngosco­pie et de l'in‐ tubation. Mais leurs espa‐ drilles et leurs jeans tra‐ hissent leur âge : ces parti‐ cipantes à l'Académie d'été du CHUM ont entre 14 et 17 ans.

Pour la première fois de‐ puis le début de la pandémie de la COVID-19, le Centre hos‐ pitalier de l'Université de Montréal (CHUM) accueille de nouveau une soixantain­e d'adolescent­s à l'Académie. Pendant une semaine, ils as‐ sistent à des ateliers pra‐ tiques, suivent des profes‐ sionnels de la santé dans leur travail, et ont un accès privilé‐ gié à certaines zones de l'hô‐ pital.

J'ai été chanceuse, ce ma‐ tin j'ai été initiée au bloc opé‐ ratoire, raconte Laeticia. Je suis entrée, c'était une opéra‐ tion pour le coeur. Moi qui veux peut-être aller en cardio‐ logie, de voir un chirurgien cardiaque travailler avec toutes les infirmière­s, c'était vraiment intéressan­t.

L'objectif de l'Académie est d'inciter de futurs profession‐ nels de la santé à choisir une carrière au CHUM, dans un contexte où la maind'oeuvre se fait rare dans plu‐ sieurs domaines.

La littératur­e le démontre : des pratiques immersives contribuen­t à mobiliser les jeunes rapidement, dans le domaine de la santé.

Sylvie Spérano, directrice adjointe à la Direction de l'en‐ seignement et de l'Académie du CHUM

On voulait agir de façon ra‐ pide et précoce pour créer cette relève en santé, ajoutet-elle.

Dès sa première journée à l'Académie, Yamina a pu ob‐ server le travail de profession‐ nels en psychiatri­e. On en a vu de toutes les couleurs, ditelle. C'est une facette de la médecine que je n'avais ja‐ mais vue. J'ai appris beaucoup de choses. Beaucoup de pré‐ jugés sont aussi tombés.

Écoutez le reportage de Philippe-Antoine Saulnier à l'émission Le 15-18.

Parmi les 30 participan­ts de la première cohorte, qui sont au CHUM cette semaine, figurent à peine quatre gar‐ çons. La plupart de ces ados ont déjà l'objectif d'étudier en médecine, mais la direction du CHUM insiste : l'Académie vise à les mettre en contact avec toutes sortes de profes‐ sionnels: infirmière­s, nutri‐ tionnistes, pharmacien­s, cher‐ cheurs, travailleu­rs sociaux.

Au cours de l'un des ate‐ liers, les participan­ts ont pu manier les instrument­s d'intu‐ bation sur des mannequins, sous la supervisio­n d'un inha‐ lothérapeu­te. Dans un autre, une infirmière leur a montré comment faire une prise de sang sur un bras artificiel.

Souvent, ce genre de stages là, c'est pour des étu‐ diants à l'université, explique Camille Petit, une ex-académi‐ cienne qui a collaboré à mon‐ ter le programme de cet été. À un tout jeune âge, on a accès à tellement d'informatio­ns et d'expérience­s, pour être ca‐ pable de prendre une déci‐ sion éclairée et de se diriger dans le milieu de la santé.

Au cours des deux pre‐ mières éditions de l'Académie, en 2018 et en 2019, la grande majorité des participan­ts étaient issus de collèges pri‐ vés. Des efforts ont toutefois été faits pour élargir le bassin de recrutemen­t, ce qui a per‐ mis de trouver 40 % des parti‐ cipants de cette année dans les écoles publiques et des mi‐ lieux défavorisé­s.

Ce qui fait vraiment la dif‐ férence dans la sélection du candidat, c'est vraiment sa lettre de motivation, explique Sylvie Spérano. Comment le candidat se distingue en termes d'intérêt (pour) une carrière en santé, et une touche d'originalit­é qui peut s'ajouter.

Si l'Académie d'été dure une semaine complète pour chacune des deux cohortes, d'autres adolescent­s peuvent passer plus de temps au CHUM au cours de la belle sai‐ son. Une cinquantai­ne de jeunes bénévoles, âgés eux aussi de 14 à 17 ans, parti‐ cipent au programme d'im‐ mersion en milieu hospitalie­r.

On se promène sur les étages, on visite les patients. On discute, on parle, ils nous confient des choses et on es‐ saie de les aider à travers tout ce qui leur arrive, raconte Nu‐ shin, qui vient de terminer son secondaire.

Avant, j'étais vraiment gê‐ née et ça m'a permis de déve‐ lopper ce type de relations. Être ouvert et à l'écoute des autres. Je trouve que c'est une compétence qu'il faudrait avoir, pour plus tard.

Nushin, participan­te au programme d'immersion

Moi, il y a un monsieur que je vais voir et qui peut parler pendant cinq heures!, confie Marianne au sujet d'un pa‐ tient du CHUM. De voir sa vi‐ sion en tant que patient, sur la façon dont il (aime) être traité, et qu'on lui parle, c'est vraiment enrichissa­nt. Tu vois l'autre côté de la médaille, tu essaies de comprendre com‐ ment les patients se sentent.

Ce programme d'immer‐ sion vise justement à per‐ mettre aux jeunes d'entrer en contact étroit avec la clientèle, explique Olivier Nguyen, un ancien participan­t à l'Acadé‐ mie du CHUM, aujourd'hui étudiant en médecine et res‐ ponsable de ce programme de bénévolat. C'est une op‐ portunité rare d'être exposé, à un si jeune âge, à la notion de relation thérapeuti­que avec les patients. Développer cette compétence d'empathie dès le début, car celle-ci va nous amener très loin, peu importe le domaine que l'on choisit.

Pour le moment, Ma‐ rianne, 16 ans, n'a pas encore décidé dans quelle discipline elle étudiera, mais elle sou‐ haite faire carrière dans le do‐ maine de la santé. Pour Nu‐ shin, c'est clair. Elle désire de‐ venir médecin et travailler au CHUM.

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