Plus de 1000 prélèvements sanguins à l’hôpital Pierre-Le Gardeur auraient été « jetés »
Quelque 1700 prélève‐ ments sanguins de pa‐ tients diabétiques ont été détruits à l'Hôpital PierreLe Gardeur puisqu’ils n’ont pas pu être analysés à temps, dénonce par com‐ muniqué l'Alliance du per‐ sonnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS).
De son côté, le CISSS de Laval, qui dirige les labora‐ toires Optilab de Lanaudière, parle plutôt de 1266 échan‐ tillons qui auraient été dé‐ truits entre la fin juin et le dé‐ but juillet.
Radio-Canada a tenté de clarifier les informations, mais les deux partis maintiennent leur position.
Selon le CISSS de Laval, l'appareil qui sert à l'analyse de dosage d’hémoglobine qu’utilise le laboratoire de l'Hôpital Pierre-Le Gardeur, a brisé le 28 juin et n'a été remis en fonction que quelques jours plus tard.
Étant donné que l'hôpital ne possède qu'une seule ma‐ chine pour ce type d'analyse, un retard s'est accumulé et Optilab [...] n’a eu d’autre choix que de détruire les spé‐ cimens dépassant les délais recommandés de sept jours, détaille le CISSS de Laval.
Les échantillons sanguins qui ont été détruits ont été prélevés dans le cadre de sui‐ vis concernant l'état de santé de personne souffrant du dia‐ bète. Les quelque 1000 La‐ naudois touchés devront faire à nouveau des prises de sang. Une situation inadmissible surtout en pleine période de vacances, pense Martin La‐ vigne.
Selon Maude Fréchette, porte-parole de l'APTS pour Lanaudière, les échantillons détruits avaient été prélevés il y a plus de dix jours.
Le CISSS de Laval est en mode gestion de crise; nos membres ont des yeux et des oreilles et sont directement sur le terrain. Ce que je trouve désolant dans cette réponse [...], c’est qu’il faut encore une fois que la santé du public la‐ naudois soit touchée directe‐ ment pour que le CISSS ré‐ agisse, a déclaré, par courriel, Martin Lavigne, président de l’APTS Lanaudière labora‐ toires.
Le syndicat lance un avertissement
Puisque l'Hôpital Pierre-Le Gardeur ne possède qu'une seule machine, il y a des risques qu’une telle situation se produise de nouveau, s'in‐ quiète l’APTS.
Le CISSS de Laval dit avoir mis sur pied un plan de contingence pour éviter un autre scénario similaire. Adve‐ nant un bris futur, les échan‐ tillons pourront être envoyés à d'autres laboratoires Opti‐ lab sous sa supervision dans les régions de Laval, de La‐ naudière ou les Laurentides.
Or, le bris de la machine n'est pas l'unique raison de la situation actuelle, selon l'APTS.
Chaque jour, il entre plus de demandes d'analyses que cet appareil et le personnel sont capables de traiter. C'est un miracle que cette situation ne soit pas récurrente.
Maude Fréchette, rempla‐ çante à titre de représentante nationale de l'APTS pour La‐ naudière
La pénurie de personnel dans les laboratoires du Qué‐ bec, accentuée en partie par la centralisation des labora‐ toires biomédicaux instaurée par le gouvernement provin‐ cial en 2017, expliquent aussi la situation selon Martin La‐ vigne.
Le projet de réorganisa‐ tion des laboratoires de biolo‐ gie médicale, appelé Optilab, a changé l’organisation de l’ana‐ lyse des prélèvements de fa‐ çon à ce que la majorité des échantillons soient acheminés à un seul hôpital pour chaque CISSS ou CIUSSS.
Il a été instauré sous le gouvernement de Philippe Couillard alors à la tête Qué‐ bec. Mais alors que le projet promettait d’optimiser le ren‐ dement sans avoir à embau‐ cher plus de personnel, Opti‐ lab n’est une illusion d'optimi‐ sation puisqu'il coupe dans les services de proximité, se‐ lon Martin Lavigne.
Le syndicat demande au gouvernement d’agir rapide‐ ment et de faire marche ar‐ rière sur la centralisation des laboratoires.
Christian Dubé doit se pencher sur la situation au plus vite et nous aider à endi‐ guer la pénurie de maind'oeuvre dans les laboratoires. Il doit favoriser la relève, tout comme la rétention du per‐ sonnel, ainsi que favoriser l'at‐ traction de technologistes et de techniciens en région, sou‐ tient la vice-présidente de l’APTS, Sandra Étienne.